Emilie Chazerand / La fourmi rouge

Par Ninie W. @ninie067
La fourmi rouge 6 étoiles

Vania Strudel a 15 ans, un œil qui part en vrille et une vie qui prend à peu près la même direction. Pour elle, c'est clair : l'existence est une succession de vacheries, et elle est condamnée à n'être personne. Une fourmi parmi d'autres.
Mais un soir, elle reçoit un mail anonyme, qui lui explique en détail que non, elle n'est pas une banale fourmi noire sans aspérités. Elle serait même plutôt du genre vive, colorée, piquante !
Du genre fourmi rouge...

Avis de TeaCup :

Je tiens à remercier les éditions J'ai lu pour l'envoi de ce SP.

Bon j'en avais entendu parler, je n'avais pas pris le temps de le lire et, indubitablement, c'est un coup de cœur ! J'ai trouvé l'écriture excellente, je suis à peu près de la même génération que l'auteure donc beaucoup des références m'ont parlé, comme le langage, etc. sans que je me dise que c'était totalement hors de propos pour du YA. Ce qui arrive, j'ai raté des coups de cœur en me disant que les personnages parlaient avec les références, selon l'époque plus de l'auteur que des personnages réels et là il y a certes quelque passage où j'ai eu plus de difficultés à visualiser une ado si cultivée, au final, avec tant de réparties... mais on y croit si. Parce que pourquoi pas, c'est aussi un a priori sur les ados de les voir à moitié incultes.

En gros dans ce roman il n'y a vraiment pas une folle action. Mais il y a des personnages, et quels personnages ! Haut en couleur, crédibles, attachants. Une héroïne qui geint énormément, mais qu'on prend quand même en sympathie parce qu'elle vit quelques beaux moments de solitude. Elle a des amis adorables dont chacun a une vraie histoire - à part peut-être Victoire, que j'ai trouvé très en retrait.

On aborde des thèmes forts dans ce roman, comme la différence, la mise à l'écart, la famille, le rôle des parents, le handicap, même, car le syndrome dont souffre la meilleure amie de l'héroïne en devient un genre de handicap social, qui la tient à l'écart (décidément j'ai regretté de ne pas la voir plus !).

Dans les personnages il y a de tout : du papi, la voisine célibataire qui se cherche, des ados en marge, une mère fantôme... franchement c'est très bien étudié et on découvre le monde de Vania par ses yeux à la fois tendre et tellement cynique. Du pur cynisme... d'ado, mais pas que. Tous les personnages sont incisifs et jouent leur rôle.

Si le fameux " corbeau " de la lettre fourmi rouge m'a semblé plus un prétexte que le fond réel du bouquin, j'ai adoré voir l'évolution de Vania, suivre ses délires, ses réflexions. Il y a des phrases magnifiques dans ce roman qu'on a envie de relire. Non, franchement, je ne sais pas si ça plairait à tous les ados de la terre, mais personnellement j'ai passé un très très bon moment. Mention spéciale au papa, tellement présent et en même temps largué ce qui le rend super réaliste. Et vu la " ouafture " ou les cadavres empaillés, on ne partait pas gagnant pour que ça fasse très " crédible ". Mais si. Il fait des bourdes, il se renseigne sur son ado de fille et y va parfois avec des sabots énormes - contraception, règles... pourtant leur petit îlot à tous les deux est tellement touchant.

Un roman que j'ai adoré, le ton, l'humour, la galerie de personnages... tout dans ce roman tape juste et fort.

- Et je ne t'ai pas annoncé le plus fou : en dessert, il y a de la glace à la pistache ! - À la pistache ?! Avec des vrais éclats de vraie pistache ? - Hé OUAIS, ma petite fille ! Alors : c'est qui ton héros ? - Pffffff... Je déteste quand il dit ça, sur ce ton délibérément suffisant et vantard. Pour autant, c'est vrai. Parce que le héros n'est pas forcément celui qui se bat, triomphe et récolte gloire et lauriers. Parfois, le héros, c'est juste celui qui choisit de rester.

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