La Venin – tome 1 – Déluge de feu

Par Un_amour_de_bd @un_mour_de_bd

Chronique « LA VENIN – tome 1 – Déluge de feu »

Scénario & dessin de LAURENT ASTIER

Public conseillé : Ado / Adultes

Style : Western réaliste / Aventure
Paru le 9 janvier 2018 aux éditions RUE DE SÈVRES,
66 pages couleurs
15 euros
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ça commence comme ça…


Juillet 1885. Dans un bordel de la Nouvelle Orléans, Emily, une fillette, espionne sa mère prostituée en compagnie de ses clients. Quand cette dernière remarque sa présence, elle chasse la fillette dans sa chambre auprès de ses chers bouquins.
Furieuse, Emily s’enfuit par la fenêtre, après lui avoir volé quelques billets…
Colorado, Juillet 1900, 15 ans plus tard,,. Le train amène une jolie demoiselle dans la petite ville de l’Ouest sauvage, Silver Creek. A son arrivée, sa beauté ne passe pas inaperçue…
Ne connaissant pas la région, Emily demande son chemin. Elle cherche la maison de Benjamin Cartridge, mais elle apprend, tout en larmes, que Benjamin est mort depuis deux semaines… Emily était venue épouser cet homme qu’elle ne connaissait que par des échanges épistolaires… Mais que peut-elle bien faire dans cette ville pour survivre ?

Ce que j’en pense


Le dessinateur Laurent Astier nous avait habitué à son style polymorphe qui allait du docu-fiction “L’Affaire des affaires” jusqu’à l’historique (“Comment faire fortune en 1945” – Fabien Nury au scénario), en passant par le polar contemporain (« Cellule poison ») Avec sa nouvelle série aux éditions “Rue de Sèvres”, il s’attaque en solo au genre “Western” à tendance réaliste.
Pour cela, il nous embarque dans le sillage d’une jeune femme au caractère bien trempée, nommée Emily. La demoiselle n’a pas connue une jeunesse dorée. Loin de là, fille d’une putain de salon, elle n’est ni désirée, ni comprise par sa mère, et s’enferme facilement dans ses références littéraires.
Après un bref flash-back qui explique son passé, la voici 15 ans plus tard dans une petite ville pourrie de l’ouest Américain. Elle se présente comme une véritable “oie blanche”, mais accepte facilement de reprendre le métier de sa mère dans le saloon du bouge. Profitant de sa beauté exceptionnelle, la demoiselle se permet néanmoins de choisir ses clients.

Mais les masques tombent rapidement. A l’arrivée du sénateur Mc Grady, Emily se révèle être une tueuse exceptionnelle, qui n’était là que pour accomplir sa mission… S’ensuit une folle course-poursuite, dans laquelle Emily traverse avec une détermination sans faille les territoires hostiles, en tentant de semer ses poursuivants (les fameux agents de Pinkerton).

Ce premier volume des aventures d’Emily est tout sauf reposant. Laurent Astier compose un portrait de femme forte et déterminée que rien n’arrête, même pas la morale. Quels sont ses raisons et ses buts ? C’est encore difficile à dire à la fin de l’épisode, mais les lecteurs en ont pour leur argent.
Laurent Astier se sert de cette fuite en avant pour peindre un personnage complexe et la société américaine en 1900. Non, les indiens ne sont pas des sauvages, mais des hommes qu’on a spolié de leurs territoires et leurs droits. Non, la cavalerie n’est pas là pour sauver la veuve et l’orphelin. Et oui, les hommes sont aussi lâches et vils qu’on l’imagine… Dans ce décors si mauvais, Emily semble s’être juste “adaptée” à la situation. Le monde ne lui fait pas de cadeau ? Et bien, il en sera de même pour elle !

Côté dessin, Laurent Astier compose un trait réaliste à la plume, qui peut paraître légèrement “rigide”, mais toujours d’une lisibilité maximale. Avec son sens du découpage et du rythme, il nous offre des plans sont variés et une écriture visuelle au top. Seules, les couleurs (souvent traitées en camaïeux) me semblent un peu “fades”. A part cela, j’ai pris un vrai plaisir à suivre l’histoire de la belle Emily. Ou nous emmènera-telle ? Difficile à dire, mais moi, c’est sûr, je pars avec elle.