Uncanny X-Men #1

Par Noisybear @TheMightyBlogFR

Une nouvelle ère commence pour les X-Men avec une série unique hebdomadaire portant le titre emblématique de Uncanny X-Men. A l'instar de ce que les Avengers ont vécu l'année dernière, Marvel Comics propose une grande saga en 10 parties écrite à six mains puisque Kelly Thompson, Ed Brisson et Matthew Rosenberg dirigent cette sage intitulée X-Men: Dissambled.

Un nouvelle ère commence pour les X-Men mais la précédente n'est pas encore terminée puisque nous attendons encore la fin de Extermination qui marque la fin d'une époque - celle ouverte par All-New X-Men de Brian Michael Bendis. Il s'agit encore d'un choix éditorial douteux de nous présenter ce "renouveau" alors que nous attendons la conclusion de la saga de Ed Brisson - mais aussi la fin de X-Men Red - dans quelques semaines. Mais, je vous rassure : cela ne révèle pas grand chose de la mini-série en cours à part qu'on note l'absence très remarquée de certain·e·s mutants et mutantes.

Le fait est que cette nouvelle ère commence avec une saga construite comme Avengers: No Surrender, à savoir écrite par 3 architectes dans l'idée de nous offrir une saga autonome que nous pourrons relire dans quelques années. Sauf qu'à la différence de l'histoire sur les Vengeurs, Thompson, Brisson et Rosenberg semblent destiné·e·s à conserver ce rôle après. Du coup, les scénaristes montrent aussi dans quelle direction la licence va durant les prochaines années. Sauf si echec commercial ou créatif comme ce fut le cas avec Extraordinary X-Men de Jeff Lemire que ce premier numéro de Uncanny X-Men semble avoir effacé de nos mémoires.

Concrètement, ce numéro commence avec une attaque insensée d'une armée de Multiple Man contre les X-Men. Tout le reste du numéro montrera des phénomènes étranges qui arrivent à différents X-Men et qui semblent presque tous impliqués Jamie Maddox.

Ce numéro sent l'hommage aux années 90. Ce qui n'est pas étonnant puisque le pool de scénariste annonce déjà qu'il était fan des X-Men depuis longtemps : Ed Brisson a montré avec Cable et Extermination son amour pour cette époque ; Matthew Rosenberg semble attaché à la fin des années 80 et début des années 90 lorsque les X-Men vivaient en Australie dans le titre Astonishing X-Men et celui du premier X-Factor de Peter David dans la série solo de Multiple Man ; quant à Kelly Thompson elle montre son amour pour les X-Men de Chris Claremont et Dave Cockrum mais, aussi, pour Excalibur de Alan Davis avec Mr. & Mrs. X.

Et c'est peut-être mon problème avec ce premier numéro - qui d'un point de vue écriture, tension et dialogue est pourtant très solide : une nouvelle ère commence en ancrant l'histoire dans le passé des mutants. En somme rien de nouveau malgré la folie de la situation, les back-up stories chacune écrite par l'un des scénaristes et dessinés par Mirko Colak, Ibarim Roberson et Mark Bagley ne nous donnent que des indices pointant vers des figures emblématiques de Age of Apocalypse - alors que certaines sont censées être mortes.

Même la situation face au Sénateur rappelle mille histoires de Claremont autour du Sénateur Kelly. Bien évidemment, avec Jean Grey en face de cet homme qui déteste les mutants, nous pensons au premier épisode de X-Men Red mais sans le twist qui apportait de la nouveauté. Ici, nous voyons à nouveau les mutants et les mutantes protéger un homme qui les déteste face à une énième menace mutante.

Tout cet épisode regarde vers le passé malgré certains visages plus récents. On retrouve même le MLF. Et même si les dialogues apportent de l'humour meta, nous restons ancrés dans des histoires passées pour plaire à un lectorat vieillissant ne jurant que définitivement aux histoires qu'il a lu durant son adolescence. J'ai aimé cette époque mais depuis j'ai lu ce que Joe Kelly, Grant Morrison, Joss Whedon, Mike Carey, Jason Aaron, Brian Michael Bendis, Charles Soule et Tom Taylor ont fait. Les X-Men ont su évolué, ont su montré de nouvelles facettes, faire face à de nouveaux problèmes, à moderniser leur image afin d'apporter un regard nouveau sur notre société. Mais Marvel préfère nous apporter les conséquences de Age of Apocalypse plus de 20 ans plus tard.

Cette une ombre sur le tableau gênant qui gâche la fête orchestrée par Thomspon, Brisson et Rosenberg qui offrent du grand spectacle et un mystère bien pesant. Mahmud Asrar assure aussi côté illustrations même si on sent qu'il a eu du mal à tenir la cadence sur les 32 pages qu'il dessine et encre lui-même. Côté couleur, c'est un peu la même pour Rachelle Rosenberg qui offre un travaille très inégale - mais largement mois que sur les back-up stories colorisées par Guru-eFX sur lesquelles c'est une catastrophe. D'un autre côté, l'épisode propose un rythme effréné avec un casting très large et diversifié, de nombreux artistes se seraient cassé la figure. Asrar et Rosenberg s'en sortent donc très bien finalement.