Les Furies - Lauren Groff ****

Par Philisine Cave
Je dois la lecture de Les furies de Lauren Groff à mon aînée qui m'a offert ce roman noir pour Noël. Elle s'est démenée (auprès d'un ami qui a demandé à sa mère passionnée de romans noirs et d'enquêtes policières) pour trouver un titre qui pourrait me convenir et que je n'aurais pas déjà lu. Et franchement, sa démarche m'a touchée au plus haut point. Sur la jaquette du livre, il était indiqué tout le bien qu'en pensait Barack Obama. Comme j'aime beaucoup l'ancien président des Etats-Unis, je me suis dit qu'il ne devait pas trop se tromper. A bien y réfléchir, je serai un chouïa moins dithyrambique que lui, même si je trouve à cette œuvre de très grandes qualités littéraires.

Image captée sur le site de la FNAC

Les Furies raconte la rencontre d'un homme (Lotto, jeune homme dont la personnalité attire les regards et les convoitises) et Mathilde (étudiante plus effacée), l'évolution de leur couple, leur évolution individuelle avant l'inéluctable.
Je sens qu'avec mon résumé, je vais encore obtenir un succès monstre. Mais en dire plus serait ridicule et gâcherait la surprise donc je ne dis rien ou mal !
J'ai lu ce roman depuis plus quatre mois et il me reste vraiment beaucoup d'images en tête (des scènes de vengeance redoutables, même vingt années après les méfaits ; des moments de solitude en pleine cambrousse, les fêtes jusqu'à pas d'heure) : d'abord j'ai une sérieuse envie d'aller parcourir les lieux de vie des deux héros, je reste marquée par le retournement de situation de milieu de roman (Les Furies offre le même état de surprise, les mêmes diverses interprétations que celles proposées par l'un de mes films préférés, Mulholland Drive de David Lynch) et je sais que je relirai ce roman pour en apprécier encore la lecture (et ça, mes amis, vous pouvez vous dire que c'est un argument de poids chez moi, car rares sont les livres que j'ai relus).  
Lauren Groff est une romancière brillante : elle sait poser des scènes, marquer ses personnages, donner un rythme différent en fonction des anecdotes (plutôt lent le temps du couple avec le descriptif ds années universitaires, des instants de galère avant l'ascension et la reconnaissance littéraires ; plutôt raide et soutenu le temps des révélations et de l'envers du décor). Tout est cohérent et d'une redoutable efficacité. Il y a une chose de très très réussie dans ce roman (parmi les autres très réussies) : c'est le couple. Lauren Groff a su en façonner une image, une allégorie, un personnage à lui tout seul. J'entends par là que par moments, on voit Lotto évoluer seul,  Mathilde seule également mais aussi le couple Lotto-Mathilde sans distinguer chacun.e des protagonistes, sans vouloir les séparer et ça, c'est juste remarquable. Je n'ai pas de souvenir d'avoir ouvert un roman qui opérait aussi bien la fusion à la fois littérale et charnelle. Car en effet, nos deux héros ne forment qu'un tout et on verra ce tout se fendiller ou du moins l'image qu'on s'en faisait.
Dans Les Furies, il y a beaucoup d'amour, le désamour, des clairs obscurs, des mensonges et des non-dits. Et le titre est parfaitement choisi car la colère est le fil conducteur de l'histoire complète et le lien entre différents protagonistes entre eux. Parce que la vengeance est un plat qui se mange froid et que rien ne s'oublie. Parce que tous les noms comptent. Trois furies se démarquent nettement et elles valent leur pesant de cacahouètes.
Une lecture idéale pour l'été à savourer en famille ou pas, une lecture qui ne laissera pas indifférent de toute façon !
Éditions Points Chronique dédicacée à ma fifille chérie qui a fait un excellent choix ! 
avis : Cathulu, Kathel, Galea, Helene, Eimelle, Nadège, Alex, Laure, Valérie,