[ Interview] Mickaël Koudero

Par Maks



« La faim et la soif » est un roman que j’ai beaucoup apprécié, j’ai demandé à Mickaël Koudero si il voulait bien répondre à mes questions concernant son dernier livre, il a gentiment accepté.
C’est pour moi une nouvelle expérience que cet exercice d’interview, j’espère donc que cela vous plaira et qu’il y en aura plein d’autres.

----------------------------------------Biographie :Après des études de cinéma à l’ESRA (école supérieure de réalisation audiovisuelle), Mickaël Koudero devient scénariste pour plusieurs séries télévisées diffusées sur TF1, FRANCE 2, FRANCE 3 et chérie 25.En parallèle de son métier de scénariste, Mickaël écrit son premier roman « Les enfants d’Érostrate ».Best-seller de l’auto-édition, le livre sera vendu à plusieurs milliers d’exemplaires et se retrouvera dans la Wish-list des 30 livres de l’année 2015, catégorie Policier/ Thriller.Ce livre ressortira en 2017 au Québec, et début 2018 en France, sous le titre « Des visages et des morts ».Cette même année 2018, Mickaël s’investit pour l’association ELA avec l’écriture d’une nouvelle, « La mort, tout le temps », disponible dans le recueil « Phobia ».De nombreux auteurs de renoms participent également à ce projet comme Olivier Norek, Ian Manook ou encore Nicolas Beuglet. (source : amazon)

----------------------------------------
❯ Bonjour Mickaël, je suis très heureux de t’accueillir sur le blog pour cet interview.❯ Ton nouveau roman « La faim et la soif » vient de sortir chez Hugo Thriller, peux-tu nous le présenter ?Le lecteur va suivre les aventures de Raphaël Bertignac, un ancien journaliste d’investigation. Il va reprendre du service après l’étrange découverte d’un paquet de feuilles froissées sur lesquelles est inscrit le même mot : Nosferatu. Cette expression roumaine renvoie aux non-morts, aux vampires, au diable. De Paris à Prague et jusqu’aux tréfonds de la Roumanie, Raphaël va remonter différentes pistes qui vont le conduire à rencontrer la peur primitive.  ❯ Tu utilises dans ton livre le phénomène de mémoire cellulaire après une greffe, un sujet qui porte à controverse, qu’en penses-tu personnellement ?Pour ma part, j’ai tendance à croire que tout est possible, et notamment cette connexion donneur-receveur. L’idée que nos cellules puissent garder en mémoire des instants de nos vies, des fragments de nous, de nos émotions, me plaît pour sa notion d’héritage. Cette idée que, peut-être, d’une manière ou d’une autre, nous sommes plus forts que la mort.❯ Peux-tu nous dire pour quelles raisons as-tu choisi de transposer dans l’intrigue le régime de « Nicolae Ceausescu » et de la « Securitate » ?C’est une période de l’Histoire que je ne connaissais pas ou peu. Quand j’ai commencé à me documenter, j’ai appris énormément de choses sur ce peuple, ses croyances, son histoire. Sur ce pays, qui, pendant quinze ans, a subi de plein fouet la démesure d’un homme, la folie de ses idées. Au fil des années, Ceausescu a laissé la Roumanie dans une pauvreté extrême, aidé par sa police politique, la Securitate. Cette dictature a pris fin en 1989, sous les yeux des caméras. Sous les yeux du monde. C’est tout récent. Les images sont visibles sur YouTube. Pourtant, j’ai l’impression que cet épisode reste une anecdote de l’Histoire. C’est à peine si l’on s’en souvient, si l’on en parle. Aujourd’hui, la dictature n’existe plus en Roumanie, mais ses conséquences sont toujours visibles. Je parle de souffrances physiques ou morales. Je voulais mettre l’accent sur cet endoctrinement, cette perte des identités et ses répercussions des années après.❯ Tu abordes le sujet des vampires, du rapport entre le mythe et la réalité, du folklore autour de ça et ce que signifie être « vampire » à notre époque, pourquoi as-tu voulu développer ce sujet dans ton roman ?Je suis tombé il y a quelques années sur un reportage qui parlait des Vampyres de notre époque. Le Y a son importance, les lecteurs comprendront. Dans le documentaire ressortait l’idée qu’être vampyre c’est épouser une philosophie de vie, un style vestimentaire, une manière de penser. C’est rejoindre un club et avoir un sentiment d’appartenance à une communauté. Il y a dans leurs discours une totale rupture avec le vampire des mythes et légendes et ses références.Aussi, j’ai voulu évoquer le mythe du Vampire dans sa globalité, car il fait partie intégrante des croyances de la Roumanie. Vlad Tepes (Dracula) ou Ceaușescu sont probablement les deux Roumains les plus connus à travers l’Histoire. Deux tyrans qui se sont illustrés dans le sang et la terreur. Tous deux sont considérés dans leurs pays comme des Vampires.❯ Cannibale, tueur en série, meurtres atroces, trafics d’organes, Murderabilia (marché des tueurs en série et autres atrocités), la mort partout, pourquoi tant de violence ?Ce sont des sujets qui me font peur. M’interpellent. Ce sont aussi des réalités : aujourd’hui dans le Darkweb vous pouvez acheter une arme en un clic. Dans ce siècle porté sur l’abondance de biens, le corps humain est devenu une marchandise comme une autre. Un bien que l’on vend au plus offrant. Dans mes romans, je cherche toujours à ancrer ma fiction dans la réalité. Ainsi, et par souci d’honnêteté, je ne peux pas prendre une partie de la vérité (celle qui m’arrange) et fermer les yeux sur l’autre. Je dois tout prendre ou tout laisser. Et comme chaque élément fait écho à un autre, ouvre sur une autre dérive, j’ai dû accepter cette addition du pire.❯ Quelles sont tes influences pour écrire, que ce soit littéraires, cinématographiques ou musicales ?J’écris toujours en musique. J’écoute énormément de bandes originales.Point de vue littéraire, j’admire Jean-Christophe Grangé. Que ce soit pour son style, ses histoires, son rythme, le traitement de ses sujets, il reste à mes yeux la référence. Bien sûr, il y a d’autres auteurs qui me touchent : Thomas Harris, Maurice Dantec, Boston Teran, Donald Ray Pollock, etc.  En matière de cinéma/TV, je me nourris de tous les genres. Du western au film d’horreur en passant par le documentaire.❯ As-tu des projets d’écriture pour la suite, si oui, peux-tu nous en dire un peu plus ?En ce moment je travaille sur le prochain roman. Ça avance, doucement. J’ai dans l’idée qu’il se passera uniquement au Canada, en Alberta. Il faut imaginer une ambiance à la True-Detective avec des nuances fantastique/Horreur.Côté TV, je travaille sur deux projets, dont un que je coécris avec Vincent Hauuy.Et bien sûr, j’ai déjà des idées pour les prochains romans.❯ Autre chose que tu aimerais dire au sujet de ton livre ou simplement un mot de la fin ?Je voudrais te remercier d’avoir pensé à moi pour ce jeu des questions-réponses. J’espère que d’autres auteurs prendront le relais. Aussi, je voudrais remercier toutes les personnes qui m’ont lu, qui me liront ou non. L’essentiel est de lire !


❯ Merci d’avoir bien voulu répondre à ce jeu des questions/réponses, nous en savons maintenant un peu plus sur ton roman et sa construction et c’est avec plaisir que j’ai échangé avec toi, je te souhaite un grand succès avec « La faim et la soif » ainsi qu’avec tes futurs projets. Encore merci.

----------------------------------------
Chères lectrices et lecteurs, si vous le souhaitez, je vous invite à lire la chronique du roman de Mickaël Koudero  :La faim et la soifBibliographie :Des visages et des morts (Les enfants d’Érostrate)La faim et la soifPhobia