Agata - Tome 1 - Le syndicat du crime. Olivier BERLION – 2019 (BD)

Par Vivrelivre @blandinelanza

Entre New-York et Chicago

Agata Lietewski a 19 ans, est Polonaise, et a dû fuir son pays après avoir avorté clandestinement.

Elle vient d'arriver dans le quartier polonais de Jackowo, à Chicago grâce à son oncle maternel, Césary, et réside chez un ami de ce dernier, James Czapski, ancien boxeur (mais pas seulement), qui tient un bar où il organise souvent des soirées de jazz.

Elle garde souvent son petit-cousin, Pete, qui aime jouer du banjo. Grâce à lui et James, après avoir enchaîné plusieurs petits boulots, la voilà qui touche à son rêve de faire de la musique et de l'enseigner.

Son oncle dirige une cimenterie et souhaite remporter le marché de la construction d'une digue dans le New-Jersey.

Mais c'est sans compter la mafia sicilienne, installée à New-York, et qui elle aussi veut ce marché.

Elle a bien essayé de l'en dissuader mais Adam a tenu bon.

Mais la Mafia sait faire pression...

C'est en voulant sauver Pete qu'Agata est aussi enlevée...

Ceci contrevenant aux ordres.

Parallèlement à l'histoire d'Agata, personnage (fictif ?) qui donne son nom à la série, nous suivons le changement organisationnel de la mafia sicilienne basée aux Etats-Unis grâce à la vision moderne et calculatrice de Charlie "Lucky" Luciano, mafieux sicilien ayant réellement existé, après qu'il ait fait éliminer son chef, Salvatore Maranzano, et le chef rival, Joe Masseria (faits véridiques).

Fini le " capo di tutti capi" , finie l'organisation "familiale", il veut un fonctionnement d'entreprise avec un conseil d'administration qui prendrait de manière collégiale, et égale, les décisions d'ordre national et ne veut plus que des exactions soient commises sur des tiers, persuadé que tout homme est achetable, quelque soit son prix.

Ce premier tome suit donc en parallèle les parcours d'Agata, qui s'installe, doucement, et celui de Lucky Luciano, qui s'impose, violemment.

Assassinats, loi d'honneur, sicilienne, manœuvres de corruption, honneur du couteau, trahisons intestines et négociations diverses, jalonnent l'ascension de ce dernier dans le but de mettre sur pied La Commission, gouvernement de la mafia siciliano-américaine, qui prend exemple sur le Syndicat du Crime (organisation criminelle multiethnique qu'il a déjà créée en 1929) et toujours en vigueur actuellement (et de me renvoyer à l'Organisation mise en place par Ciro di Marcio dans Gomorra la série).

Ce rythme binaire, doux avec Agata, tendu avec Lucky, rend ce premier tome haletant et riche.

Au-delà de leurs histoires personnelles, c'est l'Amérique, terre de tous les rêves, qui nous est restituée.

Immigration massive (dans les premières planches), quartiers ethniques qui conservent leurs coutumes du pays, grand banditisme, profondes transformations mais aussi Grande Dépression...

J'aime beaucoup le dessin et ses couleurs, qui conviennent parfaitement à l'époque décrite et aux rebondissements de l'intrigue qui entremêle donc fiction et réalité historique.

Les détails sont nombreux, comme les changements d'angles et de points de vue, avec de superbes plans embrassant New-York.

L'album se clôt sur un cahier graphique, nous présentant, entre autres, plusieurs études d'Olivier Berlion sur son personnage d'Agata, qui se trouve être très belle telle qu'il a finalement choisi de la représenter.

Il participe au RDV BD de la semaine, aujourd'hui chez Noukette (CLIC); au " Mois italien " de Martine ; et au " Petit Bac 2019 " d'Enna, pour ma 5e ligne, catégorie Profession/Métier.

Découvrez aussi l'avis de Stephie qui a aussi beaucoup aimé.

Belles lectures et découvertes,

Blandine