Enchantement – Orson Scott Card

Par Cpmonstre

Hola affutés amis ! Mimine, confite sous un plaid avec Marvin, sa super bouillotte, a enfin décidé qu'il était grand temps de vous causer des bouquins qui dégueulent de sa besace, là comme ça, en détente des panards dans les chaussettes de Noël.

Parce qu'on va pas tortiller sur trente mille décimètres, y a qu'il faut que je vous dise à quel point j'ai kiffé de la kiffance ma lecture fabuleuse de fin d'octobre pour le Hold My SFFF Challenge, lue pendant mes vacances au bord de la mer (confite sous un plaid) (décidément c'est une marotte).

Enchantement

de

Orson Scott Card

Un jeune garçon ukrainien prénommé Ivan (qui tente d'échapper à l'URSS avec ses parents pour fuir vers les Etats-Unis), tombe sur une belle princesse endormie du IXe siècle, sous la coupe d'une malédiction de la terrible Baba Yaga qui veut lui chourrer son royaume.

Et... oui il va tenter de la réveiller.

Et oui, il va être dans les emmerdes jusqu'aux oreilles. Pour notre plus grand plaisir.

Oui, mon brave Patrick qui ne vit que dans ma tête.

On va pas s'mentir, la réécriture d'un conte ultra connu (ici vous aurez reconnu la Belle au bois dormant, sinon je me fais du souci pour vous), c'est un exercice, au demeurant facile à première jet de pierres, mais en fait assez casse-gueule : c'est qu'on est souvent pas loin de l'emplâtrage de poncifs et de déjà-vu à tir larigot.

Mais quand on s'appelle Orson Scott Card et que donc on a du talent sous le talon, eh bien ça devient vite

super

chouette.

Avec un sens de l'humour, de l'épique et de l'érudition parfaitement savoureux, Tonton Orson nous fait prendre notre pied sur quelque 500 pages sans qu'on ait vu passer l'heure tournée. A peu de choses près (mais on va y revenir, t'inquiète copain).

Et puis, c'est drôle.

Oui oui. Tout à fait.

O. S. Card manie le ton du burlesque et du décalage avec un plaisir communicatif. A l'image de cette princesse qui, au réveil, se révèle vite une nana à poigne, désespérée et exaspérée face à un maigre cornichon (notre Ivan) qui n'a jamais tenu une épée de sa vie et qui est bien loin de l'image du chevalier en armure des contes de fée.

Et franchement, les interactions entre les deux cocos sont ce qu'il y a de plus drôles et délicieux, l'auteur jouant à merveille à mettre côte à côte deux cultures aux antipodes, séparées l'une de l'autre d'un millénaire.

C'est d'ailleurs la partie du roman que j'ai préféré, celle qui se déroule au IXe siècle. C'est en plus la chouette occasion pour qu'on parle de l'essor du christianisme sur ces contrées où les légendes et les croyances polythéistes ritualisaient le quotidien des gens et donc, de la perte de la " magie " petit à petit à mesure que le monde se modernisait. Et c'est carrément passionnant !

Ce qui l'est moins, (on va mettre le petit " ola " sur l'enthousiasme général du coup), c'est la seconde moitié de l'œuvre qui m'a paru un poil redondante et moins intrigante, avec des personnages manichéens et franchement pas terribles... (coucou personnage de l'ex-copine névrosée complètement foiré et pas du tout subtil qui nous pètent les ovaires parce que " INTRIGUE ").

Et c'est sur ce point-là que je me suis dit :

Orson Scott Card, Stephen King = cousinade

On retrouve dans Enchantement l'amour de la digression, d'arcs narratifs fumés au gazon, mais aussi une certaine tendresse pour la noblesse de cœur et la candeur de certains personnages, le héros Ivan étant une assez jolie réussite dans le genre " héros pas comme les autres ".

Bref.

Le " merveilleux " du conte m'a enchantée, comme promis. Si vous cherchez de la réécriture de conte pas con et franchement entraînante, je ne peux que vous le conseiller, vous taperez dans quelque chose de sacrément super.