" L'eau m'appelait. Telle une sirène par une nuit brumeuse, attirant par sa voix mélodieuse les marins esseulés à s'approcher. Leur offrant la promesse d'une compagnie, avant de les faire finalement sombrer dans les profondeurs abyssales jusqu'à ce que la vie les quitte et que l'onyx, tourbillon d'eaux caverneuses, tâche de les engloutir pour de bon.
Le lac se muait en un lieu sinistre, à la nuit tombée. Le faible clapotis de l'eau s'écrasant contre les galets, l'odeur d'humidité ambiante, et la manière dont le ciel paraissait se rapprocher bien plus de l'homme, du moins c'était l'impression que donnait le brouillard épais, flottant bas et écrémant la surface de l'eau qui oscillait constamment. Ces phénomènes ne détenaient pas nécessairement une connotation lugubre pour d'autres, mais ils réveillaient une noirceur enfouie en moi. Un état d'esprit tapi en permanence sous la surface, sous le sourire facile que j'adressais aux gens dans la rue et à mes proches.
Bien que cet état d'esprit soit déplaisant, je ne pouvais le tenir éloigné. C'était une étrange sorte d'addiction, parfois un désir compulsif intense. On dit que les personnes dépendantes le sont car elles en tirent quelque chose. Quel que soit l'objet de leur addiction, il répond à un besoin, comble un certain vide dans leur vie.
C'est vrai. En tout cas, ça l'est pour moi. "