C'est lundi, que lisez-vous? #233

Par Vivrelivre @blandinelanza

Coup de coeur pour ce (grand) album qui lie à une histoire d'amour de vrais tableaux de maîtres, qui allie l'histoire sociale et du quotidien à l'histoire de l'art flamand.

Rien que le titre devrait vous faire penser au nom d'un tableau, même s'il est quelque peu changé!

Marijke est une jeune servante chez les Van de Velde. Nous la suivons dans son quotidien, ses tâches ménagères, dans les différentes pièces de la maison, un peu dans le jardin, un peu dans la ville. Un jour, elle trouve une graine qu'elle plante. Il ne se passe rien puis la plante pousse, grandit, s'étoffe, s'endurcit, tant et tant que Marijke grimpe sur elle pour voir ce qui se trouve derrière le mur.

Par trois fois, trois jours de suite, elle découvrira un paysage fabuleux, changeant. Un de printemps, un d'été, un d'hiver. Dans chacun, elle verra des gens œuvrer, travailler, se reposer,un fleuve, des champs et des moissons, des jeux d'enfants...et surtout, un jeune garçon qui l'interpelle. Il s'appelle Gerlof. Mais quand elle veut lui dire son nom, elle en est toujours empêchée. Sa maîtresse l'appelle pour astiquer les étains,, lustrer les chandeliers, poncer le lustre... Elle n'a pas une minute à elle...

Le quatrième jour, la plante n'est plus. Elle est toute desséchée mais en haut du mur, un visage rieur se penche et lui promet que tous deux se reverront, qu'il sera peintre et qu'il fera son portrait. En guise d'adieu, il lui donne un ruban auquel est attachée une perle...

Vous devinez la suite.

C'est vraiment une très belle et délicate histoire et les illustrations le sont tout autant! la page reproduit une toile sur laquelle se crée un tableau. La toile se roule, les instruments de peinture se dévoilent et l'histoire ainsi se crée... Quelle belle mise en abyme!

Dans la savane, une hyène est triste.
Elle ne s'aime pas comme elle est, se trouve trop... ou pas assez... enviant les attributs des autres animaux. C'est ainsi qu'elle en vient à leur proposer de curieux échanges : sa truffe contre la trompe de l'éléphant, ses pattes contre celles du zèbre, etc. Et de se transformer tant physiquement que dans sa dénomination.
On est bien d'accord, cela devient vite du n'importe quoi! " hippochacrocozèbéléhyénetruche" !!! Mais comment cela pourrait-il s'arrêter ? Qu'est-ce qui pourrait faire que la hyène s'accepte telle qu'elle est?
Un album jeunesse qui aborde avec humour, dans les mots comme dans les dessins, les questions des complexes, de la confiance/estime de soi, du regard des autres et de la quête d'identité.

Cet album est la parution italienne de " La pilote du ciel", paru en 2017 chez Alice Editions. J'ai beaucoup aimé lire en italien, d'autant que cela faisait longtemps :-) Cette langue est si belle que, bien vite, mes souvenirs me sont revenus et ont embelli ma lecture!

Ilaria (Ysée dans la version française) ne parle pas. Elle n'a jamais prononcé ni le moindre mot, ni le moindre murmure. Pourtant, elle aime les mots mais elle n'arrive pas à les laisser s'échapper. Aussi, trouve-t-elle le moyen de les libérer. Elle dessine et crée son avion, en forme de poisson, et jette du haut du ciel des petits papiers sur lesquels elle a écrit...

C'est ainsi que l'un d'entre eux tombe dans les mains d'Alberto (Albin), qui rêve de voguer sur la mer mais qui ne se résout pas à quitter son rocher. Les mots écrits lui donnent le courage de partir à l'aventure pour retrouver cet avion. C'est ainsi qu'il se lance à sa poursuite...

Voici un album empli de douceur, de bienveillance, et d'altruisme pour exprimer le pouvoir des mots, ce qu'ils nous encouragent à accomplir, pour le meilleur.

J'aime beaucoup les dessins, très tendres, les coups de crayons visibles, le bleu qui s'en échappe.

ROMAN ADO

Voici un roman qui parle au coeur. Un roman dans lequel un secret de famille se transmet, entachant, abîmant ,les relations familiales sur trois générations. Nous découvrons ainsi trois filles/femmes, à trois époques différentes, à trois moments-clés de leur existence.

Un roman dont je vais bien vite vous parler davantage, en espérant que j'arrive à trouver les (bons) mots, en lecture commune avec Pauline et Cécile.

BD

Sacha et Tomcrouz

Scénario: Anaïs HALARD

Dessin: Fabien QUIGNON

Editions Soleil, collection "Métamorphose", mars 2017 et octobre 2018

Sacha est un garçon très populaire à l'école et qui aime ça! Il vit seul avec sa mère, une antiquaire excentrique. Son papa a disparu voilà deux ans.

Pour ses dix ans, il rêve d'avoir un rat très intelligent et s'en vante auprès de ses camarades. Mais s'il reçoit bien un animal, c'est en fait un chien, un chihuahua, maladroit et qui n'en fait qu'à sa tête... Il le baptise Tomcrouz du nom de l'idole de sa maman.

La première nuit, Tomcrouz s'en va fureter dans la maison et pénètre dans l'atelier paternel où il met bien vite le bazar jusqu'à être recouvert d'une gelée incandescente...

Le lendemain, avant d'aller à l'école, Sacha décide d'aller dans la boutique de sa mère, voir l'épée viking qu'elle a brandie la veille... Tomcrouz éternue et les voilà tous les deux transportés au temps des Vikings...

Dans le deuxième tome, après avoir été à la plage avec des amis et leurs parents, Sacha va avec eux à la fête foraine, mais alors qu'ils sont dans une attraction, Tomcrouz éternue à nouveau alors que Sacha a une petite cuillère royale dans la main... Les voilà aussitôt transportés au temps de Louis XIV, alors que celui-ci n'est encore qu'un enfant.

J'ai nettement préféré le deuxième tome au premier, dont j'ai trouvé la partie Viking trop courte et très clichée. Le deuxième est bien plus construit avec davantage d'Histoire et d'anecdotes. Et on apprend un peu plus sur le père...

Chaque histoire ne manque pas d'humour et contient deux types de fiches (j'aime beaucoup).

  • Une fiche " Prends-en de la graine " où la mère de Sacha propose une leçon d'Histoire sur l'objet, déclencheur du voyage.
  • Une fiche " Einstein " où Sacha explique une expérience scientifique réalisable par le lecteur et qui, dans l'histoire, lui permet de sortir d'une situation difficile.

Le dessin ne me plaît pas plus que cela, mais ne me déplaît pas non plus. Les couleurs sont belles par contre, comme l'objet-livre.

Agata - Tome 1 - Le syndicat du crime. Olivier BERLION. Editions Glénat, janvier 2019

1931-1932

Agata a 19 ans, est Polonaise, et vient d'arriver à Chicago après avoir avorté clandestinement. Elle réside chez un ami de son oncle, James, qui tient un bar et garde souvent son cousin, Pete d'une dizaine d'années. Son oncle dirige une cimenterie et souhaite remporter le marché de la construction d'une digue dans le New-Jersey.

Mais c'est sans compter la mafia sicilienne, installée à New-York, et qui elle aussi veut ce marché. Ils ont bien essayé de l'en dissuader mais Adam a tenu bon. Mais la Mafia sait faire pression... C'est en voulant sauver Pete qu'Agata est enlevée... Ceci contrevenant aux ordres...

Parallèlement à l'histoire d'Agata, qui offre finalement que peu de planches à ce premier tome, nous suivons l'ascension de Charlie "Lucky" Luciano, mafieux sicilien, qui parvient à éliminer son chef et le chef rival qui souhaitait lui faire la peau et à changer l'organisation mafieuse. Fini le " capo di tutti capi", finie l'organisation "familiale", il veut un fonctionnement d'entreprise avec un conseil d'administration qui prendrait de manière collégiale les décisions, et ne veut plus que des exactions soient commises sur des tiers. (Il me ferait presque penser à Ciro di Marcio dans Gomorra).

Nous découvrons un homme à multiples facettes, sans scrupules, insaisissable et une jeune fille douce, meurtrie, douée au piano et qui a su se faire apprécier.

J'aime beaucoup le dessin (et ses couleurs), de facture classique certes, mais qui convient parfaitement à l'époque décrite, et qui nous immerge dans l'atmosphère de ces années qui suivent le krach boursier.

L'album se clôt sur un cahier graphique, nous présentant, entre autre,s plusieurs études de l'auteur sur son personnage d'Agata, qui se trouve être très belle telle qu'il a finalement choisi de la représenter.

2/ Que suis-je en train de lire en ce moment?

Un coeur pour deux.Shivaun PLOZZA. Editions Michel Lafon, 24 janvier 2019

Marlowe a 17 ans (quasi 18), un nouveau coeur et reprend les cours au lycée suite à une longue interruption... forcément. Mais après le surnom de "La Mourante", lequel va-t-on lui attribuer désormais?

Elle vit avec son jeune frère, Pip, un garçon énergique et même excentrique qui adore les déguisements et les couleurs pimpantes, et avec sa mère, une végane militante qui vient d'ouvrir son commerce juste à côté de la boucherie, ce qui ne va pas sans heurts...

Quant à son père, il est parti il y a plusieurs années avec une jeune femme... et c'est à lui qu'elle doit ce prénom... original.

Marlowe voudrait connaître la famille de son donneur, pouvoir le et la remercier (même si elle ne sait pas comment). Mais ces derniers souhaitent rester anonymes. Et cela la ronge. Suite à son inscription à un groupe Facebook, elle pense avoir trouvé le nom de son donneur...

Outre les battements de son coeur et leur régularité, qu'elle contrôle, elle se demande si ce nouveau coeur ne comporte pas un peu de son ancien "propriétaire", si une part de lui, de ses aptitudes, de son caractère ne se trouve pas dans cet organe... Car il lui faut bien le reconnaître, elle semble plus sûre d'elle, rétorque, affirme, provoque même... chose que l'ancienne Marlowe n'aurait jamais osé faire auparavant...

J'aime beaucoup ce roman ado, qui, à bien des égards mais surtout celui du ton, me renvoie à celui de Susin Nielsen, Les optimistes meurent en premier.

3/ Que vais-je lire ensuite?

Présentation de l'éditeur: Les Hauts de Hurle-Vent sont des terres balayées par les vents du nord. Une famille y vivait, heureuse, quand un jeune bohémien attira le malheur. Mr. Earnshaw avait adopté et aimé Heathcliff. Mais ses enfants l'ont méprisé. Cachant son amour pour Catherine, la fille de son bienfaiteur, Heathcliff prépare une vengeance diabolique. Il s'approprie la fortune de la famille et réduit les héritiers en esclavage. La malédiction pèsera sur toute la descendance jusqu'au jour où la fille de Catherine aimera à son tour un être misérable et fruste. Ce roman anglais, le plus célèbre du XIXe siècle à nos jours, a été écrit par une jeune fille qui vivait avec ses soeurs au milieu des landes de bruyère. Elle ne connut jamais cette passion violente ni cette haine destructrice. Elle imagina tout, même le fantôme de la femme aimée revenant tourmenter l'orgueilleux qui l'a tuée.