Et il neigeait sur le Japon

Par Mana_


Au début des années 90, à Toulouse, un étudiant en sciences amoureux des mots rencontre Satoko. Elle est venue étudier, pour un seul semestre, la littérature française. Peu à peu, en dépit de leur différence de culture, les jeunes gens se découvrent, puis s’aiment. Dans ces beaux instants rythmés par les oeuvres qui les enchantent et les rapprochent, chacun préfère ignorer le bruit du temps : Satoko devra bientôt rentrer. Sauf si...

Pourquoi ce livre ? J’ai eu l’occasion de lire ce livre à la demande de la maison d’édition. Celle-ci m’a contactée à propos de leur catalogue des dernières parutions et je me suis arrêtée sur ce titre, sachant ma curiosité pour la culture nippone. Une fois reçu, je me suis empressée de le commencer.
Et il neigeait sur le Japon relate la relation d’un Parisien avec une étudiante japonaise, venue s’immerger dans la culture de ses études. Lui n’arrive pas à s’attacher à une femme française, ou plus tôt les femmes ne parviennent pas à s’intéresser à lui, trop décalé dans sa parole et ses manières pour parvenir à charmer. Elle est surprise de voir que le Paris de ses sujets d’études est totalement différent de ses espérances. Perdus dans cette ville, ils vont se rencontrer, se découvrir et apprendre à s’apprécier. Cette idylle prend le temps de se poser, et on se pose avec. Le rythme est lent, langoureux, c’est vraiment appréciable de voir comment évoluent, dans une paresse timorée, les sentiments de ces deux personnages. La fin est belle également. Dure, difficile, surprenante, je n’aurai pas voulu une autre fin, même si ce que décide de faire Satoko, l’étudiante, est tout bonnement horrible, à la limite de l’immoralité. Cela montre tout ce dont est capable une femme par amour, c’est beau et crispant à la fois.
Les personnages ne sont pas forcément attachants mais ils divulguent tous une tendresse et une sincérité, une honnêteté qui tendent à les rendre touchants. Individuellement, je m’ennuyais ferme, l’homme errait dans la ville sans but et il véhiculait merveilleusement bien cette impression d’ennui sans fond, perdu dans le va-et-vient de ses pensées. Satoko est différente, bien plus naturelle donc plus intéressante. J’ai également apprécié sa famille, probablement parce qu’ils sont immergés dans cette culture qui me passionne. Même le frère, facilement qualifiable de mesquin, est pour moi un personnage à part entière, appréciable, parce qu’il incarne cette rationalité nationaliste, énormément répandue dans la culture nippone. J’ai une petite pensée pour la grand-mère - dont j’ai malheureusement oublié son surnom. Vive et intelligente, naturelle au possible, elle incarne vraiment tout ce que j’aime et on avait l’impression d’être à côté des personnages, à côtoyer directement sa chaleur et son audace - des caractéristiques qui tranchent avec le tempérament des autres personnages.
Là où j’ai surtout bloqué, c’est sur la plume de l’auteur. Au début, cela passe bien, il se défend d’avoir un style élevé, obsolète, parce que c’est ce qu’il aime dans le français et il ne veut pas perdre cette richesse de la langue. Et, en fait, je me suis aperçue qu’il employait le même style, le même vocabulaire dans la narration et les dialogues. Après cette prise de conscience, je n’ai plus du tout accroché et accepté ce style. J’avais l’impression que l’auteur a tenté de se dédouaner de son style par le biais de son personnage, qu’il est incapable d’écrire autrement et que c’est pour cela que son personnage - ses deux personnages, en réalité - parlent de cette manière, à grand renfort de vocabulaire ronflant et pompeux. Ce serait passé si le texte avait été plus court encore, hors là passé la moitié j’ai failli décrocher.

Ce livre est moins bien que ce à quoi je m’attendais, dû à une plume ronflante et des personnages en dehors de leur temps. Il n’empêche que ces derniers offrent une belle histoire d’amour, où le sentiment partagé et l’horrible moment de la séparation incarnent les élans simples de la vie. Les personnages permettent d’être touché par eux, par leur situation, par la pureté de leurs sentiments réciproques. Dommage que le style se soit alourdi au fur et à mesure de ma lecture, ce texte aurait pu aller bien plus loin dans mon expérience de lectrice.

14/20