Le paradoxe du bonheur de Aminatta Forna

Par Krolfranca

Le paradoxe du bonheur

Aminatta Forna

Traduit de l’anglais par Claire Desserrey

Delcourt

Janvier 2019

413 pages

Un soir de février 2014 à Londres, un renard traverse un pont et une femme percute un passant. Le hasard. Les rencontres se jouent parfois à un dixième de seconde. Surtout lorsqu’elles sont percutantes. En avril 1834, le dernier loup a été abattu dans le Massachusetts. Un lien entre ces deux événements ? Oui, il y en a un… il passe par des coyotes…

Des renards, des coyotes, des animaux que certains voudraient qualifier de nuisibles, comme ces hommes de l’ombre, ces invisibles qui balaient les rues, ces exilés, qui sont capables de s’unir, de s’entraider pour chercher un enfant disparu. Un roman sur ces rencontres improbables, un roman qui donne la part belle aux altruistes.

J’ai été particulièrement émue par le personnage de Rosie, atteinte de la maladie d’Alzheimer, qui reconnait la bonté des être humains sans se souvenir de leur visage ou de leur nom.

J’ai été très intéressée par les développements sur la psychiatrie, j’aurais volontiers recopié des passages entiers sur ce qu’on nomme expériences traumatisantes et sur les erreurs d’interprétation des signes extérieurs de déséquilibre mental, sur la notion de résilience (l’auteure s’est inspirée du livre de Boris Cyrulnik). Ceux qui ont le plus souffert ou qui ont subi le plus de traumatismes ne sont pas les moins aptes au bonheur…

Je me suis attachée aux renards et même aux coyotes, et ce n’était pas gagné… en ce moment ils déciment ma population de gallinacées (les renards, pas les coyotes). Les descriptions de leur mode de vie et les réflexions de Jean, la scientifique américaine sont très convaincantes.

Les incursions de moments du passé des deux personnages principaux nous permettent de mieux les connaître, en profondeur.

J’ai apprécié ce roman, riche, foisonnant, passionnant, mais il manque, à mon sens, du liant (cette alchimie qui permet de tisser une relation entre tous les chapitres sans forcément que cela soit explicite). J’ai trouvé ça, parfois, un poil trop décousu. Pendant la première moitié du roman, je ne comprenais pas où voulait en venir l’auteure et j’avais l’impression que ça partait dans tous les sens.

Mais globalement, c’est un très bon roman.