Atelier d’écriture

Par Aufildesplumes

© Tony Wan

Elle se tenait dans la pénombre, silencieuse. Le miroir lui renvoyait son reflet sombre. Son expression semblait impassible mais ses yeux trahissaient sa souffrance. Elle commença à enlever le maquillage blanc qui recouvrait son visage. Là où naguère la peau était laiteuse, des tâches noires apparaissaient. Le maquillage avait dissimulé jusque là la meurtrissure des coups portés. Seul un peu de sang séché sur le bord de ses lèvres trahissait la violence dont elle avait été victime. Une fois entièrement démaquillée, elle observa son visage tuméfié dans le miroir. Son œil commençait à gonfler et son nez semblait casser. La Geisha naguère si belle s’était transformée en vulgaire bout de viande entre les mains de ce riche client imbibé d’alcool. Dans la noirceur de son alcôve, elle commença à pleurer.

Soudain, la voix de son okâsan se fit entendre dans son dos. « Une geisha jamais ne pleure. » Elle se retourna vivement toujours agenouillée. Elle leva un regard implorant à la vieille femme, mais la tenancière n’eut aucune pitié. « Demain, tu te farderas plus. Le client a payé le double du prix convenu. Tu as à nouveau rendez-vous avec lui. » La jeune femme étouffa un sanglot. L’okâsan sortit sans un regard. « Une geisha jamais ne pleure ».

Pour lire les textes des autres participants de l’atelier d’écriture, rendez- vous sur le blog Bricabook.