Ella l’ensorcelée – Gail Carson Levine

Par Aethel

Ella l'ensorcelée
Gail Carson Levine
Édition L'école des loisirs, 
2000
Traduit par 
277 pages

Genres : Conte, Fantasy,
Jeunesse
Résumé :

« Lucinda, cette idiote de fée, n’avait pas l’intention de me jeter un sort. Elle voulait me faire un cadeau. Comme j’avais pleuré désespérément pendant toute la première heure de mon existence, ce furent mes larmes qui lui donnèrent une idée. Hochant la tête et regardant ma mère d’un air compatissant, la fée me toucha le nez. – Mon cadeau sera l’obéissance. Elle sera toujours obéissante. Et maintenant, arrête de pleurer, mon enfant. Je m’arrêtai. » Le sort de la fée Lucinda est si puissant qu’Ella est obligée d’exécuter tous les ordres qu’on lui donne, quels qu’ils soient, même si elle s’y refuse de toutes ses forces. En grandissant, elle a appris à mettre toute son intelligence au service d’une lutte de chaque instant pour dissimuler sa vulnérabilité. Mais à présent que sa mère est morte, que son père a décidé de se remarier, la voilà plus fragile que jamais. Car certaines personnes malveillantes ont tôt fait de percer son secret et de s’en servir. Les pouvoirs de sa marraine et l’amour du prince Charm l’aideront-ils à échapper aux personnes qui la haïssent et à vaincre la malédiction ?

Mon avis :

Je n’avais pas trop d’idées de lectures pour démarrer 2019 en douceur, du coup j’ai opté pour une relecture d’un titre que j’avais bien apprécié il y a trois ans, « Ella l’ensorcelée ».

Réécriture de Cendrillon, le récit suit Ella qui a reçu comme « cadeau » de la part d’une fée le don d’obéissance, elle est donc depuis à sa naissance condamnée à obéir à tout et n’importe quoi, ce n’est pourtant pas faute de garder sa malédiction secrète, et les choses empirent lorsque son père lui colle une belle-mère et deux demi-sœurs qui vont profiter de la malédiction d’Ella, ce qui va pousser la jeune fille à s’enfuir dans l’espoir de retrouver la fée qui lui a lancé ce sort afin de l’annuler…

Cendrillon n’a jamais été une histoire que j’ai franchement apprécié pour la simple et bonne raison que je ne supportais pas la passivité de l’héroïne, j’ai toujours préféré les personnages ayant du caractère aux serpillières et voir Cendrillon jouer les bonniches sans protester une seule seconde me gonflait (merci au film « A tout jamais » qui a soulagé 20 ans de frustration d’ailleurs, voir Cendrillon mettre une mandale à sa belle-mère –ou à une de ses demi-sœurs je ne sais plus- ça m’a mise en joie !) et du coup voir cette passivité justifiée par une malédiction rend tout de suite l’histoire et l’héroïne plus intéressants à mes yeux, surtout que l’autrice a enrichi ces deux points.
Ella est une jeune fille victime de son sort, Lucinda la « bonne » fée (qui est un peu une gourde) lui a fait un cadeau empoisonné et elle doit du coup lutter contre la perfidie de ceux qui essaient d’en profiter mais elle se bat du mieux qu’elle peut contre cela, elle utilise des stratagèmes, elle est maligne et ne manque pas d’aplomb, on est bien loin de l’héroïne nunuche qui ne se bouge pas et attend que le prince charmant vienne la sauver !

En parlant de ça, la romance est également largement mieux fichue dans cette réécriture, on oublie le coup de foudre, l’idiot de prince fadasse et incapable de reconnaitre la fille avec qui il a dansé toute la soirée et qui la cherche à l’aide de sa pantoufle (non mais mon gars va chez l’ophtalmo, à ce niveau-là t’as besoin d’aide) et le mariage au bout d’une quart d’heure pour développer un vrai lien entre les deux personnages, ce ne sont plus deux coquilles vides dont le destin est de finir ensemble parce que « ta gueule, c’est magique » mais deux personnages qui ont chacun leur propre histoire, leurs buts et qui apprennent et grandissent l’un au contact de l’autre, ça a nettement plus de charme tourné de cette façon.

Et c’est pareil pour l’intrigue, le mélange conte de fée / fantastique fonctionne très bien et le fond est bien plus intelligent qu’on ne pourrait le penser sans que les réflexions ne soient trop appuyées voire lourdes, idem pour l’humour qui pourrait très vite faire tartignolle (un peu comme dans le film !) (Un jour je le chroniquerai, je suis sure d’avoir beaucoup de choses à dire) mais qui fait son effet sans nous prendre pour des idiots.

Bref, depuis ma toute première lecture d’ « Ella l’ensorcelée » j’ai pu lire d’autres réécritures de contes de fée et si ma préférée reste « Carabosse » de Michel Honaker, « Ella » est juste derrière et vaut vraiment la peine qu’on s’y attarde si on aime le genre.