Le fils de Philipp Meyer

Par Krolfranca

Le fils

Philipp Meyer

Traduit de l’anglais par Sarah Gurcel

Albin Michel

2014

783 pages en poche

Une famille : les Mc Cullough, de 1 850 à nos jours sur 3 générations. Deux voix : celle d’Eli, celui qui vécut avec les Comanches, celle de Peter, son fils, qui se rebelle face à l’autorité de son père. Une troisième voix mais indirecte, celle de la petite-fille de Peter.

Ce roman choral est ambitieux, il évoque l’Histoire américaine à travers le Texas, les Indiens, les Mexicains, la guerre de Sécession, les grands élevages bovins, l’extraction de pétrole… Assassinats, viols, scalps, massacres, mensonges, hommes dénués de scrupules, l’auteur nous dépeint l’homme dans ce qu’il a de pire. Et en même temps, au sein de cette société, quelques êtres se débattent pour ne pas succomber à la facilité de la violence.

Le personnage central, Eli, le centenaire, le Colonel, celui qui a été marqué à vie par ses trois années passées au milieu des Comanches est un personnage hors du commun, aussi détestable qu’autoritaire, on se surprend à comprendre certains de ses actes au regard de son parcours. J’ai beaucoup aimé lire sa voix, vivre par procuration avec les Comanches.

Peter, son fils, relate un épisode particulièrement douloureux et cruel de l’histoire de sa famille, dans son journal intime. Sa voix est attachante, celui que la famille rejette parce que considéré comme un peu mou, se révèle être un homme honnête, bon, et donc atypique dans un Texas régi par la loi du plus fort. Il nous réserve une surprise en fin de roman qui le rend encore plus sympathique, plus humain. Il parvient à bouleverser son destin avec une détermination qu’on ne le croyait pas capable d’avoir.

La partie qui m’a le moins intéressée c’est celle de Jeanne-Anne. Ce récit plus décousu, et à la troisième personne, ne m’a jamais vraiment touchée. Je l’ai survolé plus d’une fois, ayant hâte de retrouver les deux autres récits.

Le roman est plutôt bien construit, les trois voix se complètent et s’enchâssent de façon à nous révéler une fin inattendue. J’ai un peu regretté que l’ensemble soit inégal, certains passages sont passionnants, d’autres beaucoup moins et les événements se bousculent  dans les dernières pages alors qu’ils ont traîné par ailleurs.

En résumé, un bon roman avec quelques longueurs.

Avec ce roman, je participe à deux challenges : le pavé de l’année de Brize et l’objectif  PAL d’Antigone.