Christian Lax
Futuropolis/ Louvre éditions
2019
137 pages
Un jeune chasseur de miel malien, Alou, se fait agresser par des djihadistes qui lui laissent la vie sauve (un témoin pour qu’on les craigne) mais font exploser son arbre sacré. Parmi les débris, Alou découvre une statuette représentant une femme enceinte. Quand on sait ce que les fous de Dieu veulent faire aux reproductions du monde vivant, il est nécessaire de la mettre à l’abri… au Louvres à Paris… Rien de moins !
J’en ai déjà trop dit.
Cette BD est superbe. Les dessins sont magnifiques, les personnages expressifs, je me suis perdue dans le visage du sage du village, ses yeux, ses rides, sa bouche, son nez, sa barbe et ses sourcils broussailleux, je n’ai pas de mots pour décrire à quel point il m’a émue. Certaines planches du paysage malien sont de grande beauté. On s’y fond avec délectation. Il y a un lien de parenté me semble-t-il entre Emmanuel Lepage et Christian Lax, dans le trait.
Les tons de gris (parfois bleutés, parfois teintés de jaune ou de noir), avec pour seule couleur la sculpture rouge, donnent à cette BD un ton mélancolique, teinté de nostalgie.
On suit le parcours des migrants, leurs peurs, les risques qu’ils prennent, pour échapper à la folie meurtrière des hommes. Puis leur installation dans un Paris qui ne veut pas d’eux, le travail des bénévoles sans qui ces hommes ne s’en sortiraient pas.
Et puis l’art ! Un questionnement sur la préservation des œuvres d’art, d’abord pillées par les européens, puis détruites par les islamistes radicaux, est posé. Certes un peu appuyé, mais il a le mérite d’être évoqué.
Je ne connaissais pas cet auteur de BD, il va falloir que je me penche sur ses œuvres précédentes. Je suis vraiment émerveillée par son dessin.