Le Chant de Kali de Dan Simmons

Par Caroline @Lounapil

Publié aux éditions Pocket,

" Il est des lieux maléfiques qui ne devraient pas exister. Il est des villes malfaisantes où l'on ne peut demeurer. Calcutta est de celles-là. Avant Calcutta, pareille idée m'aurait fait rire. Avant Calcutta, je ne croyais pas au mal, et surtout pas comme s'il était une force indépendante des hommes. Avant Calcutta, je n'étais qu'un imbécile. " Robert Luczak est envoyé à Calcutta par sa maison d'édition pour récupérer le mystérieux manuscrit d'un poète que tous croyaient mort depuis huit ans. Mission simple en apparence, mais qui prend des allures de descente aux enfers dès lors que son chemin croise celui des Kapalikas, secte vouée à l'adoration de la meurtrière Kali dont les membres font régner la terreur sur la ville. Sacrifices humains, cadavres ressuscités, meurtres en pagaille... Luczak comprendra - mais trop tard - que rien n'arrête le chant macabre de Kali.

C'est totalement par hasard que j'ai découvert ce titre de Dan Simmons puisque je l'ai remporté sur Twitter lors d'un concours organisé par les éditions Pocket. J'avais hâte de m'y plonger, Dan Simmons étant un maître dans l'art de la terreur. Si je n'ai guère frissonné à la lecture ce ce roman, j'ai pourtant beaucoup apprécié la plume et l'intrigue de cette histoire.

Dès le départ, Dan Simmons adopte un ton résolument vieillot qui procure tout son charme à l'ouvrage. J'ai pu lire ici et là que ce style avait dérangé certains lecteurs. Pour ma part, j'ai grandement apprécié ce parti pris. Dan Simmons situe son roman dans les années 70 et emploie un ton un peu suranné qui donne tout son charme au livre. J'ai adoré les références humoristiques à Stephen King, jugé " médiocre " par le narrateur " ou encore au premier volet de " Star Wars " perçu comme totalement inintéressant par la femme du personnage principal!

L'auteur a choisi de situer son récit à Calcutta, en Inde. Robert Luczak a pour mission de ramener aux États-Unis, le manuscrit de Das, un poète très célèbre, présumé mort voilà quelques années. Robert se rend donc avec femme et enfant dans cette ville dont il ne connaît rien. Dès le départ, le lecteur est happé par la description de cette ville tentaculaire, moite et sale. Sans aucun doute, Calcutta est le personnage principal de ce roman. Dan Simmons nous renvoie une description poussiéreuse et misérable de cette cité qui semble engloutir tout. Les pauvres, les mendiants, les bidonvilles, la sueur, la touffeur de la mousson mais surtout la violence d'une ville gangrenée par la saleté, la pègre et les immondices qui en tapissent le sol. On étouffe littéralement à la lecture de ces pages. Dan Simmons en rajoute peut-être un peu à tel point qu'on ressent la ville comme un immense cloaque puant et misérable.

Le personnage de Robert va donc évoluer dans cette ville horrible pour retrouver le manuscrit de Das. Il va aller de rencontres étranges en rencontres étranges, lui qui ne maîtrise aucun code lié à cette ville. Et puis il y a la rencontre avec l'un des derniers hommes à avoir croisé le chemin de Das. Celui-ci est-il réellement mort comme on le prétend? Derrière l'ombre de Das, plane celle de Kali, la déesse de la mort qui envoûte de son chant funèbre et qui annonce la fin du monde.

Si j'ai trouvé finalement assez convenue l'évolution de l'histoire, j'ai été bluffée par la fin. Dan Simmons nous entraîne là où ne l'attendait pas et j'ai vraiment eu de la peine pour Robert et sa quête dont il paiera un prix inestimable.

Le Chant de Kali est un très bon roman qui mêle fantasy et enquête. D'une noirceur intense, le lecteur ne ressortira pas indemne de ce chant funèbre porteur de malheur.