Les gratitudes – Delphine de Vigan

Par Mesechappeeslivresques

Titre : Les gratitudes

Auteure : Delphine de Vigan

Date de parution : mars 2019

Editions : JC Lattès

Michka n’a plus le choix. Face aux mots qui s’échappent, son départ pour la maison de retraite est inévitable. Un nouveau lieu de vie codifié, sans âme, où la solitude vous broie peu à peu. Heureusement, la jeune Marie veille sur Michka, sa voisine qui a toujours pris soin d’elle et qui a palié à l’absence de sa mère. Et il y a Jérôme, l’orthophoniste bienveillant qui se prend d’affection pour la vieille dame.

Michka a un dernier souhait avant de partir, avant que le sens des mots ne s’envolent définitivement. La nécessité de dire merci à ceux qui lui ont sauvé la vie alors qu’elle n’était qu’une enfant.

Après Les loyautés, Delphine de Vigan explore le sentiment de reconnaissance. Les gratitudes exprimées dans notre quotidien, les petites gratitudes, celle qui sont insignifiantes. Et il y a les gratitudes que l’on n’ose pas dire, que l’on retient et les regrets qui se forment quand il est trop tard.

Mais ce roman fait également une large place aux années qui s’écoulent inexorablement, à ces gestes qui ne sont plus les mêmes, à cette mémoire qui fait défaut. À travers le personnage extrêmement attendrissant de Michka, le lecteur assiste impuissant au corps qui ploie sous le poids des années, au regard assailli par la peur et la tristesse, à l’oubli qui gagne du terrain de jour en jour emportant avec lui la parole.

Avec ce nouveau roman, Delphine de Vigan trouve une fois de plus les mots justes pour évoquer la vieillesse et ses conséquences. Si le sujet est poignant, l’auteure sème avec habileté des touches de légèreté dans son récit. L’empathie est inévitable et j’ai été profondément touchée par le personnage de Michka, une vieille dame que l’on a envie d’étreindre. Une histoire pleine d’humanité, de tendresse que l’on achève les yeux embués.