Redneck Tome 1

Par Noisybear @TheMightyBlogFR

Donny Cates est en train de devenir la superstar chez Marvel Comics mais, à côté, il écrit des titres tout aussi bien en indépendant notamment sur label Skybound de Robert Kirkman qui lui a proposé de publier Redneck, une histoire de vampires perdu*e*s au fin fond des États-Unis dessinée par Lisandro Estherren. Et cette petite merveille est arrivée en France publiée par Delcourt.

La famille Bowman vit tranquillement en plein cœur du Texas. Installés depuis des décennies, ils se sont fondus dans la population ne laissant pas transparaître le fait qu'ils soient des vampires. Mais certains de la ville d'à côté ne l'ont pas oublié. Alors qu'intervient un petit incident, tout vole en éclat et les vampires commencent déjà à craindre pour leur vie.

Donny Cates est un nom qui apparaît de plus en plus souvent, notamment sur le site. Il faut dire qu'il commence à prendre pas mal d'importance chez Marvel Comics qui lui confit de plus en plus de projets d'envergure. Aussi, parce que le scénariste fait un travail tout à fait remarquable du côté des titres indépendants comme sur Redneck qui est le sujet de cette critique. Mais peu importe le livre dont on parle, j'ai coutume de répéter que Cates a un certain talent pour raconter une histoire et c'est en ça que réside toute la force des œuvres sur lesquelles il travaille.

Certes, la trame est somme toute classique avec un point de départ déjà lu récemment dans la série Black Hammer de Jeff Lemire et Dean Orsson. Le fait est que l'histoire démarre assez rapidement pour aller là où on l'attend le moins et, surtout, montrer des vampires sous un angle nouveau.

En effet, dans Redneck, les Vampires ne sont pas les grands méchants. En tout cas, pas ceux que nous apprenons à plus connaître parmi la famille Bowman. Cela ne veut pas dire qu'ils ne sont pas violents ou qu'ils ne savent pas se défendre mais il s'agit de Vampires qui ont passé ces dernières années à boire du sang de vache et qui vont surtout être confrontés à des hommes bien plus perfides et menaçants qu'eux.

Et c'est cela qui surprend le plus lorsque nous avançons dans le récit de ce premier volume, les vampires sont habituellement dépeints comme des prédateurs, alors que Cates les force à fuir en avant à plusieurs reprises. Mais ce n'est pas la seule chose surprenante dans ce récit.

L'autre capacité de Cates est d'amener continuellement de nouveaux éléments dans son intrigue mais sans en faire de trop. Ainsi, après avoir introduit les deux personnages centraux de la série, il va en présenter d'autres au fur et à mesure agrandissant de la sorte le casting. De même sur les révélations sur l'intrigue, il en apporte de manière régulière mais n'étouffe jamais le déroulé de son récit. Celui-ci doit avancer coûte que coûte, les cliffhangers et les twists servent à donner de l'épaisseur mais, surtout, à relancer continuellement l'intérêt.

Et tout cela fait que nous arrivons au bout du premier volume avec l'impression qu'il s'est passé mille choses - faut dire que beaucoup de têtes sont tombées - mais en constatant que la lecture a été assez courte, tellement les pages défilaient.

Les dessins de Lisandro Estherren ne plairont pas à tout le monde. Il faut dire qu'il a un côté dessiné "à l'arrache" qui déstabilise sur les premières pages. Il a pourtant la technique avec de bons cadrages, une bonne gestion des transitions et de l'espace mais il a un trait grossier. Cela ne m'a finalement pas gêné parce que la narration est parfaitement retranscrite et cela donne ce côté "bouseux" promis par le titre. En plus, cette manière de dessiner donne aussi beaucoup de mouvements lors des scènes d'action ou à certains éléments effrayants - notamment les flammes.

Aux couleurs, Dee Cunniffe est dans la même lignée que le dessinateur c'est à dire que c'est très brut. Nous pouvons voir les coups de pinceaux sur les dégradés, le sang est projeté grossièrement sur le sol et les habits. Mais, pourtant, il y a une patte artistique indéniable travaillant sur le ton sur ton. On se retrouve ainsi avec des pages avec des nuances de bleu qui sont lacérées par des lumières rouges ajoutant du dynamisme à certains moments ou focalisant sur un élément important à d'autres. C'est donc comme le reste : très bien foutu.