L'hirondelle des Andes - Michel Torrekens

Publié le 24 novembre 2019 par Nathalie Vanhauwaert


ZelligeCollection Vents du NordParution : octobre 2019Pages : 208Isbn : 9792914773911Prix : 20 €
Présentation de  l'éditeur
À la suite du décès de son père, «Monsieur Jean», Pauline prend une décision radicale : tourner le dos à une carrière enviable et partir au Pérou où sa mère a disparu dans des circonstances troubles lors d’une mission humanitaire.
Elle atterrit à Lima et découvre la violence due à l’immense pauvreté des bidonvilles de la capitale. Comme sa mère avant elle, elle rencontre des femmes qui ont décidé de se battre pour sortir de cette misère. À leur contact, ses repères et valeurs changent peu à peu. Elle vibre également à sa vie de femme épanouie avec un archéologue qui l’initie à la vieille culture Mochica.
Elle n’en oublie pas pour autant sa quête familiale et part sur les traces de sa mère, avec comme guide Lucia, jeune Péruvienne pleine de vivacité. D’abord à Cerro de Pasco, la plus haute ville minière au monde, puis à Cuzco, l’ancienne capitale Inca. Sur sa route, Pauline croise de nombreux personnages hauts en couleur et assemble pas à pas les pièces d’un puzzle incomplet. Ce qu’elle découvrira ne correspondra à aucun des scénarios qu’elle avait imaginés.
“Un voyage initiatique
dans les montagnes péruviennes...”
Voyage initiatique, sierra movie, enquête dans les montagnes péruviennes, L’hirondelle des Andes invite le lecteur à découvrir une culture millénaire, à plonger dans un monde contrasté entre paysages époustouflants et réalités urbaines dérangeantes.

Cerro de Pasco  photo Jean-Claude Gerez
 
  Lima
L'auteur


Photo Zellige éditions
Né à Gembloux où il vit, Michel Torrekens est journaliste et auteur.  Il publie régulièrement dans "Le carnet et les instants", revue présentant en autres le monde littéraire belge.
Bibliographie :
L'herbe qui souffre, Mémor, Bruxelles, 1997
Foetus fait la tête, L'Age d'Homme, Lausanne, 2001
Le géranium de Monsieur Jean, roman, coll. Vents du Nord, Zellige, 2012
Papas, nouvelles , coll.  Vents du Nord , Zellige, 2016
Il a obtenu le Prix Saga Café du meilleur premier roman francophone qui récompense un premier roman francophone.

Cuzco                                                                       
Mon avis

Dans "Le géranium de Monsieur Jean" - premier roman de Michel Torrekens, prix saga café et immense coup de coeur pour moi - on parlait essentiellement de Jean , le père de Pauline. On pouvait comprendre le vide laissé par sa femme Hélène disparue au Pérou lorsque Pauline avait sept ans.
C'est la seconde partie de ce diptyque que vous propose l'auteur, sur les traces de la mère.
Un roman magnifique, une sierra movie comme il le nomme, à la découverte du Pérou et de ses traditions.
Une page se tourne, Monsieur Jean vient d'être enterré.  Pauline sa plus jeune fille, qui a pourtant un plan de carrière et un train de vie enviables, elle qui est toujours tirée à quatre épingles, maquillée, vivant à 100 à l'heure a décidé de tout quitter.  C'est plus fort qu'elle, elle veut partir au Pérou sur les traces de sa mère Hélène.
Elle avait sept ans à la disparition d'Hélène.  Ce qui lui reste ce sont les cinq lettres que son père relisait continuellement. Hélène partait régulièrement chaque année, elle était infirmière, c'était vital pour elle, venir en aide aux populations locales.  Un jour, plus de courrier, plus aucune nouvelle.  Hèlène avait disparu.  Pauline n'a jamais pu comprendre la résignation de son père.  Maintenant qu'il n'est plus là, il faut qu'elle parte, c'est devenu vital, elle doit se rendre là-bas et comprendre ce qui est arrivé trente ans plus tôt.
Suivons Pauline dans ce voyage magnifique que nous propose Michel Torrekens.  Un voyage coloré à Lima tout d'abord la ville à proximité de la mer, ses bidonvilles Huercala, Cerro de Paco et ses mines les plus hautes du monde dans la Cordillière des Andes jusqu'à Cuzco.
C'est un voyage haut en couleur, à la rencontre du peuple péruvien très accueillant avec ses traditions, ses croyances, ses fêtes, le chamanisme.  On découvre la culture du pays, l'art, la cuisine, la musique, le folklore mais aussi son histoire et un peuple qui a souffert, des disparitions , de la répression , du "sentier lumineux" qui luttait contre le régime en place.
La nature est décrite de façon magnifique.  La plume est envoûtante, sensible avec un brin de nostalgie.  Le livre se découpe en trois parties, Les textes d'Hélène viennent parsemer le récit et nous donne peu à peu la clé de l'énigme.
Un roman qui suscite bien des réflexions sur les choix cornéliens que l'on peut être amené à se poser, qui change le cours d'une vie.   C'est un voyage magnifique auquel nous invite Michel Torrekens.
Dépaysement garanti.
C'est un coup de coeur.
Les jolies phrases

La nature, pourtant polluée et confinée, rappelle son omniprésence, même là où les hommes se sont entassés et se sont avancés sur les plages de grand renfort de béton.
Tout part de la même envie : l'instinct de survie, le dur désir d'exister contre vents et marées, de se prolonger, de donner une suite à un bout d'histoire, aussi court soit-il.
Ah si on pouvait s'endormir chaque soir sans regret, ni remords.
Personne, disent les indigènes, ne devrait avoir faim quand les autres ont de quoi manger.
Agir, agir, agir, répétait-elle.  Agir même modestement.
Oui, injuste, mais crois-tu qu'il y a une justice pour les justes ?
Tout ce qui arrive de bien dans la vie repose sur la confiance, ici comme ailleurs.  Confiance en soi et dans l'autre.
La vie n'est-elle pas une lutte silencieuse contre tous ces manques qui se creusent en nous, des gouffres plus ou moins profonds ? L'ennemi reste invisible.  On se bat contre un fantôme qu'on aimerait saisir à la gorge, à qui on aimerait demander des comptes, mais qui se dérobe constamment.
Elle s'installe sur un gros rocher aux formes callipyges pour plonger dans le mystère de ce lac qui sommeille en altitude.  Est-ce la montagne qui observe les cieux depuis cet oculus d'eau ou est-ce le ciel et les nuages qui s'admirent dans ce miroir montagnard d'un monde aérien en constante mutation.
Soigner les esprits est plus compliqué que soigner les corps, Luciano.  Je te confie les esprits, il y a longtemps que nous ne croyons plus ni l'un ni l'autre aux âmes, et je vais me contenter de soigner les corps, d'en guérir quelques-uns j'espère.
- Le mouvement.  La vie a besoin de mouvement.  Einstein a dit que "La vie, c'est comme une bicyclette, il faut avancer pour ne pas perdre l'équilibre" .  C'est peut-être pour cela que tu es venue au Pérou.
- Pour faire du vélo ?, ironise-t-elle ingénument.
- C'est ça, mais dans la précipitation ou la fuite.
Sage-femme est un des plus beaux métiers; il peut aussi se révéler le pire.  Face à un décès, la découverte d'un handicap, la solitude d'une mère célibataire, il faut être à l'écoute, prendre son temps, trouver les mots pour aider les gens à s'armer contre la fatalité, à s'accrocher à la vie, à dépasser cette fragilité humaine qu'on préfère gommer dans la course du quotidien, jusqu'au jour où elle nous rattrape.
Une vie sans douleur relève de la fiction.  L'humanité se résigne à la haine qui la traverse et aux guerres qu'elle génère.
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