C'est l'histoire d'un vieux loup, maigrichon et solitaire, qui n'aime rien d'autre que sa tranquillité. C'est l'histoire une chevrette, bagarreuse et aventurière, bien décidée à découvrir le monde sans se laisser croquer. Il aurait mieux valu pour ces deux-là ne jamais se croiser !
Une réécriture savoureuse de La chèvre de monsieur Seguin.
À l'heure où l'on se pose énormément de questions sur les sites d'abattage de la viande, à l'heure où de plus en plus de gens deviennent véganes autant par conviction que par amour des animaux, on peut dire que cette histoire a su faire mouche à la maison.
Déjà, la première chose que l'on remarque et que l'on apprécie est la forme du récit : la poésie. Une prose aux mots bien choisis qui reprend avec force les travers de notre société et son hypocrisie ambiante.
Dans cette réécriture de la chèvre de monsieur Seguin, on reprend la forme de l'histoire pour en faire un fond à l'humour grinçant, et ô combien savoureux. Cette histoire est un régal à lire pour les enfants parce qu'elle pointe du doigt quelque chose de vrai : on fait le procès des loups qui se gorgeraient de nos belles brebis et beaux moutons, mais nous, nous faisons quoi finalement ?
C'est dans ce sens que va cette prose parfaitement maîtrisée avec un dessin au crayonné simpliste, mais qui fait mouche. Ici notre Loup n'aspire qu'à la tranquillité tandis qu'un peu plus loin, monsieur Seguin élève ses biquettes dans une ferme aux allures de prison en leur inculquant la peur du prédateur extérieur. Le dénouement est parfait, tel que je m'y attendais et il nous interroge sur nos pratiques.
Bien que l'ouvrage soit adressé aux enfants de 6 à 9 ans, les parents ne pourront rester de marbres devant ce conte des temps modernes aux allures très " Lafontainien " qui aurait pu s'appeler : Le Loup, l'Homme et la Brebis.
Si dans un premier temps, ce livre peut passer inaperçu à cause de sa couverture simpliste, l'intérieur est un joli trésor qui n'appelle qu'à être dévoilé.