Les femmes de Heart Spring Mountain – Robin MacArthur

Par Cpmonstre

Hasard du calendrier, hasard des planètes ou du renversement des lunes, I don't know, j'ai le nez en ce moment dans pas mal d'histoires de femmes et de leur rapport au monde, aux hommes et à la Nature. Et c'est dingue et fort et... je suis fan.

Aujourd'hui, avec la potine Prettyrosemary, on parle d'Amérique. On parle de Nature. On parle de femmes (et d'une chouette borgne). On parle d'un roman au style transcendant.

On parle du premier roman de l'écrivaine Robin MacArthur, édité dans la (sainte) collection " Terres d'Amérique " des éditions Albin Michel. Merci à eux et merci à Léa du Picabo River Book Club.

En août 2011, le Vermont se voit ravager par l'ouragan Irene. Vale, jeune femme ayant fui sa terre natale pour vivre à la Nouvelle-Orléans, apprend par un coup de fil de sa tante Deb que sa mère, Bonnie, femme paumée et toxicomane, est portée disparue depuis la catastrophe. Immédiatement, Val cours à la recherche de sa mère. En revenant dans son lieu de naissance, elle va renouer des liens avec les membres de sa famille et les fantômes qu'elle comporte.

De Marie l'indienne, Lena la sauvageonne, Hazel la mère de famille implacable, Deb l'hippie bourgeoise à Val, la dernière de la lignée, toutes à travers les années et les époques, vont marquer de leur pas la terre et la montagne de Heart Spring.

Si vous me suivez sur Instagram ou Twitter, vous avez sans doute entendu parler de ce roman et du fait que j'ai carrément kiffé le machin. Ce qui n'était pas gagné au départ, je ne vous le cache pas des masses.

Pour vous la faire courte, je me suis retrouvée avec une montagne de boulot de correction assez vite après le début de la lecture et le soir mon temps de cerveau disponible était à la limite du zéro. Ainsi, dès que je lisais une page, déjà j'avais du mal à me rappeler de qui était qui mais surtout j'avais un mal de chien à garder mon cerveau focus sur ce que je lisais. Or, il faut être un minimum concentré quand tu commences un roman pareil car ce n'est pas le genre à te garder éveillée par les rebondissements ou les retournements de situation. Quoique... QUOIQUE (j'y reviens dans 2 min).

Donc ça c'était le postulat de départ qui partait pas gagnant-gagnant. Et puis bon un matin, je me suis mise dans mon fauteuil, j'avais besoin urgemment d'une pause dans le boulot et j'ai pris le bouquin comme ça, sans réfléchir à ce qu'il se passait et je me suis laissée couler comme un petit bouchon dans le courant d'une rivière.

BANCO PEPITO

Lire Les femmes de Heart Spring Mountain c'est comme rentrer en méditation. J'sais pas si vous avez déjà essayé mais au début, c'est dur, l'esprit s'échappe et on se surprend à penser à sa liste de courses avant de dire ouf. Et puis, avec de l'entraînement, de l'habitude, du lâcher prise, ça y est on y est.

Ici on est embarqué dans un roman éclaté, un roman choral où les différentes voix de femmes se répondent à travers les époques sur leur montagne du Vermont. On est comme en transe, dans un flux d'apaisement, porté par le récit, par l'écriture, par ces images de nature rebelle, bienveillante et libre qui enchante, transporte. On est avec Lena (meilleur personnage du roman) et sa chouette Ottie, dans la forêt ; on est avec Deb à écouter de vieux disques et à empoter les légumes du potager ; on est avec Val à la recherche de ses racines, dans sa (re)construction, dans son éveil à mesure qu'elle s'ancre dans la montagne ; on est avec Hazel la doyenne de la famille qui perd la boule plongée dans ses vieux souvenirs.

L'histoire se laisse découvrir comme une petite biche effarouchée et qui petit à petit, avec timidité, t'emmène dans son sillage, entre les arbres, le silence de la nuit et le bruit de la rivière en contre-bas. Elle te dévoile bien plus que ce que tu pensais croire et seulement si tu es prêt. Et je parlais de rebondissements et retournements de situation tout à l'heure, à sa manière il y en a. Il y a des secrets, des non-dits qui ont bousillé la vie de ses femmes qui vont devoir apprendre à conjurer le malheur.

Et puis l'écriture de Robin MacArthur, dingue. Américaine. Maîtrisée. Tout ce que j'aime. Ça a le rythme, la poésie et l'émotion d'une chanson de Leonard Cohen (qu'elle cite d'ailleurs à un moment donné). Du Nature Writing dans un récit de femmes, voilà ce dont j'avais besoin.

pour que je tombe in love de ce roman.

Moi qui en ce moment rêve de partir vivre à la campagne pour avoir mon potager et des poules, je suis très réceptive à toute cette littérature prônant le retour à la Nature, la fuite de la vie citadine et l'autosuffisance grâce à la culture de ses propres fruits et légumes. Je souffre un peu de la vie en centre ville, où tout ce que tu vois de tes fenêtres ce sont tes voisins et grâce aux lectures, grâce à ce roman en particulier, j'arrive à trouver dans l'imaginaire un peu de nature et d'air frais.