Le frère de Göring – tome 2 – Le chasseur et son ombre

Par Un_amour_de_bd @un_mour_de_bd

Chronique « TITRE »

Scénario de ARNAUD LE GOUËFFLEC, dessin de STEVEN LEJEUNE

Public conseillé : Ado / Adultes

Style : Récit Historique
Paru le 5 juin 2019 aux éditions GLENAT,
48 pages couleur
Prix 13,90 euros

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Ça commence comme ça…

Alors qu’il est en train de jubilé d’avoir abattus un grand cerf, Hermann Göring apprend que la tête de son frère a été mise à prix par la Gestapo pour activité dangereuse envers le troisième Reich. Pourtant, malgré ses hauts faits d’armes, quelques années plus tard, Albert se retrouve lui aussi sur le banc des accusés aux côtés des nazis. Le frère de Gröring parviendra-t-il à prouver aux alliés que seuls les liens du sang le relient au Reichsmarschall ?

Ce que j’en pense

Après un premier tome plus que convaincant, j’étais assez impatient de lire cette suite (et fin) de l’affaire du « frère de Göring ».

Une attente récompensée puisque ce second tome nous offre un dénouement tellement incroyable que l’on pourrait le croire fictif. Pourtant, la quasi-totalité des faits relatés ici est vraie. Même si, de leurs propres aveux, le format bande dessinée à obligé les deux artistes, Arnaud Le Gouëfflec (au scénario) et Steven Lejeune (au dessin) à nos proposer quelques rebondissements brodés sur la réalité. Une confession bien vite pardonnée puisque cette série a le mérite de porter à la connaissance du grand public le destin, jusqu’ici méconnu, d’un homme ayant su braver l’horreur nazie.

Ce second tome s’attarde un peu plus sur le plaidoyer d’Albert qui a dû prouver dans un premier temps son détachement total des idées de son frère et dans un second la véracité de la fameuse liste des gens qu’il a sauvés. Une aberration pour un homme qui s’est comporté en véritable héros de guerre ! En ce sens, la première de couverture est vraiment pertinente. En effet, là où celle du premier volume nous montrait un troisième Reich flamboyant (drapeaux flottants aux fenêtres, parade dans la rue…), celle-ci nous exprime la chute de l’empire (drapeaux en lambeaux, chars d’assaut en pièce…). Un constat qui s’applique aussi à Albert Göring qui, pour le premier tome, apparaît au premier plan, certes soucieux, mais libre puis en retrait et menotté dans le second. Comme ci, bien que son aversion pour les idées d’Adolf Hitler eut été flagrante, son destin était étroitement lié à celui du régime nazi.   

Cependant, le plus remarquable dans cet album reste le portrait qu’Arnaud Le Gouëfflec nous dresse des divers protagonistes de cette affaire. Hermann, par exemple, nous est présenté comme une personne assez peu cultivée voire même naïve ou qui, tout du moins, cherche à se persuader que les nazis ne sont pas les monstres que leurs détracteurs dépeignent. Un lavage de mains assez pratique qui lui permet de profiter du système de troisième Reich sans se sentir coupable de crime contre l’humanité. Pendant ce temps Albert nous est montré comme une personne intelligente et cultivée, n’hésitant pas à manipuler son frère afin de pouvoir informer la résistance des attaques-surprises allemande, par exemple. Même les divers personnages secondaires ont une personnalité extrêmement fouillée. Prenons le cas du juriste Bill Jackson, par exemple. Celui-ci part du principe qu’Albert est “présumé coupable” et va tenter par tous les moyens de le confondre en cherchant les points de discordance dans ses récits. Une véritable chasse aux sorcières s’opère alors, puisque chaque argument avancé par Albert se heurte systématiquement à un mur de sarcasmes.


“On se souviendra, de ceux qui commettent un crime… Et puis d’oublier la vie d’un homme extraordinaire” chantaient les innocents. Un adage qui pour une fois n’est pas vrai puisqu’Arnaud Le Gouëfflec nous relate, pour une fois, les exploits d’une personne aussi discrète qu’héroïque. Un récit nécessaire afin de ne jamais oublier que, dans l’ombre, des Allemands luttaient contre un régime qu’ils jugeaient inhumain.