« Monsieur Origami », en toute simplicité

Par Enborddepage

Un premier roman étonnant et rayonnant de sobriété, où une mise en page aérée répond au style par des silences apaisants ! Avec un style doux et épuré, l’auteur nous invite à la contemplation et à la réflexion, autour de thèmes et de motifs tels que le temps, la beauté, le silence, les plis, l’ombre, l’amour et le destin… En toute simplicité !

Au fil des pages, nous suivons le parcours du Maître Kurogiku, un japonais qui s’installe en Italie dans une habitation en ruine sans propriétaire. Là-bas, il laisse couler le temps. Ses journées, il les passe à plier et déplier des origamis, réalisés à partir du papier qu’il fabrique lui-même selon le savoir-faire de son père. Au-delà de cette activité à la simplicité apparente, la lente méditation autour de cet art à la fois simple et complexe occupe l’essentiel de son temps.


« Comme souvent, la simplicité de ses règles rend l’exercice de l’art plus compliqué. »


Casparo, un jeune horloger italien, arrive bien des années plus tard dans la région. Il désire réfléchir à la fabrication d’une montre « compliquée », un projet qu’il expose au Maître japonais, bouleversant ainsi la tranquillité simple de ce dernier. Kurogiku sent dès leur rencontre que ce garçon est l’occasion pour lui d’évoluer, d’apporter à l’autre autant que ce que l’autre pourra lui enseigner. Un art répond à l’autre, les réponses invitent à d’autres questions, tandis que le passé du maître japonais se dévoile peu à peu sans effacer le mystère du présent.

Jean-Marc Ceci, un juriste belge qui en est à son premier roman, pratique les arts martiaux, il se passionne pour la culture orientale depuis l’enfance. L’auteur porte aussi un grand intérêt au papier, à sa fabrication et au pliage des origamis. Sa fascination pour les montres à complications vient compléter ses inspirations.

L’histoire est entrecoupée de passages explicatifs sur l’art de l’origami et de la fabrication du papier, des pauses éducatives qui plairont ou non. Le style se pare aussi de quelques répétitions volontaires, qui pourraient agacer les moins patients.

 » Maître Kurogiku examine le papier, les lignes, les intersections, les formes géométriques laissées par les plis.
Car chaque origami laisse, sur le papier, les lignes des plis dont la composition et la structure sont uniques à chaque modèle.
Comme les cristaux, uniques, d’un flocon de neige. Ses empreintes digitales. « 

L’auteur laisse finalement une place appréciable à la réflexion et à l’interprétation du lecteur. Au travers d’une rencontre entre un jeune homme italien et un Japonais d’un certain âge, le passé de ce dernier se dévoile, sans pour autant effacer le mystère du présent…

 » Toute beauté à sa part d’ombre. »

Une invitation à revenir à l’essentiel, à l’être, au ici et au maintenant… en toute simplicité !

Note : 8/10

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