La Princesse de Clèves. Mme de La Fayette, Claire BOUILHAC et Catel MULLER – 2019 (BD)

Par Vivrelivre @blandinelanza

Adaptation et dessins de Claire BOUILHAC et Catel MULLER

Mise en couleurs par Marie-Anne DIDIERJEAN et Valérie MICHAUX (prologue et épilogue)

Thèmes : Histoire, France, Documentaire, Biographie, Amours

C'est en classe de Première que j'ai lu le roman dont cet album est issu.

Je l'avais beaucoup aimé et c'est pour cela que j'ai souhaité le relire.

Mais, impossible d'entrer dedans, de poser mon attention, de retenir qui était qui et pour qui.

Bref, je l'ai reposé et ai préféré lire cette adaptation, qui m'a totalement réjouie et conquise !

A commencer par cette superbe couverture.

La Princesse de Clèves est née Mademoiselle de Chartres.

Orpheline de père, élevée par une mère aimante et soucieuse de bien marier sa très belle fille, elle est présentée à la Cour du Roi Henri II à ses seize ans.

Rendue chez un bijoutier, elle croise le Prince de Clèves, qui tombe éperdument amoureux d'elle, dont il obtient la main sans trop de difficultés.

Mais, si elle l'estime et l'affectionne, elle n'éprouve aucun amour pour lui.

C'est à un bal que son regard croise celui du Duc de Nemours, " l'homme le mieux fait et le plus beau du monde ", qui le sait, qui en use. Homme de nombreuses conquêtes et prétendant de la Reine d'Angleterre, sa réputation n'est plus à faire.

Une danse et la voilà conquise.

Mais la culpabilité qu'elle éprouve de ne point aimer son mari si prévenant et ce qu'elle estime être de son devoir (rappelé par sa mère au seuil de sa mort) lui intiment de ne point céder aux élancements de son cœur, aux affres de la passion.

Ainsi se passe le récit, entre sa fuite à elle, le désir de Nemours qui a succombé à son charme et la jalousie du mari, à qui sa femme s'est confiée sur les atermoiements de son cœur, tout en cachant l'identité de l'aimé.

Mais aussi avec la Vie à la Cour du Roi et ses obligations de société, les cancans et potins, les conenances, les affaires de mœurs, les secrets, les confidences bien vite divulguées, les infidélités, les décès aussi...

Derrière ce côté frivole et, en apparence, léger des intrigues amoureuses, se dissimule un jeu de pouvoir, de relations et de rivalités, qui peut faire ou défaire les hommes comme les femmes.

L'album s'ouvre et se ferme avec Madame de La Fayette.

Avant l'écriture de son roman, en 1672, lorsqu'elle en discute avec son ami François de La Rochefoucauld.

Puis après sa publication en 1680, lorsque son autrice, retirée du monde suite aux décès de son époux et de son ami, n'attend plus grand-chose de la vie.

La Princesse de Clèves est un roman à multiples facettes.

Historique d'abord de par son contexte, d'amours contrariées ensuite avec une héroïne jeune, naïve mais aussi résolue et ferme dans ses décisions, même s'ils la font souffrir et influent sur son destin.

Ce qui en fait un roman d'analyse et même psychologique, découpé ici en quatre parties.

Certaines tournures de phrases ont été ici contemporéanisées, tant pour être mieux comprises que pour coller au format BD. Ce style, un brin empesé, et auquel je ne me faisais pas dans le roman, m'a ici charmée.

Un arbre généalogique a judicieusement été placé en début d'ouvrage. Il se révèle fort utile.

Le dessin, certes classique tant dans ses couleurs que son découpage, m'a aussi beaucoup plu.

Rond et beau, il représente la Princesse de Clèves sous des traits juvéniles (elle a à peine seize ans au début) renforcés par sa blondeur et ses grands yeux bleus.

Candide mais aussi forte et résolue, elle est souvent représentée dans des expressions de surprise (accentuées par des traits), d'affliction ou de mélancolie.

Les tenues amples, les robes bouffantes, les drapés des rideaux, les plumes des champeaux et coiffes, tranchent avec les angles droits et froids des bâtiments.

J'aime ces oppositions.

Ce renoncement (à l'amour et plus largement au plaisir) m'a renvoyée à ce qu'Amélie Nothomb appelle " la pulsion du néant " dans son roman La nostalgie heureuse. " Cette pulsion cherche à anéantir mes désirs les plus vrais. ", c'est résister contre soi-même.

Pour conclure, La Princesse de Clèves est un très bel album, une très belle adaptation d'un roman complexe (et précurseur) et dont il serait dommage de passer à côté.

Il participe au RDV " BD de la semaine ", aujourd'hui chez Noukette (CLIC) ; à notre Challenge avec Nathalie " Cette année, je (re)lis des classiques " ; à mon Challenge " Souvenirs de Lectures " ; ainsi qu'au " Petit Bac 2019 " d'Enna, pour ma 6e ligne, catégorie Métier/Fonction.

Belles lectures et découvertes,

Blandine