Signal 100 – Tome 1

Par Un_amour_de_bd @un_mour_de_bd

Chronique « SIGNAL 100 – Tome 1 »

Scénario de ARATA MIYASTUKI,
Dessin de SHIGURI KONDO

Public conseillé : Adultes

Style : Survival Game
Paru le 5 septembre 2018 aux éditions Delcourt, collection Seinen
192 pages noir et blanc,
7,99 euros

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Ca commence comme ça…


Mr. Shimobe est le souffre-douleur de la classe dont il est le professeur principal. Incapable de se faire respecter, ses élèves lui font subir au quotidien humiliation sur humiliation. C’est pourquoi lorsque le proviseur le convoque pour le menacer de renvoi s’il ne parvient pas à reprendre le contrôle de sa classe, la coupe devient pleine et le professeur complètement fou. Il décide alors d’hypnotiser ses élèves afin qu’ils se suicident s’ils exécutent une des 100 actions qu’il a « programmées » dans leur subconscient.

Ce que j’en pense


À peine ai-je finis de chroniquer « Battle Royale » que me voilà face à un nouveau « survival game » et j’avoue avoir été bluffé. En effet, Arata Miyatsuki nous offre ici un récit complexe à mi-chemin entre « torture porn » et « survival game », ce qui le rend à la fois violent et extrêmement angoissant. Rappelons que les élèves n’ont au départ aucune idée des actions qu’ils ne doivent pas réaliser. Dès lors des gestes quotidiens comme marcher, aller aux toilettes ou même se laver les mains peuvent s’avérer être mortels. Cela donne donc quelques scènes qui m’ont mis une pression folle. Le mangaka maîtrise ici à la perfection personnages et situations, pour jouer sur notre empathie et ainsi nous placer au cœur de l’action.

De plus, si au départ la règle est simple (le dernier survivant sera “déprogrammé” et donc libre de ses actions) très vite Arata Miyatsuki apporte quelques twists qui viennent changer totalement la donne. Un personnage en particulier va se trouver avantagé et va alors prendre du plaisir à devenir le maître du jeu s’octroyant ainsi le droit de vie ou de mort sur ses camarades (d’où le côté “torture porn).
Vous l’aurez compris, “signal 100” ne nous épargne rien, entre les scènes de suicide assez trash et la pression montant crescendo, c’est un véritable cauchemar que le scénariste couche sur le papier.

Chose rare dans le monde du manga, l’album se termine sans réel “cliffhanger”, mais j’ai tout de même une terrible envie de connaître la suite. En effet, une espèce de curiosité malsaine me pousse à vouloir savoir comment vont mourir les prochains élèves, peut-être même plus que de savoir comment ce “jeu du diable” va se terminer.
Cette curiosité est en partie entretenue par les dessins de l’artiste Shigure Kondo qui, bien qu’il signe ici son premier grand manga, fait preuve d’une maturité exceptionnelle. Le dessinateur ne fait certes pas dans le détail au niveau des décors (en même temps nous sommes dans un lycée et pas dans la nature…) mais nous offre en échange des cadavres d’une rare “beauté”. Kondo parvient aussi, par un découpage audacieux des planches, à entretenir une certaine tension en rendant les morts plus soudaines encore.

Pour finir, comme beaucoup de manga, « Signal 100 » souffre de quelques raccourcis scénaristiques malheureux. Sakaki (le chevalier blanc de la série) nous dit par exemple être parvenu à convaincre la police et l’administration du lycée de laisser les élèves seuls dans l’établissement, sans leur avoir expliqué la situation (puisque c’est interdit). Ce qui semble un peu gros. Des petits défauts vites oubliés, vu la qualité de ce premier album. De plus, la série est annoncée en seulement quatre volumes, ce qui va certainement permettre de ne pas se lasser.
Un titre indispensable pour les amateurs du genre.

SIGNAL 100 © 2016 ARATA MIYATSUKI/SHIGURE KONDO/HAKUSENSHA Inc.