Chronique « KRAKEN »
Scénario de EMILIANO PAGANI
Dessin et couleurs de BRUNO CANNUCCIARI,
Public conseillé : Tout public (à partir de 12 ans)
Style : Ado / adultes
Paru le 12 septembre 2018 aux « éditions Soleil »,
104 pages, 17,95 euros,
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Ca commence comme ça…
Serge Dugary est présentateur TV. Son fond de commerce ? La “chasse aux monstres marins télévisuelle”, qui lui a donné son heure de gloire. Revenu de cette notoriété, il vit dans un certain laissé-aller au milieu de ses souvenirs de gloire passée. Aujourd’hui, Damien, un étrange enfant vêtu d’un ciré et se promenant avec un harpon, s’est présenté. Fasciné par l’émission sur le Kraken, le garçon est persuadé qu’il a vu le monstre !
Après le départ de Damien, Dugary s’explique avec sa mère, Adèle. Elle lui explique que Damien a survécu à un naufrage, dans lequel il a perdu son grand frère et son père… Tout le village cohabite avec ce drame, mais son dernier fils est en train de perdre la raison. Elle lui demande de l’accompagner quelques jours à Selagues…
Ce que j’en pense
Je dois avouer que je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre avant de plonger dans “Kraken”. Néanmoins, ma lecture a commencé sous de bons auspices, car cet album (scénarisé par Emiliano Pagani et dessiné par Bruno Cannucciari) a reçu le prix du Meilleur album italien du festival Romics 2018.
Les deux jeunes auteurs italiens nous livrent un one-shot étonnant qui plonge dans les racines de nos mythes et de nos peurs.
Rapidement, nous faisons la connaissance de Serge Dugary, un vieux-beau présentateur TV spécialisé en émission à sensations (sur les monstres). Après avoir reçu la visite de Damien, un garçon “particulier”, unique survivant d’un naufrage, il accompagne l’enfant (sur la demande pressante de sa mèr) dans le petit port de pêche de Selalgue. Le village est en pleine crise ! Depuis le drame du “Lafayette”, les malheurs s’enchaînent et le poisson devient de plus en plus rare. L’enfant, qui élabore des techniques pour tuer le Kraken, est rapidement devenu la “tête de turc” du village qui de l’humilie et le marginalise… Entre une mère dépassée, une tante protectrice qui accuse les techniques de pêche et Serge, le gars-de-la-ville qui ne supporte pas les superstitions des culs-salés, comment savoir d’où viendra le danger ?
Vraiment, j’ai adoré cet album. Emiliano Pagani mélange habillement traditions, sensationnalisme et peurs de l’inconnu. C’est un récit simple, à la dramaturgie et aux changements de point de vue épatants, construit avec subtilité.
Au dessin, Bruno Cannucciari assure le spectacle avec classe ! Son trait, tout en camaïeux de gris colorés verdatres, est particulièrement expressif. Cela me rappelle le travail de Benoit Sokal et bien entendu (pour la force des paysages maritimes) celui de Riff Reb’s (voir “Hommes à la mer”). C’est fort et évocateur en même temps !
Alors, qu’attendez-vous pour partir à la chasse au monstre ?