Je suis une légende

Par Mana_


Chaque jour, il doit organiser son existence solitaire dans une cité à l'abandon, vidée de ses habitants par une étrange épidémie. Un virus incurable qui contraint les hommes à se nourrir de sang et les oblige à fuir les rayons du soleil... Chaque nuit, les vampires le traquent jusqu'aux portes de sa demeure, frêle refuge contre une horde aux visages familiers de ses anciens voisins ou de sa propre femme. Chaque nuit est un cauchemar pour le dernier homme, l'ultime survivant d'une espèce désormais légendaire.

Pourquoi ce livre ? C’est avant tout pour un challenge que je me suis penchée sur ce livre mais c’est parce que je gardais un mauvais souvenir de jeunesse à son sujet que j’ai voulu le relire. Étrange mais heureusement.
Je suis une légende, c’est l’histoire du dernier homme sur terre. Entouré par le danger, il survit dans sa maison, qu’on appréhende facilement comme le dernier bastion d’humanité. Il ne sort que le jour, quand les terribles créatures sont raplalas, cloîtrées dans les demeures, avec l’horrible perception du temps. S’il loupe le coche, il va y rester. Le soir, Robert Neville rentre chez lui et nous livre le fond de sa pensée sur un lit d’alcool fort, c’est un roman psychologique sur la solitude forcée et le regret, la douleur d’avoir observé les événements se dégrader avec impuissance. J'ai trouvé que ça prenait aux tripes, on tombe avec le personnage dans la spirale infernale, on sombre lentement mais sûrement.
Lors de ma première lecture, j’étais au collège. Je me suis ennuyée du début à la fin - parce que je pensais lire l’histoire du film mais je vais y revenir plus tard. Aujourd’hui plus âgée et par conséquent je l’espère plus mature, j’ai adoré parce qu’il y a une noirceur humaine vieille comme le monde et une véritable évolution qui nous font passer par toute sorte d’émotions.
Le roman se compose aussi de trois ou quatre ellipses. Cela permet de chapitrer l’ouvrage, autrement vide de structure, tout en évitant l’ennui des passages inutiles. Je trouve que, sans ces ellipses, la psychologie aurait été plus forte mais le livre court devient de fait plus percutant. Surtout la fin, mais je ne vous dirai pas en quoi.
Difficile de s’en apercevoir mais l’auteur insuffle une véritable réflexion sur l’humanité, mettant en doute les caractéristiques et les limites de notre race, mais aussi sur les aléas du système et son aspect cyclique. Rien de neuf, toutefois gardez en tête la date de première parution.
Le personnage est merveilleusement bien construit, avec une réelle psychologie angoissante. L’évolution du cours de ses pensées est tangible, appréciable, due à des événements définis, surprenants.
La plume est moins difficile que dans mon souvenir. Accessible à tous, j’ai aimé que le style soit si léger car cela permet de s’attarder sur le contenu et non la forme. Le style est neutre, au lecteur de choisir s’il s’attache ou non.
A côté de ce livre, le film est une grosse blague. Avec un texte si psychologique, comment peut-on obtenir un film de semi action, avec un homme ultra musclé et si enclin à la parole ? Toutes les critiques liées a notre société sont mises sous silence - pas étonnant quand on voit la nationalité du film. Ils ont enlevé tout l’intérêt de leur œuvre, à un point où ça ne devrait même pas porter le même nom. Le pire, c’est comment l’éditeur a pu oser coller l’affiche du film sur une de leur édition. Hormis l’argument commercial, ils n’avaient aucun intérêt à le faire et se trouvent ainsi totalement décrédibilisés. Déception de ce côté-là, qui n’a rien a voir avec le livre en lui-même.

Une superbe lecture, que je ne regrette pas d’avoir redécouvert après un premier loupé. L’histoire est crédible, fouillée malgré le peu de pages. L’univers est construit, on apprend au compte-goutte de manière à garder des mystères dans nos certitudes. Le personne, seul, évolue lentement mais sûrement et ce de façon rationnelle. Quant au style, il est suffisamment discret pour la mise en avant du contenu. En bref, sans le coup de cœur j’ai adoré et je vous le recommande fortement !

16/20