Dans les eaux du grand Nord, Ian McGuire

Par Museaurania @MuseaUrania

Dans les eaux du Grand Nord

Sorti en 2017, Dans les eaux du Grand Nord est le premier roman de l’auteur traduit et édité en France chez 10/18. Le roman relate l’histoire de Sumner, un chirurgien anglais embarqué à bord du Volunteer, un baleinier à destination des eaux du Groenland. Mais la découverte d’un cadavre va tout changer.

Les porcs grognent, les oiseaux chantent et les hommes mentent, c’est comme ça, en général.

Thriller glaciale

Dans les eaux du Grand Nord est un thriller particulier où il fait froid, très froid. On entend le bois craquer, les cris des marins et le harpon dans la peau d’une baleine bientôt débité. L’ambiance est pesante et on se rend très vite compte que nous n’avons pas en face de nous des enfants de chœurs.

La grande originalité du roman, c’est son langage. Bien que le schéma narratif soit en somme très classique : un mort, une enquête et des gens pas net, le roman brille par son contexte et sa justesse. En effet, il aurait été malvenu de faire parler les protagonistes comme des aristocrates alors qu’on a affaire aux rébus de la société. C’est cru, souvent violent et ça empeste. Les âmes sensibles peuvent donc passer leur chemin si le discours de taverne et des docks les dégoûtent. Mais dieu que c’est jouissif.

Je m’enflamme assurément, mais c’est une lecture qui sent bon la maîtrise. L’auteur ne passe pas par quatre chemin et rend avec une justesse folle le commerce de la baleine en plein XIXe où c’est chacun pour soi avec magouille derrière, bien entendu. D’une certaine manière, on y trouve la beauté derrière la laideur.

Les paysages sont à couper le souffle et rappelle constamment le danger. J’y ai vu un petit peu de The Terror, écrit par Dan Simmons et adapté pour la télé l’année dernière (une saison 2 est en cours de tournage d’ailleurs).

Dans les eaux du Grand Nord m’a totalement convaincu et j’aurai aimé poursuive l’aventure, bien que la fin soit une vraie fin. Les marins n’avaient pas la vie facile et n’étaient pas des anges. Ian Macguire à su mettre toute cette dimension en lumière avec un langage à propos et savamment doser, sans jamais tomber dans le clichés ou la surenchère. Une réussite ! C’est beau et d’une justesse folle.


Édition 10/18

310 pages


Publicités