Immortal Hulk Tome 1

Par Noisybear @TheMightyBlogFR

Panini Comics édite en France et directement en album l'une des séries les plus remarquables et qui fait beaucoup parler d'elle - en bien - aux Etats-Unis. Il s'agit de la revisite de Hulk par Al Ewing et Joe Bennett qui font côtoyer horreur et super-héroïsme dans cet excellent premier tome de Immortal Hulk.

Bruce Banner voulait mourir plutôt que de redevenir Hulk, il a alors demandé à l'un de ses amis, Hawkeye, de lui tirer en pleine tête s'il y avait le moindre risque qu'il redevenne le Monstre de Jade. C'est ce qui arriva dans les pages de Civil War II mais, personne ne meurt indéfiniment dans les comics et, donc, Hulk est revenu en vie. Sauf que le personnage en apprend un peu plus sur lui avec cette résurrection : il est en réalité immortel. Conscient de cela, Bruce Banner reprend la route pour protéger les autres, alors que le monstre en lui veut profiter pleinement de la situation.

Ainsi, la série reprend la forme habituelle des histoires classiques sur le héros. On peut même dire que cela est un gros retour en arrière parce que, depuis le début des années 90, le personnage est plutôt vu dans des situations plus super-héroïques que celle-ci même si on l'a vu parfois retourner essayer de fuir à travers son pays, la situation changeait toujours très rapidement. Ce n'est pas la volonté de Al Ewing qui veut certes revenir à un personnage humain qui se cache un peu partout aux Etats-Unis, mais il n'a pas l'intention pour autant de faire machine arrière et nous raconter les mêmes choses qu'on a pu lire 1000 fois dans les comics précédents ou qu'on a pu voir dans la série TV ou dans les films solo du personnage.

Le fait est que Ewing a une intention bien marquée : celle de nous raconter des histoires horrifiques avec comme dénominateur commun un Hulk de plus en plus instable. En effet, le Monstre de Jade est certes doué de parole et prend de plus en plus le contrôle sur son hôte, il n'en reste pas moins une créature effroyable qui, consciente de son immortalité, va plutôt en profiter que d'essayer d'avoir un code moral.

Ce premier album va suivre un fil rouge assez intéressant : il s'agit de l'enquête d'une journaliste qui suit les traces de Hulk depuis qu'il a attaqué un homme qui a tué accidentellement une jeune fille. Cela permet de découvrir progressivement l'ambiance très glauque de la série, comment à évoluer Hulk, comment Bruce Banner réagit à cela, et comment le petit univers autour du monstre se retrouve ébranlé.

C'est d'autant plus vrai que les codes de Hulk tel que l'on se l'imagine - avec Bruce Banner traînant à travers les Etats-Unis sans moyens financiers - sont vite bouleversés lorsqu'on se rend compte que si Hulk est immortel, ce n'est pas le cas de son alter-ego qui se sent vraiment mourir et qui ne peut rien faire face à la créature qui l'habite. Ainsi, toutes ces résurrections ont quelque chose de très malsaines remettant aussi en perspectives certaines histoires passées.

Le titre suinte le glauque, notamment avec cette manière de montrer l'horreur quotidienne aux Etats-Unis tout en ajoutant des situations perturbantes et horrifiques. Cela se rescent encore plus au troisième chapitre de cet album dans lequel Al Ewing accompagné de 5 artistes différentes (Joe Bennett, Leonardo Romero, Marguerite Sauvage, Garry Brown et Paul Hornschemeier) nous raconte 4 différentes histoires racontées par des personnages différents à la journaliste qui suit la trace de Hulk. Ce récit est un exercice de style à part entière montrant à la fois tout le talent de Ewing comme narrateur mais, aussi permettant d'illustrer rapidement le nouveau statu quo de la série.

Bien que l'horreur soit au centre de cette nouvelle série, Al Ewing n'oublie pas la nature de la BD qu'il écrit ; il s'agit d'un titre dans un univers super-héroïque très riche et cet aspect revient vite à la charge. Il utilise alors à bon escient un personnage dont on avait un peu tendance à oublier l'affiliation avec Hulk pour nous offrir un combat colossal entre lui et le principal protagoniste de l'histoire. Même si cela parait plus classique, Immortal Hulk arrive à garder son ambiance glauque et, grâce à cela, arrive à se détacher des anciens titres sur le Colosse de Jade.

D'un point de vue des dessins, Joe Bennett s'essaie à quelque chose d'assez inédit par rapport à ce qu'il a déjà proposé sur d'autres comics. On sent qu'il essaie des choses et cela peut un peu pêcher sur les premiers numéros, mais en continuant sur sa lancée, il arrive à atteindre un style qui colle de mieux en mieux au script de Ewing.