Elvira Mistress of the Dark

Par Noisybear @TheMightyBlogFR

En ce jour d'Halloween, nous nous intéressons à Elvira Mistress of the Dark un comicbook du passé qui raconte les aventures horrifiques d'une star du petit écran.

Elvira Mistress of the Dark est une série qui a été publiée de 1993 à 2006 chez l'éditeur Claypool Comics. Elle est dirigée par Richard Howell qui est à la fois éditeur et co-scénariste de chaque épisode. Il est également le co-fondateur de la maison d'édition qui arrêtera ses publications papier en juillet 2006.

La série est une série d'aventures horrifiques qui est à la fois un hommage aux comics pulp et aux films d'épouvante des années 50 et 60. Ce choix de direction n'est pas anodin.

Tout d'abord, Richard Howell est un habitué du genre horrifique et du fantastique dans les comics. Dans les années 80, il participe en tant que dessinateur à la série régulière The Vision and the Scarlet Witch écrite par lSteve Englehart. Début des années 90, il relance avec l'éditeur Joe Reyes la série Vampirella chez Harris Comics - sur laquelle il invite d'ailleurs de grands noms des comics. On peut le dire sans trop de doute qu'il est intéressé par la sorcellerie et l'épouvante, et c'est donc dans une certaine logique artistique qu'il lance un label dédié à tout cela.

En effet, Claypool Comics n'a pas seulement publié le titre sur Elvira mais aussi des créations originales. Figurent également dans son catalogue la série créée par Peter Davis ( Soulsearchers and Company Incredible Hulk, Deadbeats création de Howell co-écrite par Steve Englehart. Cette dernière a réussi à survivre après la fin des publications papier de Claypool en devenant une websérie à partir de 2006. X-Factor...) et

L'autre raison de cette direction est tout simplement la licence sur laquelle repose cette série. Bien qu'elle porte le titre d'un film, elle est inspirée d'un show TV américain qui a créé une icône de la pop-culture : Elvira. Interprétée par l'actrice Cassandra Peterson, Elvira était l'hôtesse de Elvira's Movie Macabre, une émission diffusée de 1982 à 1986 sur une chaîne câblée de Los Angeles. Elle y interprétait "la maîtresse des ténèbres", une sorte de sorcière au look gothique, presque vampirique. Elle avait pour but de présenter à travers un sketch un film d'horreur de série B qui était ensuite diffusé.

Si le principe de l'émission est fortement inspiré de The Vampira Show, une émission des années 50 animée par Maila Nurmi - qui accuse Peterson et les producteur d'avoir plagié son émission de télé, il ne reste que l'interprétation de Peterson en Elvira ainsi que la tonalité du show et ses gimmicks en ont fait une véritable star, peut-être même plus que certains des films qui étaient diffusés pendant le show.

Elvira aura donc le droit nombreux produits dérivés : trading cards, romans, jeux vidéo, vinyle et même des comics !

En 1986, DC Comics relance sa série horrifique House of Mystery qui s'était arrêtée trois auparavant après 321 numéros. Mais, l'éditeur préfère la renommer Elvira's House of Mystery et nous raconte que Caïn, le gardien de la maison des mystères, s'est absenté et que la mystérieuse Elvira Maîtresse des Ténèbres la remplace. En somme, dans le comic book, elle joue le même rôle de passe plat qu'à la télé. Elle est aussi représentée en tant qu'un être surnaturel qui n'a peur de rien.

Mais Howell décide de ne pas reprendre ce principe mais plutôt celui du film de 1988 Elvira Mistress of the Dark réalisé par James Signorelli avec Cassandra Peterson dans le rôle titre et qui co-écrit le scénario. En soit le film n'est pas une réussite - Peterson sera nominée aux Razzie Awards en tant que Pire Actrice de 1988, mais l'idée est tout de même intéressante puisqu'elle nous montre le quotidien de Elvira à Los Angeles après que son émission soit terminée.

Si l'idée est intéressante, c'est aussi parce que dans le show Elvira's Movie Macabre, le générique présente Peterson sous le pseudonyme Elvira "dans son propre rôle" créant ainsi une entité à part, un véritable alter-ego à l'actrice. Le film va donc faire plonger cette présentatrice de films de série B à la télé dans un véritable récit horrifique - mais toujours avec plein d'humour.

Et c'est donc ce principe que retiendra Howell pour la série en montrant Elvira comme présentatrice d'un show TV qui côtoie dans la vie réelle des événements fantastiques comme si de rien n'était. Ainsi, un casting se crée autour du personnage avec notamment des animaux punks (également vus dans le film), une rivale sans pitié ou une productrice démoniaque.

Très clairement, la série veut mettre en avant le côté bimbo gothique qui a fait de Elvira une star avec un côté sexy mais aussi un caractère en fer forgé qui fait que malgré les monstres qui apparaissent pour la ligoter ou essayer de la manger, elle ne perd pas ni sa répartie ni son sang-froid.

La série va compter 166 épisodes qui suit une direction assez claire malgré le changement d'auteurs assez fréquent. Il faut dire que Howell co-signe les scénario ou les scripts devenant l'âme de la série. Il y a allie ainsi son amour pour le comics pulp et celui pour les films d'horreur des années 50-60, suivant la logique de Elvira's Movie Macabre. C'est d'ailleurs certainement pour cette raison que cette série sera uniquement en noir et blanc, pour conserver ce côté pulp qui lui plaît tant.

Mais, il n'est pas seul à réaliser ces nombreux épisodes. Il recevra au début de la série l'aide de nombreux auteurs très connus de la scène comics et assimilée. Ainsi, le premier épisode est signé Paul Dini au scénario et James Fry aux dessins. L'un des numéros les plus remarqués de la série est l'épisode 7 qui est co-écrit par Kurt Busiek et l'une des histoires est dessinée par Dave Cockrum. D'autres personnalités connues de l'industrie des comics viendront prêter main forte comme le dessinateur Jim Webb ou la scénariste Jo Duffy.

Si la série peut paraître nunuche - il y a clairement un ton léger, Howell fait appel à ces gens aussi pour qu'ils utilisent la série comme défouloir. Il y a clairement une critique du showbusiness notamment en utilisant la productrice démoniaque comme analogie pas très subtile du monde de la télé. Mais, il y a aussi des critiques sur l'industrie des comics, sur l'utilisation et la saturation des phénomènes de mode.

Ce numéro 7 n'a pas cette réputation seulement pour la collaboration entre deux légendes des comics, Busiek et Cockrum, mais aussi parce que le discours qui y est tenu est évocateur. Dans cet épisode, la cheffe d'Elvira veut la faire changer de look parce que son look qui semble tout droit sorti du film Le Bal des Vampires de Roman Polanski est daté. Ainsi, elle fait essayé à la présentatrice différents looks tirés des grands succès du début des années 90. Ainsi nous retrouvons des références à Robocop et à Terminator mais, aussi, à Spawn.

Le ton est clairement bon enfant ne critiquant pas les œuvres en elles-mêmes, ni en voulant regarder vers le passé, il s'agit plutôt des décisions de surfer sur des modes afin de renouveler des succès.

Justement, Richard Howell ne le fera jamais. Jusqu'au dernier épisode, Elvira restera Elvira, fidèle à son canapé, à ses bougies, à son look gothique et à son chien punk.