Liaisons dangereuses, Préliminaires, Tome 02 : De l’amour et de ses remèdes.

Par Un_amour_de_bd @un_mour_de_bd

Chronique « LIAISONS DANGEREUSES, PRÉLIMINAIRES, Tome 02 : De l’amour et de ses remèdes. »

Scénario de STÉPHANE BEITBEDER & dessin de DJIEF

Public conseillé : Ado / Adultes

Style : Chronique sociale / Historique
Paru le 6 février 2019 aux éditions Soleil
14,95 euros
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Ça commence comme ça…


Isabelle est une enfant opiniâtre. Une fois de plus, elle tient tête à ses parents et refuse de boire son médicament pour se guérir. Devant cette nouvelle crise, son père doit sévir. Il la frappe… mais se sent misérable…
Pour ses neufs ans, l’âge de raison, son père lui offre un cadeau exceptionnel. C’est une une gigantesque et luxueuse maison de poupée …que son père a gagné au jeu. Cet objet doit combler son ennui et lui apprendre comment une femme de la société doit se conduire dans la maisonnée… Quoique étonnée par ce cadeau “enfantin”, Isabelle l’accepte avec plaisir.
Son monde bascule le jour où son père dans un duel. Tout était conforme et le jugement de dieu doit être respecté. Cet événement la prive d’une figure paternelle et plonge sa famille dans la ruine…

Ce que j’en pense :


“Les liaisons dangereuses”, le roman scandaleux de Pierre Choderlos de Laclos a été adapté de nombreuses fois. Le film de Stefen Frears (1989) avec Glenn Close et John Malkovich reste pour moi une des plus belles.
Au lieu de tenter une nouvelle adaptation, fut-elle en bande dessinée, le scénariste Stéphane Betbeder, accompagné du dessinateur Djief, nous offrent une préquelle du roman épistolaire. Sous le titre évocateur “Préliminaires”, Stéphane Beitbeider a imaginé l’enfance et la genèse psychologique de ces personnages, aussi brillants que diaboliques. Le premier tome de la série a été consacré au Vicomte de Valmon (lire notre critique). Ce nouveau tome reprend le même principe avec la Marquise de Merteuil.
Le principe narratif est le même que pour Valmont. Beitbeder fait parler son héroïne, à travers une série de lettres adressées à son confesseur, dans lesquels elle raconte sa jeunesse. Très proche du personnage, nous vivons donc de l’intérieur les moments de vie qui ont façonné son caractère de son enfance jusqu’à son mariage.

Au début, Isabelle est une enfant insoumise, sans figure paternelle imposante, qui a du mal à trouver sa place auprès de sa mère réfugiée dans la religion. La situation se dégrade quand son père meurt en duel, laissant sa veuve et sa fille dans une dégringolade annoncée. C’est son oncle qui “sauve” la petite famille en les hébergeant à Paris, touché par la beauté et la force de caractère de la jeune fille. Il endosse même le rôle de recteur, lui permettant de façonner Isabelle à son envie. Aristocrate brillant, libertin, jouisseur et manipulateur, il accompagne la jeune fille dans sa découverte du monde. Apprendre à se maîtriser, cacher ses sentiments, “lire” les autres et les manipuler, l’apprentissage sera long, très sensuel et souvent difficile pour ce duo inattendu…

Toutes les qualités que j’ai trouvé dans le premier épisode sont de nouveau présentes. La subtilité des rapports humains, l’intelligence des situations et des dialogues et l’évolution psychologique de l’héroïne, tout cela dans une langue ciselée, qui m’a fait vibrer l’imaginaire et les sens.

En plus de ces qualités narratives, le dessin de Djief m’a transporté dans l’époque. Qu’on croise des personnages historiques ou de simples “petits aristos de second cercle”, Djief met en place une immersion totale. C’est simple, j’ai oublié qu’il s’agissait d’une BD et je me suis senti transporté dans un grand film hollywoodien, éclairé à la bougie. Ajoutons en “nota bene” une lisibilité maximale et un dessin sensuel, vous obtiendrez un petit chef-d’oeuvre de BD franco-belge. Vivement que le tome 3 mette un point final à cette sublime mini-série.