Stéphanie Dupays – Comme elle l’imagine ***

Par Laure F. @LFolavril

Mercure de France - mars 2019 - 168 pages

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Laure rencontre Vincent sur Facebook. Au détour d'une publication, leurs commentaires se lient. De publiques, leurs conversations deviennent privées. Les nuits d'insomnies s'enchaînent, les mots se déversent d'un compte à l'autre, d'un numéro à l'autre et des liens se tissent, étrangement ténus. Ils s'échangent mille sms par jour et l'éminente professeur à la Sorbonne ne semble vivre que pour le son qu'émet son téléphone lorsqu'elle reçoit un sms de Vincent.

L'auteure analyse le sentiment amoureux dans cette absence de l'être aimé, cette distance et cette correspondance moderne ; analyse de sms, convocation de Proust et de Flaubert pour tenter de décrypter le moindre mot et la moindre virgule... L'absence qui, pour Marcel Proust, est " la plus certaine, la plus efficace, la plus vivace, la plus indestructible, la plus fidèle des présences. " Un roman à la plume sensible et efficace, qui m'a séduite et qui regorge de phrases terriblement justes sur l'amour, le désir. " Être amoureux c'était donner à l'autre la possibilité de blesser. Pouvait-on aimer sans abandonner toutes ses armes? "

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" Ce n'était pas une mélancolie paralysante, plutôt un simple voile gris brouillant son regard et tissé de tous ces scandales banals que sont les parents qui vieillissent, les amis qui s'éloignent, le monde qui devient de plus en plus brutal. "

" Vincent lui manquait, si tant est que l'on puisse ressentir comme un ma que l'absence d'un homme dont on n'a jamais connu la présence et qui n'est qu'une image pixélisée enveloppant un amas de signes. "