Bien sûr C'est le cœur qui lâche en dernier relève de la science fiction mais contrairement à Aldous Huxley et son Meilleur des Mondes, l'écriture n'est pas arrosée de termes techniques. C'est même très déconcertant de voir à quel point Margaret Atwood s'ingénie à rendre ce futur très probable. Le phrasé est libéré, il y a beaucoup de facétie de sa part, une volonté de faire réfléchir son lecteur de ne pas le laisser insensible tout en l'amusant par des situations relativement cocasses. La paire Charmaine-Stan solide quoique un peu abîmée par des mois de galère fait preuve de ressources insoupçonnées et sacrément de désir. Dans ce nouveau monde, il y a une forme de lâcheté dans l'abandon et aussi une décérébration totale des citoyens : tout part en veille (les consciences comme les corps, appliqués à suivre les consignes et les rites, les esprits endormis par la tiédeur du tout sécuritaire). Pourtant, il n'y a aucun jugement de la part de l'auteure mais plutôt une analyse très fine de la société et des mécanismes qui conduisent des humains victimes des conditions humanitaires indignes à préférer l'autoritarisme... A méditer.
Editions Robert Laffont Traduction de l'anglais (Canada) par Michèle Albaret-Maatsch
et mon tout premier pour le challenge d'Anis