Au revoir là-haut de Pierre Lemaitre

Par Deuxpourune

Quelques jours à peine avant la fin de la guerre, Albert et Edouard sont blessés sur le champ de bataille, soufflés par une grenade lancée par leur supérieur, le capitaine Pradelle… Si tous les soldats ont hâte que le massacre prenne fin, peu se sont posés la question de leur avenir ; encore moins les gueules cassées. Edouard, défiguré en sauvant la vie de son compagnon, refuse de revoir sa famille. Albert lui fournit une nouvelle identité et s’installe avec lui dans une pension parisienne : là où la pauvreté semble les attendre patiemment, un horrible stratagème va leur offrir les espoirs les plus fous…

J’avais beaucoup entendu parler d’Au revoir là haut, notamment suite à la sortie du film en 2017 (je viens de revoir la bande annonce qui me donne décidément très envie de le voir)…

… et globalement j’avoue avoir été un peu déçue par le livre. J’ai adoré l’histoire, j’ai appris énormément de choses sur la Grande Guerre, l’inauguration des cimetières et des monuments aux morts, j’ai trouvé les personnages intéressants et assez fouillés, l’histoire est sans doute très documentée et indéniablement bien écrite. Bref, sur le fond je n’ai vraiment rien à reprocher à ce roman et j’ai eu du plaisir à le lire, mais je l’ai simplement trouvé long. J’avais l’impression de relire la même histoire plusieurs fois, mais aux côtés de différents personnages. J’ai trouvé que l’intrigue avançait un peu trop lentement, que ça manquait de rythme, sûrement parce que je m’attendais parfois un peu trop à ce qui allait se passer. Je n’ai pas réussi à trouver le côté foufou tant mis en avant dans la bande-annonce du film et, bien que l’histoire soit très originale et cynique, c’est peu être la présentation très crue des évènements, dénuée de morale, qui m’a perturbée. Peut-être aussi n’ais-je pas réussi à me détacher de l’impression que m’avait faite la bande annonce, malgré mon refus de voir le film avant d’avoir lu le roman.

On peut difficilement parler d’Au revoir là haut sans évoquer les masques d’Edouard, tous plus fantasques les uns que les autres. Je ne sais pas si c’étaient des moyens de dissimulation beaucoup utilisés par les gueules cassées ou si c’est une pure invention de l’auteur, mais ce sont en tous cas des objets qui révèlent la complexité d’une vie changée à jamais : les masques sont en effet des déguisements avant tout, mais aussi un moyen de s’exprimer pour Edouard, de se forger une multitude d’identités et d’observer sa nouvelle vie à travers le regard de créatures des plus variées…

Finalement, j’ai tout de même apprécié ma lecture : les événements sont abordés avec une poésie crue qui donne toute son originalité au roman. L’histoire est hors du commun et je ne pourrais, malgré mes réticences quant à la longueur de certains passages, que recommander ce livre qui dévoile l’hypocrisie de notre société d’une toute nouvelle manière.

Mlle Jeanne