Aristophania, tome 1 – Le Royaume d’Azur

Par Un_amour_de_bd @un_mour_de_bd

Chronique « ARISTOPHANIA, tome 1 – Le Royaume d’Azur »

Scénario de XAVIER DORISON
Dessin de JOËL PARNOTTE

Public conseillé : Ado / Adultes

Style : Aventure fantastique
Paru le 18 janvier 2019 aux éditions DARGAUD,
64 pages couleurs
14,99 euros
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Ça commence comme ça…


Marseille 1900. Clément, un simple ouvrier de fonderie, mène une vie heureuse. Pourtant, s’il est apprécié par ses collègues, ses derniers ignorent tout de sa vie personnelle. A la sortie de l’usine, une vieille femme élégante l’attend. Elle l’emmène dans sa voiture et lui demande de “quitter immédiatement l’azur, et rejoindre le second royaume”. Mais elle ignore que Clément a une femme et des enfants…
Plus loin, un géant se tient sur la route. A leur rencontre, c’est la voiture qui part dans le décors, tandis que l’homme ne bronche pas. Sortant du véhicule, Clément, que ce dernier appelle “Arl-in Stagaart” se jette sur lui. Ne pouvant gagner (l’armure du “??” est impénétrable), il se saisit d’un couteaux du laquais pour se suicider

Ce que j’en pense


Une nouvelle série de Xavier Dorison (scénario) et Joël Parnotte (dessin), ça ne se refuse pas. Le duo nous avait régalé précédemment du “Maître d’arme”, qui nous entraînait à la fin dans un duel hivernal à mort, à la fin moyen-âge.
L’ambiance de leur nouvelle série (prévue en 4 tomes) en radicalement différente. Direction, le tout début du 20e siècle industriel, dans le sud de la France. Là, Clément, un ouvrier comme les autres, trouve la mort dans un combat fantastique et titanesque… Neuf ans plus tard, tandis que la situation est toujours plus difficile, la comtesse Aristophania, la vieille femme qui était à ses côtés au moment du drame, prend sous son aile les trois orphelins. Pour les protéger de forces inconnues, elle les emmènent sur ses magnifiques terres dans le Vaucluse. Là, une sorte de magie naturelle opère, faisant “revivre” les 3 enfants, que la curiosité pique de plus en plus… On pense à “Peter Pan”, façon Loisel, et à “Marry Poppins” où là aussi une étrangère éveille des enfants à la magie…

Dorison est vraiment un maître. Il passe avec facilité d’un genre à l’autre. Bien entendu, cela n’est possible que par un gros travail de documentation, et une belle maîtrise de la narration. Pour ce récit, c’est un mélange d’ambiances assez étonnant qu’il nous offre, une fantasy à l’accent du sud (à la Pagnol). A l’opposé de ce décors naturel et “magique”, il oppose l’ambiance misérable des ouvriers (à la Dickens), qui est le terreau où ont grandi les enfants. Qu’est ce qui se cache derrière le paravent du quotidien ? Qui est vraiment la comtesse Aristophania et quel monde peut-elle leur révéler ? Xavier Dorison construit patiemment son intrigue pour nous donner envie, comme ses trois petits héros (Callixte, Victor et et Basile), d’y plonger…

Joël Parnotte donne vie au récit de Dorison. Son trait nerveux et vivant met en scène chaque scène (quotidien, comme fantastique) de la vie des enfants avec une lisibilité maximale. L’encrage me fait penser à Loisel (justement !), car il travaille beaucoup l’expressivité et les attitudes corporelles. La “caméra” mouvante et les décors bien présents. rien à redire, à part un “bravo” à ce duo ultra cohérent qui nous embarque (pour 4 albums) dans un univers graphique aussi original que touchant.

Cette chronique fait partie de la « BD DE LA SEMAINE ». Réunion chez Moka, cette semaine.