Motor Girl

Par Un_amour_de_bd @un_mour_de_bd

Chronique « MOTOR GIRL »

Scénario & dessin de TERRY MOORE,

Public conseillé : Ado / Adultes

Style : Science Fiction
Paru aux éditions « Delcourt », collection « Contrebandes », le 22 aout 2018,
250 pages couleurs, 19,99 euros,

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Ca commence comme ça…


Samantha, une jeune femme mécano de son état et Mike, un gorille parlant lui servant de compagnon d’infortune, vivent dans une casse en plein désert. Pour gagner leurs vies, ils retapent des épaves pour le compte de Libby, une femme âgée légèrement excentrique.
Mais Sam rêve d’ailleurs, de parcourir le monde sur des circuits automobiles au volant de bolides aux moteurs gonflés. Un rêve qui pourrait se réaliser lorsque Libby lui annonce qu’un homme d’affaires veut racheter la casse. Pourtant la jeune femme hésite et se donne une nuit de réflexion avant de donner sa réponse définitive. Mais la soirée n’a va pas vraiment être propice à réfléchir puisque brusquement un ovni fait son apparition au dessus de la casse avant de s’y écraser…

Ce que j’en pense


Voilà un album en forme de douche écossaise pour moi. Je m’explique… Ce qui m’a attiré en premier dans cette BD c’est sa première de couverture. Une jeune femme accompagnée d’un animal, cela ne vous rappelle rien ? Mais oui, “Tank Girl” ! Bravo aux trois du fond qui suivent ! Un fan de comics comme moi ne pouvait donc pas passer à côté de cette BD. Puis lorsque je l’ai reçue, j’ai tout de suite vu la pastille par l’auteur de “Strangers in paradise” et là je me suis dit que je m’étais peut-être trompé de délire. Qu’à cela ne tienne, maintenant que je l’avais entre les mains (et parce que j’avais aimé la série de Terry Moore) je me suis lancé dans la lecture du curieux objet.

L’auteur m’a littéralement bluffé ! Le scénario de “Motor Girl” est comme son personnage principal, à la fois simple et complexe. Moore s’intéresse ici de manière brillante aux traumatismes subis par une personne revenant du front en Irak. Très vite, le lecteur s’aperçoit que quelque chose cloche dans l’univers de Sam. Elle parle de choses réelles et imaginaires et c’est là que réside la force de “Motor Girl”. Nous perdons complètement pied et au final nous n’arrivons plus à discerner le réel de l’imaginaire. Nous assistons, en effet, à un déluge de situations toutes plus abracadabrantes les unes que les autres. De gentils extraterrestres métamorphes, un homme qui disparaît dans un fauteuil, un gorille qui parle et j’en passe… Pourtant, ce qui pourrait être une simple histoire de science-fiction va trouver une fin dans un monde bien réel, lui.

Pour ce qui est des dessins, Terry Moore fait ce qu’il sait faire de mieux : la simplicité pour un rendu ultra lisible. Ici pas de jeu d’ombres ou autres fioritures mais des dessins d’une finesse exemplaire. L’album se regarde donc autant qu’il se lit. Les derniers chapitres mélangent les souvenirs de Sam à l’intrigue principale et c’est là pour moi que l’artiste montre tout son talent. Les cases sont pleines à craquer de détails et pour autant, les actions restent compréhensibles (ce qui n’est malheureusement pas toujours le cas dans le monde de la BD).

Pour résumer, “Motor Girl” sous ses faux airs de récit S.F. est une satire sociale assez bien sentie. Moore y dénonce les dommages collatéraux que provoquent les guerres tout en s’attaquant d’un même élan à une Amérique qui pense que l’étranger (même s’il s’agit ici d’extraterrestres le parallèle est évident) est forcément un danger pour elle… En ressort une histoire profondément humaine et intelligente. Lorsque Moore nous révèle l’origine de Mike cela fait même froid dans le dos tant l’histoire de Sam est tragique. Un album unique à lire absolument, ne serait-ce que pour son dénouement. Par contre, quel dommage que d’avoir révélé l’originalité du personnage de Mike sur la quatrième de couverture… J’aurais préféré le découvrir par moi-même.