Journée Mario Ramos ce mercredi 7 novembre

Par Lucie Cauwe @LucieCauwe

Rue Loquenghien à Bruxelles. (c) V;R.


Ce mercredi 7 novembre, date de sa naissance en 1958, sera célébrée la sixième journée Mario Ramos, décédé le 16 décembre 2012. Depuis 2013 (lire ici), à l'initiative de sa famille, de ses proches, de ses amis, de son éditeur Pastel et du CLJBxl (Centre de littérature de Jeunesse de Bruxelles), le 7 novembre est le jour où plus que d'autres encore, on relit les albums de Mario, chez soi, en classe, en bibliothèque, en librairie. Pour rire et trembler avec lui, écouter ses messages de sage, savourer ses images. Pour le faire vivre. Parce que, il l'a tant répété, "Lire, c'est magique".
Cette année, la #JournéeMarioRamos est précédée de deux événements.1
La publication il y a quelques jours de l'anthologie "Histoires de loups" (l'école des loisirs/Pastel, 160 pages) reprenant les quatre titres suivants de Mario Ramos traitant de loups: "C'est moi le plus fort", "Mon ballon", "Le plus malin" et "Le loup qui voulait être un mouton". A partir de 4 ans.
Les albums sont accompagnés d'une préface signée Andrea Neve, épouse de Mario. "Bref", y conclut-elle, "sous une apparente simplicité d'image et de langage, Mario nous offre un éclairage complexe du jeu collectif pour apprendre à comprendre et à se comprendre. Ses histoires regorgent ainsi de pistes pour s'initier à l'univers humain, amenant le lecteur à s'identifier à tel ou tel personnage, à se reconnaître ou à reconnaître l'autre dans telle ou telle situation."

"C'est moi le plus fort". (c) l'école des loisirs/Pastel.


"C'est moi le plus fort" 2001
Quand le loup en couverture affirme "C'est moi le plus fort", personne ne songe à le contredire. On suit l'animal dans sa promenade de digestion et de réassurance. Tous ceux qu'il croise le confortent dans son sentiment de force: aussi bien le lapin de garenne et le petit chaperon rouge que les trois petits cochons et les sept nains zinzins de travail...
De jolies scènes sur fond blanc, graphiquement étudiées, alternent avec des doubles pages à bord perdu où le loup gonfle de fierté. Il se sent vraiment le plus fort, jusqu'à ce qu'une espèce de petite chose verte le contredise: sa maman serait plus forte que le loup! Qui a raison? Surprise en fin d'un album fort bien construit. La fin de l'histoire éclaire différemment toutes les pages qui ont précédé. Quelle pirouette! Une blague, une bonne, comme celles qui fascinaient le dessinateur. Solitaire quand il travaillait dans son atelier, convivial quand il menait des animations avec les enfants ou dédicace des albums.

"Mon ballon". (c) l'école des loisirs/Pastel.


"Mon ballon"2012
"Mon ballon" réunit les marottes de l'auteur-illustrateur belge: détourner des contes connus au profit d'une histoire personnelle. On retrouve le Petit Chaperon rouge, si cher au Bruxellois. Il va montrer son ballon à sa grand-mère et chantonne: "Promenons-nous dans les bois…" Mais ceux qui se promènent ne sont pas ceux qu'on croit. Et on ne découvre les animaux promeneurs, de sacrés grands formats, qu'après avoir résolu (ou pas) des devinettes. De quoi bien égarer les esprits et, surtout, bien s'amuser.
Chaque grosse bête rencontrée est l’occasion d'une mini-histoire. Pendant ce temps, la petite fille vêtue de rouge poursuit sa promenade, suivie d'arbre en arbre par un oiseau, rouge aussi, qui l'observe, seul ou en compagnie d’un autre volatile.
Elle complète de plus en plus sa chansonnette. Jusqu'à la finale attendue: "Comme le loup n'y est pas, il nous mangera pas. Loup, loup, y es-tu?" La réponse ne va pas tarder. Elle est même tapie derrière un arbre. Elle dévore la fillette des yeux. Puis, ayant observé qu'il n'y avait pas de chasseur en vue, elle se découvre d'un coup, de manière effrayante.
Mais on peut compter sur Mario Ramos pour que le loup ne parvienne pas à ses fins. On ne dira rien de la finale, complétée d’une autre finale. "Mon ballon" est un album joyeux, riche d'histoires imbriquées les unes dans les autres. Sans oublier que le but du Petit chaperon rouge est de rendre visite à sa grand-mère. 

"Le plus malin". (c) l'école des loisirs/Pastel.


"Le plus malin"2011
Ça commence comme une histoire connue: en chemin vers la maison de sa grand-mère, petit panier au bras, le Petit Chaperon rouge rencontre Grand Loup dans le bois. Mais tout de suite, Mario Ramos fait bifurquer le scénario de cet album. S'il a toujours envie de dévorer l'aïeule et l'enfant, baptisée de jolis surnoms de fruits rouges, Grand Loup se sent surtout capable de jouer au finaud. Bien sûr, l'escogriffe poilu va se ramasser dans les grandes largeurs.
Il faut le voir, vêtu de la chemise de nuit rose de Grand Mère et chapeauté d’une charlotte du même ton, enfermé à l’extérieur puisqu'un courant d'air a refermé la porte de la petite maison. Il n’a qu'une chose à faire: se cacher dans les bois. Là, Grand Loup va faire de drôles de rencontres. Mario Ramos reprend une idée qu'il a déjà exploitée, faire intervenir dans son histoire les protagonistes de contes célèbres, qu'il y soit question de loup ou pas. On voit successivement débouler entre les arbres le chasseur, les trois ours, les trois petits cochons, les sept nains, le cavalier de la Belle au bois dormant…
Si le chasseur a perdu ses lunettes pour de vrai, les autres semblent tous souffrir de troubles de la vue: ils prennent le loup habillé pour la vraie grand-mère et lui parlent comme s'ils étaient face à elle. Pour Grand Loup, c'est assez énervant, pour ne pas dire insultant. Quand le prédateur voit arriver le Petit Chaperon rouge, il salive de joie.
Encore raté. La petite fille a de meilleurs yeux mais: "Grand-mère, ce déguisement de loup est super!" Le loup ne se retient plus. Fou de rage, il bondit sur l'enfant, en oubliant qu'il est habillé d'une robe étroite du bas! Une chute savoureuse pour cet album à fin ouverte, joyeux et mêlant agréablement les contes classiques et une nouvelle histoire.

"Le loup qui voulait être un mouton". (c) l'école des loisirs/Pastel.


"Le loup qui voulait être un mouton" 2008
Petit Loup rêve de voler. Il va voir ses désirs dépassés par la réalité: le louveteau qui s'est déguisé en mouton parce qu'il a bien observé que les moutons volent parfois est en effet enlevé par un aigle! Petit Loup vole donc mais n'est pas au bout de ses surprises ni de ses découvertes. Dont celle, universelle, de savoir qui il est et de trouver sa place sur terre. Au départ d'une histoire pleine de rebondissements, Mario Ramos répond aux questions intimes de chacun.
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Une soirée Mario Ramos ce mardi 6 novembre à la Montagne Magique (57 Rue du Marais à 1000 Bruxelles).


    Au programme:
    • Introduction par Maurice Lomré, responsable de l'école des loisirs à Bruxelles
    • Présentation du nouvel album "Histoires de loups" par Odile Josselin, responsable de la branche éditoriale Pastel de l'école des loisirs et lecture par Deborah Danblon
    • Présentation de deux courts-métrages de la collection "La chouette du cinéma", réalisés par Arnaud Demuynck et Anaïs Sorrentino: "C'est moi le plus fort" et "C'est moi le plus beau".
    • Rencontre avec le concepteur des films, Arnaud Demuynck, animée par Luc Battieuw du CLJBxl
    • Mini-exposition d'originaux de Mario Ramos sur le thème des loups dans le hall du Théâtre La Montagne magique.
    Renseignements: +32 (0)2 428 74 48.