L'ébouriffante "Matriochka" de Géraldine Martin

Par Lucie Cauwe @LucieCauwe

Matriochka. Ces poupées russes colorées qui s’emboîtent, chères à l'auteure. Une histoire de mère(s) donc, mais pas que. Une histoire de femmes. D'une femme d'aujourd'hui, Héléna, en couple. Face à son enfant, Auguste. Face au père de cet enfant, Sylvain. Face à elle-même, à ses rêves, à ses désirs, à ses cauchemars, à la réalité. "Matriochka", la première nouvelle que publie Géraldine Martin, danseuse, comédienne, metteuse en scène, une nouvelle auteure belge à tenir à l'œil (Lamiroy, "Opuscule", 38 pages) est une petite bombe réjouissante. Elle porte le #83 de la collection, année de naissance de sa créatrice.
En cinq mille mots, marque de la collection "Opuscule", la nouvelle venue en littérature belge, nous emmène pour une journée au zoo. Drôle d'idée pour une nouvelle. Oui mais cette destination n'est que le point de départ d'un récit qui ira à plein d'autres endroits, entre fausses pistes et retournements de situation. Géraldine Martin s'embarque à fond dans le quotidien d'une jeune mère contemporaine, dévouée mais soucieuse d'elle-même et de l'égalité des sexes. En apparence car sa nouvelle est autre chose qu'une quête féministe. Maîtrise du scénario, plaisir de la phrase longue bien balancée, inventivité des situations, surprises sur fond de quotidien, réel ou rêvé, solde de comptes anciens s'entremêlent pour nous soumettre une histoire bien troussée, disséquant notre société d'aujourd'hui mais où premier, deuxième et troisième degré se donnent joyeusement la main.
Extrait.
"La désagréable impression d'en faire plus que son homme s'était insinuée en elle. Un monstre aux allures de mégère avait poussé à l'intérieur, une créature qu'elle haïssait et tentait de combattre. Et ce jour-là, pour une raison aussi anodine qu'un oubli de tétine, elle décida de ne pas lâcher l'affaire."

Géraldine Martin.