Les roses de la nuit - Arnaldur Indridason

Par Stéphanie @Stemilou

Présentation
La vengeance des victimes.
Elle est condamnée, il l'aime, elle l'entraîne dans sa vengeance mortelle.

A la sortie d'un bal, un couple pressé se réfugie dans le vieux cimetière, mais au cours de leurs ébats la jeune femme voit un cadavre sur une tombe et aperçoit une silhouette qui s'éloigne. Elle appelle la police tandis que son compagnon, lui, file en vitesse. Le commissaire Erlendur et son adjoint Sigurdur Oli arrivent sur les lieux pour découvrir la très jeune morte abandonnée sur la tombe fleurie d'un grand homme politique originaire des fjords de l'Ouest.
La victime a 16 ans, personne ne la connaît, elle se droguait. Erlendur questionne sa fille Eva Lind, qui connaît bien les milieux de la drogue pour en dépendre. Elle lui fournit des informations précieuses et gênantes à entendre pour un père. Il s'intéresse aussi à la tombe du héros national et va dans les fjords de l'Ouest où il découvre une amitié enfantine et une situation sociale alarmante. La vente des droits de pêche a créé un grand chômage et une émigration intérieure massive vers Reykjavík, dont les alentours se couvrent d'immeubles modernes pour loger les nouveaux arrivants. Sigurdur Oli, lui, s'intéresse plutôt à la jeune femme qui les a appelés.
Le parrain de la drogue, vieux rocker américanisé et proxénète, est enlevé au moment où la police révèle ses relations avec un promoteur immobilier amateur de très jeunes femmes. Pendant ce temps, contre toute déontologie, Sigurdur Oli tombe amoureux de son témoin.

Avis
La présentation de l'éditeur résume parfaitement l'histoire, ce roman n'est pas un nouvel écrit de cet auteur islandais que j'affectionne mais fait partie de ses premiers puisqu'il a été conçu juste avantLa cité des jarres.
Nous retrouvons notre commissaire Erlendur qui sera de nouveau mis face à ses problèmes familiaux, plus particulièrement avec sa fille vers qui il va se tourner afin d'obtenir des informations sur le monde de la drogue et du proxénétisme. En équipe avec Sigurdur Oli qui représente tout le contraire: célibataire et sans attaches plus enclin à s'émanciper de ses origines islandaises qu'à en faire la promotion.

Dans ce nouvel opus, le cadavre d'une jeune fille est retrouvé sur la tombe du héraut de l'indépendance, elle se révèle avoir été une habituée de la drogue et de la prostitution malgré son très jeune âge. De nombreuses piste mènent vers Herbert un grand dealer de Reykjavík également proxénète qui aurait fait son trou grâce aux appuis d'un ami d'enfance devenu grand promoteur immobilier qui lui même arrive à obtenir des permis de construire grâce aux talents des poupées d'Herbert. Erlendur trouvera l'identité de cette jeune fille en se rendant dans les fjords de l'Ouest où une autre réalité se joue, la désertification fait son oeuvre et avec elle la vente étrange de tous les quotas de pêche à la même société.

Comme à son habitude l'auteur donne un aperçu d'une réalité de son île, un côté historique avec les répercussions dans le présent, mais toujours ce côté sombre autour des jeunes islandais. Détresse des pêcheurs des fjords, dénuement des jeunes, drogue, prostitution, misère, toute cette part d'ombre face aux éclats du paysage. J'aime beaucoup ce décalage dans les romans d'Arnaldur Indridason, de plus avec son personnage torturé le récit plonge un peu plus le lecteur dans la désolation de vie détruite. Rien n'est beau encore plus dans cet opus où la jeunesse de Reykjavík semble complètement perdue.

Encore une enquête percutante même si le début est un peu embrouillé, le déroulement du récit semble prendre plusieurs directions sans que cela soit bien précisé. L'intrigue prend également plusieurs chemins mais heureusement tout se recoupe toujours à la fin. Le dénouement n'est pas extraordinaire (j'ai déjà vu bien mieux dans ses romans) mais l'auteur livre tout de même un récit poignant et révoltant sur le naufrage d'une île.