La science peut-elle être plus forte que la mort?

Par Mathieu Van Overstraeten @matvano

La mort vivante (Alberto Varanda – Olivier Vatine – Editions Comix Buro)

L’histoire se déroule dans un futur plus ou moins lointain. Martha est une femme séduisante, qui dirige un business florissant. Elle a fait fortune grâce à des recherches archéologiques menées sur l’ancienne Terre, devenue trop radioactive pour pouvoir y habiter. Avec son équipe, elle déniche des trésors enfouis, qu’elle revend ensuite sur la planète Mars, où vivent désormais les humains. Ce jour-là, alors que son collaborateur Alex lui explique que la fouille en cours n’a pas été très fructueuse mais qu’elle a tout de même permis de remonter des livres, du matériel de labo vintage et quelques pièces de mobilier, Martha ne fait pas suffisamment attention à Lise, sa petite fille, qui est en train de se pencher au bord du précipice pour voir les plongeurs qui remontent du fond du puits. En quelques secondes, c’est un drame qui se joue. Le sol se dérobe et Lise fait une chute mortelle de plusieurs dizaines de mètres. Des poulpes tripodes remontent la fillette à la surface mais il n’y a plus rien à faire pour elle: son corps est brisé et son esprit s’est retiré. Martha est dévastée, mais refuse de baisser les bras. Recluse dans un vieux château perdu au milieu des montagnes, où elle a fait installer un mystérieux laboratoire dans lequel elle conserve soigneusement le cadavre de Lise, elle a l’idée un peu folle de cloner sa fille pour la ramener à la vie. Elle envoie donc son cyborg Ugo sur Mars afin de convaincre Joachim, un jeune scientifique menant des recherches prohibées sur la création d’embryons en partant de cellules humaines adultes, de la rejoindre sur Terre. Ce dernier se montre un peu réticent au début, mais finit par s’embarquer à son tour dans cette expérience scientifique aussi inédite qu’excitante. Mais il va vite découvrir qu’on ne joue pas impunément à l’apprenti sorcier…


« La mort vivante » est une nouvelle adaptation d’un récit de Stefan Wul, l’un des maîtres français de la science-fiction. Le scénariste Olivier Vatine connaît très bien son univers, étant donné que c’est déjà lui qui avait signé la version BD de « Niourk », l’un des romans les plus connus de Stefan Wul, situé lui aussi dans un monde post-apocalyptique. Mélangeant des éléments venus de la science-fiction, du thriller et du fantastique, l’adaptation BD de « La mort vivante » vaut avant tout pour son extraordinaire ambiance graphique. Manifestement très inspiré par cette histoire, le dessinateur Alberto Varanda s’est surpassé dans chacune des 72 planches de l’album. Celles-ci se situent quelque part à mi-chemin entre des gravures du XIXème siècle et des dessins de François Schuiten. Tout comme l’auteur des « Cités obscures », Varanda s’appuie notamment sur une utilisation très réussie des hachures, ce qui lui permet de donner plus de volume à ses cases. Pour ceux qui veulent profiter pleinement de son travail graphique impressionnant, il existe d’ailleurs une édition noir et blanc grand format de « La mort vivante ». Mais ce serait dommage de se limiter uniquement à cette version de l’album, car la lumière et les couleurs participent elles aussi à l’ambiance très angoissante de ce récit. Seul bémol: une fois la BD terminée, on reste un peu sur sa faim. Un univers aussi riche et des personnages aussi prometteurs que Martha et Joachim auraient sans doute mérité un développement plus important qu’un simple « one-shot ».