Les débats bookstagram : est-il normal de se faire payer ?

Par Tassadanslesmyriades

Les débats bookstagram : est-il normal de se faire payer ?
Depuis que je suis sur Instagram (2011) je vois fleurir des débats à gauche et à droite. Je ne suis pratiquement jamais d'accord avec les réponses dans ces discussions dans un espace restreint, où les gens font souvent preuve de fermeture d'esprit alors que sur leur propre compte ils sont très ouverts. Un débat c'est très bien. Mais lorsque le débat est stérile et conduit à critiquer une pratique de manière systématique, presque avec des termes de "bashing" ("ça me répugne", "je déteste", "je ne ferais pas confiance", "idiots", "stupides"...), JE DIS NON.
Je voulais donc apporter ma pierre à l'édifice en haussant le ton.
D'abord, non je ne suis pas payée et ne l'ai jamais été. Par contre, oui jai reçu de nombreux services de presse.
Deuxièmement, qui sommes-nous pour critiquer cette pratique qui existe depuis la nuit des temps ? Oui, l'image et les blogs/sites Internet ont un prix, une valeur marketing. A vous de voir si vous avez envie d'être payé.e.s ou non selon votre ligne éditoriale. Et puis, oui, si vous avez déjà un job, bravo, vous avez le droit de refuser une offre d'une maison d'édition, mais pensez un peu à ceux qui sont free-lance et dans la m*rd* tous les mois. C'est dingue d'être aussi hypocrites et égoïstes.
C'est un choix personnel qui ne se critique pas selon moi et peut être légitime. Certaines blogueuses mode/beauté le font et se font lyncher tous les jours. Certes, leurs pratiques sont nécessairement discutables (pour l'environnement, la santé des jeunes...). Et IL FAUT LES DISCUTER et les pousser à se RESPONSABILISER. Mais pas en lynchant. Les mots font mal et sur les réseaux sociaux personne ne s'en rend compte.
Cependant, si tant de blogueuse zéro déchets, de blogueurs minimalistes, de youtubeuses de beauté éthique, d'art de vivre, de chaînes Do It Yourself prennent de l'ampleur et nous passionnent, ces derniers sont souvent sponsorisés, payés à la vidéo par une marque. Et 90% d'entre vous êtes abonné.e.s à au moins un ou deux de ces comptes.
Et alors quoi ? S'ils ont fait le choix d'en faire leur activité principale, grand bien leur fasse ! Qu'ils prennent la place de tous les blogueurs ou youtubeurs qui vendent du vide et de la fausseté ! Le discours qui consiste à dire "la culture ne se vend pas" est vain. Comment croyez-vous qu'un auteur/ artiste / artisan gagne sa vie ??? Comme dans le temps : en racolant ! Mais sur les réseaux sociaux désormais. Et oui, certaines maisons d'édition ou certains auteurs ne méritent pas qu'on les aide car ils vendent très bien sans nous (best-sellers et compagnie) mais franchement : croyez-vous que 99% des auteurs vivent de leur travail ?
Il faut sortir un peu du schéma dialectique honnêteté/malhonnêteté, Bien/Mal. Il est très mauvais de voir les choses ainsi. On peut proposer du contenu culturel en étant rémunéré. Si la personnalité de la blogueuse / youtubeuse nous interpelle et nous plaît, nous suivrons. Dans le cas contraire : NOUS SOMMES LIBRES de nous désabonner, de supprimer ou même de signaler s'il y a abus !
De toute évidence, vous qui postez des débats sur bookstagram tous les quatre matins, mais je ne veux pas critiquer cela, c'est très bien de débattre, il faut juste nuancer les propos!, vous avez bien l'air de voir finalement qui est honnête et qui ne l'est pas. Vous avez l'air de faire la différence entre le vrai du faux, entre un billet de blog markété ou un billet de blog ultra sincère. Alors pourquoi venir appuyer sur la tête de quelqu'un qui pourrait se noyer si vous l'enfoncer ?
STOP.
Les débats stériles sur ce genre de pratiques sont très nauséabondes et créent une atmosphère complément malsaine sur les réseaux. Certains débarquent à peine sur Instagram et constatent rapidement que ce monde n'est pas celui des bisounours : OUI ! C'est l'INTERNET ! Un monde sans pitié et plein de requins et de gens manipulateurs. Oh attendez : comme dans la vraie vie !!
Faites la part des choses et n'allez pas lyncher des gens qui font un certains choix, celui de vivre de leurs conseils culturels. Vous savez déjà faire la différence entre subtilité et grosses ficelles. Et puis Instagram oblige les utilisateurs à signaler les sponsors normalement. De toute évidence si ce signalement n'a pas été fait, vous avez l'oeil pour le constater. Mais vous n'êtes pas la police de la bien-pensance ou de ce "qu'il est bien de faire ou pas".
La culture ne se vend pas ? A aucun prix ? La culture n'a pas de prix, c'est autre chose. Et sachez que les maisons d'édition ont plus d'intérêts à offrir des livres qu'à payer des gens 100 à 1000€ la photo ou l'article !

Croyez-vous que les magazines comme Lire et compagnie n'ont pas de biais commerciaux ? D'abord les articles sont entourés de publicités, et ensuite les critiques se font bien offrir des livres et se font aussi payer, tiens ! La Grande Librairie sur France 5 fait office de chantre de l'honnêteté culturelle, mais si Busnuel que j'adore invite tous les ans les mêmes invités c'est qu'il y a un problème, un biais marketing peut-être ?(faire de l'audience).

Vous-mêmes si vous êtes libraires ne seriez-vous pas heureux que des blogueurs aient incité à acheter chez vous tel tome d'une grande saga ou tel roman sur les chats mignons ???

De plus, les blogueurs et youtubeuses ou instagrameurs ou influenceurs comme on les appelle n'ont pas attendu que les marques les payent pour se faire rémunérer, grâce à d'autres systèmes (plateformes de rémunération, YouTube, pubs sur les blogs...)... Mais beaucoup d'entre eux continuent à poster des choses de bonne qualité, bien mieux que les racoleurs de la télévision !!

Si vous choisissez de faire de votre compte Instagram un simple compte de partage authentique de votre passion ou bien une auto-entreprise de conseil/ free-lance : c'est votre choix ! Beaucoup sur Instagram ne signalent absolument pas que les livres qu'ils critiquent sont reçus gratuitement, et ça c'est plus malhonnête mais cela se VOIT et il n'y a pas besoin de les lyncher pour comprendre le subterfuge. Beaucoup sont bien contents d'être invité.e.s à des rencontres, des salons avec un pass "presse", et cela EST UNE FORME DE PAIEMENT.

Je suis POUR les débats sur Internet, quand ils prennent une allure ARGUMENTÉE. Et surtout NUANCÉE. Répondre par "je suis contre car", "je suis pour car" n'est pas, dans mon esprit, une réponse argumentée.

Certains comptes d'adolescentes sont la parfaite illustration de cela. On voit sur leur page des centaines de livres ultra connus et markétés, très certainement offerts par les maisons d'édition. Et donc ? Vous allez faire quoi ? Personnellement, je préférerai que ce soit les maisons d'édition qui prennent leur responsabilité et pas les blogueurs et instagrameurs, souvent eux-mêmes influençables et parfois jeunes et très fragiles. Les maisons d'édition, elles, ne sont pas fragiles, les marques non plus. C'est à eux d'être réglementés par la loi et de comprendre que manipuler des jeunes avec des cadeaux est normalement interdit, ou sinon moralement malhonnête.

Chères maisons d'édition, dans ce monde peu réglementé d'Instagram et des blogs, j'apprécie de me faire "payer" par des livres gratuits, mais je n'apprécie plus de devoir les critiquer dans un temps imparti, de devoir lisser mes propos. Et ça c'est un choix personnel. A vous de décider quel sera le vôtre. On a bien payé pendant des années des critiques professionnels très appréciés dans les canards (et souvent avec moult cadeaux !)


Allez !
On retourne dans l'univers positif et réaliste de la vie ! CARPE DIEM !
Vous êtes libres.