Lectures à thème : la littérature canadienne

Par Mesechappeeslivresques

Depuis que je me suis lancée sur la blogosphère, je m’aperçois que mon champ de lectures s’est considérablement élargi. Et parmi mes découvertes, en grande partie influencées par d’autres blogueurs, je prends énormément de plaisir à lire depuis quelques temps des auteurs canadiens.

J’ai donc décidé de vous rassembler dans ce billet les lectures qui m’ont conquise ainsi que celles qui ont rejoint ma pile à lire et que je compte bien découvrir d’ici peu.

Nirliit – Juliana Léveillé-Trudel (La Peuplade)

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Résumé : Une jeune femme du Sud qui, comme les oies, fait souvent le voyage jusqu’à Salluit, parle à Eva, son amie du Nord disparue, dont le corps est dans l’eau du fjord et l’esprit, partout. Le Nord est dur – «il y a de l’amour violent entre les murs de ces maisons presque identiques» – et la missionnaire aventurière se demande «comment on fait pour guérir son cœur». Elle s’active, s’occupe des enfants qui peuplent ses journées, donne une voix aux petites filles inuites et raconte aussi à Eva ce qu’il advient de son fils Elijah, parce qu’il y a forcément une continuité, une descendance, après la passion, puis la mort.

Mon avis : Avec lucidité, Juliana Léveillé-Trudel dresse, dans son premier roman, le portrait d’un peuple en pleine décrépitude et s’attarde avec un réalisme poignant sur le sort réservé aux femmes inuites dans le Grand Nord Canadien. Les mots poétiques de l’auteure forment également une vibrante déclaration d’amour à un territoire aux paysages majestueux. Un roman saisissant et envoûtant, qui laisse des traces.

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Le plongeur – Stéphane Larue (Le Quartanier)

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Résumé : Nous sommes à Montréal au début de l’hiver 2002. Le narrateur n’a pas vingt ans. Il aime Lovecraft, le métal, les comic books et la science-fiction. Étudiant en graphisme, il dessine depuis toujours et veut devenir bédéiste et illustrateur. Mais depuis des mois, il évite ses amis, ment, s’endette, aspiré dans un tourbillon qui menace d’engouffrer sa vie entière : c’est un joueur. Il joue aux loteries vidéo et tout son argent y passe. Il se retrouve à bout de ressources, isolé, sans appartement.
C’est à ce moment qu’il devient plongeur au restaurant La Trattoria, où il se liera d’amitié avec Bébert, un cuisinier expérimenté, ogre infatigable au bagou de rappeur, encore jeune mais déjà usé par l’alcool et le speed. Pendant un mois et demi, ils enchaîneront ensemble les shifts de soir et les doubles, et Bébert tiendra auprès du plongeur le rôle de mentor malgré lui et de flamboyant Virgile de la nuit.
On découvre ainsi le train survolté d’un restaurant à l’approche des fêtes et sa galerie mouvante de personnages : propriétaire, chef, sous-chefs, cuisiniers, serveurs, barmaids et busboys. Si certains d’entre eux semblent plus grands que nature, tous sont dépeints au plus près des usages du métier, avec une rare justesse. C’est en leur compagnie que le plongeur tente de juguler son obsession pour les machines de vidéopoker, traversant les cercles d’une saison chaotique rythmée par les rushs, les luttes de pouvoir et les décisions néfastes.

Mon avis : Un voyage fascinant et étourdissant en plein cœur de l’arrière-cuisine d’un grand restaurant à Montréal aux côtés d’un plongeur qui perd pied et tente de vaincre son addiction au jeu. Un récit initiatique captivant pour ce roman québécois stupéfiant de réalisme qui vous fera voir le monde de la restauration d’un autre œil.

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Taqawan – Eric Plamondon (Quidam)

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Résumé : Le 11 juin 1981, trois cents policiers de la sûreté du Québec débarquent sur la réserve de Restigouche pour s’emparer des filets des Indiens mig’maq. Emeutes, répression et crise d’ampleur : le pays découvre son angle mort.
Une adolescente en révolte disparaît, un agent de la faune démissionne, un vieil Indien sort du bois et une jeune enseignante française découvre l’immensité d’un territoire et toutes ses contradictions. Comme le saumon devenu taqawan remonte la rivière vers son origine, il faut aller à la source…

Mon avis : Lire Taqawan, c’est vivre une expédition québécoise hors du commun grâce à cet excellent roman noir dans lequel se mêle avec habileté la grande Histoire des tribus amérindiennes. Une belle surprise.

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Le Poids de la neige – Christian Guay-Poliquin (L’Observatoire)

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Résumé : À la suite d’un accident, un homme se retrouve piégé dans un village enseveli sous la neige et coupé du monde par une panne d’électricité. Il est confié à Matthias, un vieillard qui accepte de le soigner en échange de bois, de vivres et, surtout, d’une place dans le convoi qui partira pour la ville au printemps, seule échappatoire. Dans la véranda d’une maison où se croisent les courants d’air et de rares visiteurs, les deux hommes se retrouvent prisonniers de l’hiver et de leur rude face-à-face. Cernés par une nature hostile et sublime, soumis aux rumeurs et aux passions qui secouent le village, ils tissent des liens complexes, oscillant entre méfiance, nécessité et entraide. Alors que les centimètres de neige s’accumulent, tiendront-ils le coup face aux menaces extérieures et aux écueils intimes ?

Mon avis : Un huis-clos envoûtant et haletant, qui nous entraîne dans un hiver d’une rudesse extrême, en compagnie de deux hommes que tout oppose mais qui doivent cohabiter ensemble pour survivre. 

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L’habitude des bêtes – Lise Tremblay (Delcourt)

Résumé : C’est le jour sans doute où un vieil Indien lui a confié ce chiot, Dan. Lorsque Benoît Lévesque est rentré à Montréal ce jour-là, il a fermé pour de bon la porte de son grand appartement vide. Ce n’était pas un endroit pour Dan, alors Benoît est allé s’installer dans son chalet du Saguenay, au coeur du parc national.
Mais quand vient un nouvel automne, le fragile équilibre est rompu. Parce que Dan se fait vieux et qu’il est malade. Et parce qu’on a aperçu des loups sur le territoire des chasseurs. Leur présence menaçante réveille de vieilles querelles entre les clans, et la tension monte au village…

Mon avis : Si l’intrigue n’est pas le point fort de ce roman québécois, il mérite vraiment qu’on s’attarde dessus du fait de l’atmosphère envoûtante qui se dégage de ce récit. D’autant plus que les personnages que l’on côtoie sont dépeints avec finesse par Lise Tremblay. Un retour à l’essentiel, à la nature et une belle réflexion sur l’existence qui m’ont séduite.  

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L’orangeraie – Larry Tremblay

Résumé : Amed et Aziz sont jumeaux et vivent avec leurs parents dans un pays en guerre entouré de montagnes. Au-delà vivent les chiens, leurs ennemis. Lorsqu’un des chefs de la région vient demander à leur père de sacrifier un de ses fils pour le bien de la communauté, Tamara, la mère des enfants, refuse. D’autant plus qu’Aziz, atteint d’un cancer, est condamné. Comment faire ce choix impossible ? Comment accepter l’impensable ?

Mon avis : Un texte puissant qui allie une écriture pleine de poésie face à la cruauté des hommes. Un livre marquant, indispensable, qui se lit d’une traite et qui m’a vraiment émue.

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Birdie – Tracey Lindberg (Boréal)

Résumé : Quand Bernice Meetoos, alias Birdie, quitte sa réserve et son Alberta natales pour venir s’installer dans un petit logement au-dessus d’une boulangerie à Gibsons, en Colombie-Britannique, des forces mystérieuses semblent trouver un malin plaisir à lui faire perdre pied. Souvent, inopinément, elle entre dans un état de transe sur le vieux matelas de sa chambre. Tandis que sa tante Val et sa cousine Freda font la route pour venir à son chevet, Bernice reste prostrée pendant des semaines, oscillant entre le souvenir, le rêve et la réalité.

Mon avis :  Après un début plutôt difficile en partie dû à la construction du récit, j’ai finalement été emportée par l’histoire de cette jeune femme indienne qui a traversé le pire durant son enfance. Une lecture ardue mais surprenante et fascinante sur la résilience. La plume est belle, poétique et j’ai été complètement séduite.   

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De bois debout – Jean-François Caron (La Peuplade)

Résumé : Le coup est parti. Alexandre a vu mourir son père, abattu par erreur. Alors il a couru, fonçant à travers les branches, affolé, vers la première maison, chez celui qu’on appelle Tison. La chasse à l’aube, les sandwichs de pain blanc, les bûches qu’il faut corder droit, en un instant tout s’est évanoui dans la paix de la forêt. Alexandre quitte Paris-du-Bois, marche dans la solitude, il a perdu les gens qu’il aime. Des voix – des chœurs, des airs volatiles – se joignent à la sienne durant ses lectures. Engoncé dans le silence de ce père sans passé, il se tourne vers l’unique refuge possible : les livres. Le père, lui, il n’aimait pas les livres.

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Jeu blanc – Richard Wagamese (ZOE)

Résumé : Cloîtré dans un centre de désintoxication, Saul Indian Horse a décidé de raconter son histoire : son enfance au cœur du Canada, bercée par les légendes et les traditions ojibwés, rythmée par la récolte du riz et la pêche ; son exil à huit ans avec sa grand-mère, suite à un hiver particulièrement dur ; son adolescence, passée dans un internat où des Blancs se sont efforcés d’effacer en lui toute trace d’indianité. C’est pourtant au cœur de cet enfer que Saul trouve son salut, grâce au hockey sur glace. Joueur surdoué, il entame une carrière parmi les meilleurs du pays. Mais c’est sans compter le racisme qui règne dans le Canada des années 1970, même au sein du sport national.

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L’œil soldat – Larry Tremblay (La Peuplade)

Résumé : Récit poétique bouleversant, L’œil soldat présente l’univers d’un jeune homme halluciné et du pacte qu’il passe avec le Diable. Ce pacte lui permet, par un simple jeu de paupières, de changer de sexe, de couleur et d’époque. Devenu ainsi soldat en un clignement d’œil, il ne peut soudain plus taire l’horreur de la guerre. Pendant qu’il pleut des morts, une pensée adolescente à fleur de peau fait rage. Qu’y a-t-il derrière ce qui est ? Combien de fois encore faut-il trancher les gorges ? Que faut-il cesser d’être pour apaiser le rouge ?

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Oyana – Eric Plamondon (Quidam)

Résumé : « S’il est difficile de vivre, il est bien plus malaisé d’expliquer sa vie. »
Elle a fait de son existence une digue pour retenir le passé. Jusqu’à la rupture. Elle est née au pays Basque et a vieilli à Montréal. Un soir de mai 2018, le hasard la ramène brutalement en arrière. Sans savoir encore jusqu’où les mots la mèneront, elle écrit à l’homme de sa vie pour tenter de s’expliquer et qu’il puisse comprendre. Il y a des choix qui changent des vies. Certains, plus définitivement que d’autres. Elle n’a que deux certitudes : elle s’appelle Oyana et l’ETA n’existe plus.

En espérant que ce billet vous aura donné envie d’en découvrir un peu plus la littérature canadienne