La Faille du temps – Jeanette Winterson

Par Alltimereadings

Quatrième de couverture

« Par une nuit de tempête à La Nouvelle-Bohême, une ville du sud des États-Unis, un Afro-Américain et son fils sont témoins d’un terrible crime. Sur les lieux gisent un corps et une mallette remplie de billets. Quelques mètres plus loin, à l’abri, un nourrisson. Abasourdis, craignant la police, ils décident de fuir avec l’argent et le bébé. Mais que s’est-il passé avant leur intervention ? Que faisait là cette toute petite fille ? Qui est-elle ?
C’est ce que Jeanette Winterson s’attache à démêler dans cette libre adaptation du Conte d’hiver de Shakespeare. Sous sa plume unique, chacun des personnages de la tragédie prend vie à travers son double contemporain : financier londonien avide, créateur de jeux vidéo, chanteuse à succès, tenancier de club de jazz…
Superbe réflexion sur le pouvoir destructeur de la jalousie et de l’avidité, La Faille du temps rappelle l’intemporalité du génie shakespearien et donne à voir l’immense talent et le prodigieux savoir-faire de la romancière.

Mon avis

Je tiens tout d’abord à remercier Babelio et les éditions Buchet-Chastel pour l’envoi de ce livre dans le cadre de la masse critique !

En résumé

Les points positifs : des personnages complexes et intéressants, des péripéties haletantes, un respect de l’œuvre original.

Les points négatifs : quelques divagations inutiles.

Une version moderne

Ayant fait des études de littérature anglaise, je suis censée connaître un certain nombre de choses sur les classiques anglais, comme les pièces de Shakespeare et notamment Le Conte d’hiver. Mais il faut bien l’admettre, les classiques deviennent rapidement barbants si on ne les fait pas vivre un peu. C’est ainsi que Jeanette Winterson a décidé de revisiter la pièce de Shakespeare en version moderne, avec des personnages et un environnement contemporains. J’ai trouvé cette idée très intéressante et c’est pourquoi je me suis lancé dans lecture de ce livre. Résultat : ce fut une très belle découverte !

Le livre s’ouvre sur une scène tragique : un homme abandonne un bébé avant de mourir, assassiné. L’enfant est alors recueillie par deux hommes qui vont prendre soin d’elle et de la mallette de billets trouvée non loin. Lors du chapitre suivant, on se retrouve face à des personnages inconnus, dans un pays différent. On comprend que c’est un retour en arrière qui va nous expliquer comment la petite en est arrivée là. J’avoue avoir été un peu déroutée par ce retour dans le passé, mais j’ai vite compris qu’il permettait en fait de nous tenir en haleine. À chaque page, on se dit : « Ça y est, MiMi va accoucher ? Ça y est, Perdita va se retrouver dans la boîte à bébé ? ». On attend la suite avec impatience et c’est difficile d’interrompre sa lecture !

Au cas où l’on ne connaîtrait pas l’histoire ou l’on aurait besoin de se rafraîchir un peu la mémoire, l’auteure nous présente en introduction un rapide résumé de l’oeuvre de Shakespeare qui explicite le rôle de chaque personnage. Ainsi, quand on lit La Faille du temps, on s’amuse à deviner qui est qui. J’avais un peu peur que le fait de connaître l’histoire me gâcherait le plaisir de la lecture. Après tout, on sait à quoi s’attendre, on connait plus ou moins le destin de chaque personnage. Mais le récit étant remis dans un contexte moderne avec des problématiques contemporaines, on se surprend à se demander à quel sauce les personnages vont être mangés. Personnellement, j’oubliais un peu Shakespeare et il ne me revenait en tête que lorsqu’un personnage clé faisait son apparition ou qu’il y avait un retournement de situation comparable au Conte d’hiver. Même s’il est vrai que les deux histoires sont très proches, je les trouve distinctes l’une de l’autre. La Faille du temps semble peut-être moins farfelue, car plus proche de notre réalité actuelle. En tout cas, lire l’une n’empêche pas de lire l’autre.

Une histoire et des personnages captivants

J’ai beaucoup aimé les nombreux rebondissements. Ils rendent la lecture vivante, voire haletante. On veut toujours savoir ce qu’il se passe ensuite, on veut savoir comment nos personnages vont s’en sortir – s’ils vont s’en sortir tout court, d’ailleurs. Le rythme est assez soutenu. Enfin, la plupart du temps. J’ai trouvé quelques divagations, quelques longueurs par moment. Il n’y en avait, certes, pas beaucoup, mais cela a cassé mon rythme de lecture à plusieurs reprises et c’est dommage dans un livre si trépidant !

En revanche : gros coup de cœur pour les personnages ! Est-ce que je les ai tous aimés ? Bien sûr que non. Est-ce que je les ai tous trouvés fascinants ? Oh que oui ! On ne peut pas aimer les hommes comme Leo. Mais son personnage est si complexe, si intrigant qu’on ne peut s’empêcher de s’attacher à lui dans le sens où l’on veut en apprendre plus sur lui. De même pour MiMi, Perdita, Shep, Clo… Bref, tous les personnages sont intéressants et j’ai été ravie de voir que pour chacun d’entre eux, la boucle était bouclée à la fin du livre. Personne n’est laissé de côté, personne n’est oublié. Ils ont tous le droit à leur dénouement et c’est une vraie satisfaction de lecteur de savoir que l’on n’abandonne nos personnages adorés au milieu de nulle part.

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