De bons présages, de Terry Pratchett et Neil Gaiman

Par Deslivresetlesmots @delivrezlesmots

De bons présages, de Terry Pratchett et Neil Gaiman, traduit de l’anglais (Grande Bretagne) par Patrick Marcel, J’ai Lu, 1995 (VO : 1990), 441 pages.

L’histoire

L’Apocalypse est pour demain. Avec ses trompettes, ses flammes de l’Enfer, son courroux du ciel et tout le tremblement. L’éternel lutte entre les forces du Bien et celles du Mal arrive enfin à son terme. On va pouvoir savoir qui est l’heureux gagnant. Sauf que certains ont pris goût à l’humanité et s’imaginent qu’on pourrait éventuellement essayer de penser les choses avec un peu plus de subtilité. N’en déplaise à leurs maîtres respectifs, l’ange Aziraphale (bouquiniste à temps partiel) et le démon Rampa (qui aimerait bien écouter autre chose que Queen sur l’autoradio de sa Bentley) se sont mis d’accord pour repousser l’apocalypse d’une éternité ou deux. Encore faudrait-il pour ça mettre la main sur l’Antéchrist.

Note : 5/5 Coup de cœur

Mon humble avis

J’avais eu l’occasion de lire De bons présages il y a un bon paquet d’années, c’était d’ailleurs mon introduction aux univers respectifs des deux auteurs et j’avais adoré ! Avec la sortie de la série je me suis dit que c’était l’occasion parfaite pour une relecture. Comme j’avais toujours l’édition que j’avais lue à l’époque, en français, j’ai relu la traduction et si je n’étais pas ravie au départ, j’en suis finalement bien contente, le travail de traduction de Patrick Marcel est franchement impeccable, et tou·te·s les amateur·rice·s de fantasy savent bien à quel point les notes de bas de page de Sir Pratchett sont un enfer à traduire !

On suit deux personnages que, littéralement, tout oppose : un ange et un démon qui se retrouvent à avoir une mission commune quant au bon déroulement de l’apocalypse à venir. Or, Aziraphale et Rampa se connaissent depuis des millénaires, vivent parmi les humains depuis Adam et Ève (contrairement à leurs confrères et consœurs qui ne sortent guère de leur Enfer ou Paradis) et en viennent à redouter un peu que tout ceci s’arrête.

La plupart des ouvrages qui traitent de sorcellerie vous diront que les sorcières officient dans le plus simple appareil. C’est parce que la plupart des traités sur la sorcellerie ont été écrits par des hommes.
p. 97

Un des points forts de ce livre est définitivement l’humour, très anglais pour des raisons évidentes, qui joue sur les attentes et sur des lieux communs pour les retourner de façon surprenante, et hilarante. Mais surtout, et c’est là que les auteurs montrent toute leur ingéniosité, en racontant l’histoire d’un ange et d’un démon, ce livre commente allègrement sur le comportement des humains et surtout leurs dérives. Notamment, le nombre de fois où Rampa avoue ne pas être à l’origine de tel massacre ou de tel génocide – les humains vont beaucoup plus loin que ce que les démons pouvaient envisager, et ce, tous seuls. Bien sûr, le roman en profite également pour faire des commentaires bien cinglants quant à l’Église en tant qu’institution.

On observe également les démons et les anges influencer les mortel·le·s comme iels le peuvent, sans parler des quatre cavaliers et cavalières de l’Apocalypse qui se réunissent pour le grand jour !

Bref, De bons présages est un excellent roman, que vous soyez amateur·rice·s de fantasy ou que vous souhaitiez découvrir le genre, foncez !

– J’vois pas ce qu’il y a de super à créer des gens comme ils sont, et puis à s’énerver parce qu’ils se conduisent comme des gens, intervint Adam avec sévérité. Et puis, de toutes façons, si vous arrêtiez de dire aux gens que tout s’arrange après leur mort, ils commenceraient peut-être à mettre leurs affaires en ordre pendant qu’ils sont encore vivants. Si c’était moi le chef, j’essaierais de faire vivre les gens plus longtemps, autant que Mathusalem. Ça serait drôlement plus intéressant. Et puis, ils commenceraient peut-être à réfléchir à ce qu’ils font à l’environnement et à l’écologie, parce qu’ils seraient toujours là dans un siècle.
p. 403

Du coup j’en profite pour glisser un mot sur l’adaptation télévisuelle faite par Amazon : c’est franchement sacrément réussi, on sent que Neil Gaiman était derrière pour vérifier et chapeauter tout ça afin que l’adaptation rende justice à l’œuvre de départ. On y retrouve le même humour, les personnages tout aussi attachants que dans le livre, des acteurs et actrices sacrément talentueuses, et surtout comme le contexte a changé (avec presque trente ans de différence tout de même), certaines références ont été remises au goût du jour. Si vous aimez les univers des auteurs et que vous avez apprécié le livre, n’hésitez pas à y jeter un œil !