Aeternia : La Marche du Prophète – Gabriel Katz

Par Cpmonstre

Ça fait des années qu'on m'en vantait les mérites, des siècles qu'on me parlait d'un fameux Desmeon, ça fait des millénaires donc que je devais lire Aeternia du légendaire Gabriel Katz. Grazie mille à Plouf et Dans la Bulle de Cha qui ont su placer la petite graine de l'envie dans mon oreille depuis un an.

A mon tour

donc.

Bon alors c'est l'histoire d'un gars qui s'appelle Leth Marek, une légende des arènes de Morgoth, célèbre pour ses coups de hache dans la poire de façon péremptoire.

Il prend sa retraite de gladiateur sur un sans faute-zéro défaite pour aller élever ses fils à Kyrenia, la cité du savoir et de la culture, où les gens pètent dans la soie en respectant les lois.

En chemin, il fait la rencontre d'une belle prêtresse du culte d'Ochin, nouvelle religion à la mode, qui comme le Christianisme dans son temps, tente de propager la bonne parole dans tout le pays en suivant aveuglément un leader charismatique : le Prophète. Forcément, ça fait pas plaise aux prêtres et à la religion déjà en place, le culte de la Déesse, qui voient d'un très mauvais oeil cette concurrence qui débarque sur leur territoire.

Suite à cette rencontre avec le joli boule de la prêtresse (ouais parce qu'on insiste bien BIEN sur le fait que la meuf est ultra canon) Leth Marek rejoint les rangs d'Ochin pour les aider à affronter ce qui va finir par arriver :

Du bourre-pif à tous les étages.

V'là une histoire prenante de Fantasy, où ça tourneboule avec twists et rebondissements, idéale, perfectude devrais-je dire, pour mes soirées où je peux encore savourer le plaisir de dormir avec une couette. Une affaire rondement menée donc, confirmée par la frénétique lecture de June & Cie qui elle aussi a rejoint les rangs dès qu'elle a eu vent de mes péripéties avec Leth Marek.

Ah c'est que le bougre, c'est pas n'importe qui. La rencontre avec la brutasse a fait écho dans ma caboche assez vite. Le bonhomme me dit quelque chose, un air de... Druss, le cultissime héros de David Gemmell, peut-être ?

Checkons ensemble !

  • Possède une énorme hache à deux lames
  • Gros bonhomme costaud patibulaire
  • Mais qui peut très vite devenir neuneu devant le boule d'une jeune femme (bieeen plus jeune que lui, évidemment)
  • A des petits problèmes d'expression des sentiments
  • A une réputation de détripailleur assez spectaculaire
  • Passe-temps favori : la vengeance

Plus de doute, y a de la cousinade dans l'air.

Comme je suis pas une graaaande fan de Druss (#sorrysorry), je ne l'ai pas forcément été de Leth Marek, sans que le gars me gêne non plus, hein. C'est juste que les brutes épaisses qui crient vengeance à toutes les sauces, qui n'arrivent pas trop à contrôler leurs émotions et qui sont un poil viriliste et paternaliste avec les femmes (HAHA J'ADORE), c'est pas trop ma came. À eux, je leur préfère de beaucoup les p'tits malins, les " anguilles ", qui n'ont pas l'air comme ça d'y toucher mais qui cachent de grandes qualités de stratège ou de combattant, bref des héros (ou pas) qui ont de l'esprit et de la finesse. Et là-dessus j'ai été servi.

Car le gros atout de ce roman, en plus de son histoire de guerre religieuse avec des salopiauds à chaque ruelle, ce sont les autres personnages qui gravitent autour de Leth Marek qui ont tout autant d'intérêt, voire plus, que le patibulaire mais toute fois sympathique gladiateur à la retraite.

Varian par exemple, le jeune prêtre mignon comme un chaton qui débarque de sa cambrousse pour rentrer au Temple et qui découvre que la sainteté du lieu ne tient qu'au nom de la religion et qu'il a atterri dans un nid de vipères hypocrites et ambitieuses. Il va également se révéler bien moins chaton qu'on ne le pensait.

Et puis y a Desmeon, le fameux Dez, le chef de la garde du culte d'Ochin, le petit malin BG as hell, qui avec ses coutelas, te démembre un gars en un pet de lapin tout en te racontant une petite blague sur sa cousine norvégienne qui s'est barré avec un gaulois unijambiste (<= cette blague est le fruit de mon imagination).

J'pourrais aussi vous parler du DG du culte d'Ochin qui gère les tracas de la troupe, les affaires étrangères aussi bien que la communication avec un sens de la diplomatie légendaire. Un sourire, quelques notions de droit kyrénien, et bam, Monsieur évite un massacre.

Ou bien de l'autre là dont j'ai oublié le nom, petite vipère en robe de bure, radicaliste et l'esprit fin comme une lime à ongles qui va donner du fil à retordre aussi bien à ses collègues qu'à leurs ennemis. Une véritable saloperie, j'vous dis.

Donc, voilà, j'étais comme dans du p'tit lait, les panards dans des Charentaises moelleuses. Car la diversité des personnages reflètent surtout la complexité d'une intrigue pas si évidente que ça où deux religions veulent se mettre sur la gueule tout en voulant éviter les bains de sang à grande échelle de Richter (<= ça va pas bien être une réussite de côté-là). Parce que les coups bas, les filsdeputeries, les trahisons et les jeux de pouvoir que les héros vont devoir esquiver comme des mandales de saucissons arrivant à toute vitesse sur leur potiron pleuvent comme vache qui pisse.

Si vous aimez ça, vous allez être content. Y a de la saleté, des p'tits enflures mais surtout un parfait exemple devant toute cette hémoglobine de ce qu'est le pouvoir de la manipulation des religions qui galvanisent les foules, les terrorisent pour finir par les entuber profondément.

Tu ajoutes à ça un style parfaitement fluide, avec des chapitres courts et des petits cliffhangers qui se ramènent assez souvent à la fin des chapitres, ça te donne alors l'occasion de parfaire ta magnifique attitude d'accros de série en manque : t'es dedans mon pigeon, ferré jusqu'au cou, où PATATRA Y A QUELQUE CHOSE QUI SE PASSE A LA FIN.

Où j'ai hurlé dans l'feutré sous ma couette, outrée par cet outrage de cliffhanger à la toute dernière page.

Electrisée par cette fin de saloperie, frustrée également, j'ai immédiatement commencé le second tome dont dans la foulée j'en ai fait qu'une bouchée.

Et c'était chouette.

La réputation de Gabriel Katz d'auteur de Fantasy à suivre et d'artisan de rebondissements chatoyants n'est pas usurpée. Fan du style simple mais efficace, de personnages attachants et bien campés, j'ai pris un bon petit plaisir à dévorer les deux tomes d' Aeternia et je prie chaque jour depuis une semaine pour qu'un troisième tome arrive.

Parce qu'on peut pas nous laisser sur une fin pareille, OKAY ?

PS : Peut-on donner un Oscar du meilleur illustrateur de couverture à Aurélien Police ou pas ? Nan parce que tu checkes le gars sur Google Images et tu te rends compte que toutes tes couv' préférées de SFFF ont été faites par lui.

PS² : Oui donc c'est lui qui a fait les couvertures des deux tomes Aeternia.

PS³ : Le regret est grand de ne pas les posséder en version papier.