Celle qui s’enfuyait – Philippe Lafitte ***

Par Laure F. @LFolavril

Éditeur : Grasset - Date de parution : mars 2018 - 224 pages

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Phyllis est une femme de soixante ans, afro-américaine, qui a choisi de vivre dans un petit hameau du sud de la France, où vivent à peine une centaine d'âmes. Éloignée volontairement de toute civilisation, elle y vit paisiblement avec sa chienne Douze. Quand elle ne court pas dans les bois, elle écrit des polars sous pseudonymes.

Un matin dans les bois, Phyllis se fait tirer dessus. C'est Douze qui meurt sous les balles. Qui est cet homme qui roule en clinquante Mercedes de location et qui en a après elle ? Pour le savoir, nous plongeons par intermittence dans le passé empreint d'ombres de ces deux personnages - Phyllis et Corso -, tous deux originaires de New York. Se dessinent en toile de fond les émeutes des années 60 aux Etats-Unis, le conflit racial, les violences policières...

Celle qui s'enfuyait est un roman qui se révèle peu à peu passionnant, et plus profond qu'il n'y paraît au premier abord. L'écriture de Philippe Lafitte, fine et ciselée, nous plonge dans le passé de Phyllis et Corso, tous deux orphelins de père, tous deux ayant grandi dans la rage et le désir de se venger, de s'en sortir et de se battre pour ça. Il s'agit d'obtenir réparation.

La fuite dans ce roman est à double tranchant : c'est une fuite dans l'imagination et une fuite d'un pays à l'autre. Un beau roman énigmatique qui prend les traits d'un thriller psychologique prenant qui m'a agréablement surprise.

" Elle continua de courir, oubliant la douleur du corps et de l'exil, fourmi obstinée perdue dans un paysage de sauvagerie et d'harmonie féroce. Un espace qui l'envahissait et la protégeait de tout. "