La Chute des géants de Ken Follett

Par Caroline @Lounapil

Publié aux éditions Le Livre de Poche,

En 1911, les grandes puissances vivent leurs derniers instants d'insouciance. Bientôt la guerre va déferler sur le monde... De l'Europe aux Etats-Unis, du fond des mines du pays de Galles aux antichambres du pouvoir soviétique, en passant par les tranchées de la Somme, cinq familles vont se croiser, s'unir, se déchirer, au rythme des bouleversements de l'Histoire. Passions contrariées, rivalités et intrigues, jeux politiques et trahisons... Billy et Ethel Williams, Lady Maud Fitzherbert, Walter von Ulrich, Gus Dewar, Grigori et Lev Pechkov vont braver les obstacles et les peurs pour s'aimer, pour survivre, pour tenter de changer le cours du monde.

Quand on se lance dans du Ken Follett, on sait quand on commence, on ne sait jamais quand on va finir. J'avais déjà tenté l'expérience avec Les Piliers de la terre. L'essai avait été concluant puisque j'avais adoré cette fresque médiéval immense. Avec La Chute des géants, je fais un bond dans le le temps puisque Ken Follett met ici en scène des personnages durant la première guerre mondiale.

Alors que dire après avoir dévoré ce pavé de 1048 pages? C'est tout simplement énorme! Ken Follett nous fait revivre de manière grandiose la grande guerre avec des personnages attachants, des intrigues politiques incroyables et une tension constante.

Ken Follett a l'art de la narration éclatée. Ce roman n'échappe pas à la règle. Il se fait fort d'inventer une myriade de personnages aux quatre coins du monde. Il y a d'abord, les personnages anglais: Billy, le fils de mineur qui va s'engager dans l'armée; Ethel, sa sœur, qui va se battre pour sa liberté et celle de toutes les femmes; Fitz, l'aristocrate, sûr de lui, séducteur, prisonnier d'un autre temps; sa sœur Maud, un peu trop moderne pour l'époque. Côté allemand, nous avons Walter, fou amoureux de Maud, partagé entre son amour et sa patrie. Il y aussi les russes avec Lev, la crapule qui s'en sort toujours et son frère Grigori, bonne âme. Et aux États-Unis, Gus Dewar, le conseiller du président.

Tous ces personnages évoluent d'abord les uns à côté des autres jusqu'à ce qu'ils se croisent. Les uns combattront, les autres s'aimeront. La Chute des géants prend l'allure d'un roman choral qui permet de raconter la guerre de plusieurs points de vue et c'est ce qui fait la force du livre. L'auteur apporte beaucoup de nuances à travers ces différents portraits.

Chaque personnage nous fait pénétrer aussi dans son univers, sa famille, ses amis. Il y a tout le côté aristocratique incarné par Fitz et Walter. Les dîners habillés, aux chandelles, aux multiples plats et vins; les domestiques; le sentiment de supériorité. Tout cela sera balayé par la guerre et ses horreurs. On voit vraiment le monde évoluer sous la plume de l'auteur et je trouve cela vraiment fort. Les femmes prennent de plus en plus de pouvoir et de place; les mœurs évoluent et deviennent moins strictes et Fitz est bien obligé de constater que ses valeurs ont complètement changé et qu'il doit faire avec. A côté de la brillance des dîners edwardiens, on pénètre aussi dans la misère la plus dure: en Angleterre, avec les mineurs; en Russie, avec les ouvriers.

Le point de rupture entre ces deux mondes bien délimités sera la première guerre mondiale. Là aussi, l'auteur reconstitue minutieusement les faits qui ont conduit à cette catastrophe humaine. La poudrière des Balkans, le refus de se plier au droit, l'entrée en guerre de tous les belligérants. C'est véritablement brillant. Ken Follett nous fait revivre une épopée incroyable qui va bouleverser le monde. Il s'appuie sur une documentation très solide. Certains passages, très politiques, peuvent paraître difficile à lire, mais bien vite, l'auteur nous plonge dans l'univers de l'espionnage, de la guerre, de la diplomatie et c'est passionnant! Les scènes de guerre dans les tranchées sont peu nombreuses, l'auteur se concentrant davantage sur " les coulisses " mais elles apparaissent violentes et brutales, reflétant parfaitement les conditions de l'époque.

La Chute des géants m'aura tenue en haleine de longues heures et je ne peux que recommander cette immense fresque historique et immersive qui nous fait revivre les heures les plus sombres du vingtième siècle.