L’ivresse littéraire – Interview d’une blogueuse

Par Shao69 @shao69

Aujourd’hui c’est Amandine du blog L’ivresse Littéraire qui a eu la gentillesse de répondre aux questions. J’ai eu l’immense plaisir de faire partie du Jury du Prix Orange avec elle cette année. Comme quoi en plus de belles découvertes littéraires j’ai fait de belles rencontres. Amandine c’est une passionnée, par la lecture sans aucun doute, mais aussi par cette envie de vivre qui lui donne une pêche contagieuse. Sous des airs, parfois faussement timides ;-), elle sait profiter à fond de chaque instant et le partager avec vous. Elle  nous régale par ses chroniques pleines de sensibilité et de réalisme. Elle sait défendre avec hardeur un roman, je l’ai vu et entendu de mes propres yeux ! En tout cas si vous avez envie de vous faire plaisir en lisant des chroniques, qui comme un bon roman, sauront vous toucher, je ne peux que vous conseiller de visiter son blog.

Parlons de toi:

Peux-tu te présenter en quelques mots ?

Tu fais bien de préciser « en quelques mots » sinon je pourrais vite partir dans tous les sens. Donc faisons simple et concis. J’ai 29 ans (je le vis super bien…) et je suis originaire de Lille. Je pense que je suis tout ce qu’il y a de plus banal. J’aime la musique, passer des soirées entourées de mes amis avec du bon vin (tant qu’à faire) et puis parfois (souvent) j’aime aussi être tranquille et lire (c’est bien ça qui nous rassemble non ?

Qu’est ce qui t’a amené à tenir un blog ? 

Le blog a été ouvert en 2015 d’une envie de partage comme beaucoup je pense. Je n’ai pas grand monde qui lit dans mon entourage et j’avais ce besoin de m’exprimer avant que ça ne déborde. Je suivais déjà certains blogueurs et blogueuses, et j’avais envie d’aller un peu plus loin que le simple fait d’aller piocher des idées de nouvelles lectures. Et puis la littérature est revenue dans un moment un peu particulier de ma vie, le blog a suivi et je pense qu’il a été la concrétisation de certaines prises de décision.

Qu’en attends-tu aujourd’hui ? 

Des échanges entre passionnés ou pas d’ailleurs. Je trouve que les retours et les discussions liés à un roman sont toujours très enrichissants. On a parfois telle ou telle vision et quelqu’un va venir conforter notre ressenti, étayer notre avis ou parfois le faire voler en éclats et c’est ça qui me plait avant tout. Ce partage.

Quelle est la plus belle surprise liée à ton blog ? 

Je ne vais pas m’étaler sur le sujet, la pudeur… mais la plus belle surprise, enfin non les plus belles surprises ont été les rencontres. Passer du virtuel au réel ou du livre au réel. Je ne pensais vraiment pas que ce blog déboucherait sur d’aussi belles rencontres avec des autres blogueurs/blogueuses mais aussi auteur(e)s et même, je ne pense pas exagérer en disant cela, mais dedans il y a de très belles amitiés.

Et la moins agréable ? 

Je ne sais pas… Je trouve que c’est un monde plutôt bienveillant, personne n’écrase personne et j’ai eu l’occasion de m’en apercevoir lors de divers événements. Lorsqu’on voit des amoureux des livres réunis autour d’une même passion avec des sourires et des éclats de rire, on se dit que ça c’est vraiment le top et qu’il faut garder cette fraîcheur !

Ce qui est un peu moins agréable c’est de voir que certaines personnes plagient des chroniques, ça m’est arrivé… Après, Internet est ouvert à tous et c’est bien compliqué d’empêcher les gens d’appuyer sur ctrl+c et ctrl+v mais j’avoue ne pas en comprendre l’intérêt. Mais bref restons sur le positif, c’est mieux non ?

Quel est pour toi le rôle du blogueur dans le paysage littéraire ? 

Vaste question… J’en parle souvent avec des libraires, d’autres blogueurs et même parfois des auteurs. C’est compliqué je trouve de définir le rôle d’un blogueur. Pour moi il permet de faire découvrir certains romans qui ne sont pas toujours mis en avant dans le paysage littéraire. Avec un ressenti très personnel et en étant indépendant. Il y a tellement de romans à faire découvrir et si ça peut susciter l’envie à des lecteurs de tous horizons de s’y intéresser et de passer en librairie alors je trouve que le rôle est joué. Mais, jamais, je ne dirai qu’un blogueur a la même valeur qu’un libraire ou qu’un critique ou journaliste. Chacun doit être capable de rester à sa place. Tout comme je ne suis pas d’accord avec l’idée de la rémunération que l’on voit émerger parfois sur les réseaux. C’est quelque chose qui me dérange beaucoup. Tenir un blog c’est avant tout une passion et percevoir une forme de rémunération c’est perdre une part de l’indépendance que l’on a. Enfin c’est en tout cas mon ressenti et je me suis peut-être un peu trop étalée sur la question. Oups !

Que recherches-tu dans la lecture d’un autre blog littéraire ? 

Un quelque chose qui va me faire vibrer, qui va me faire dire « ok celui-ci tu ne passeras pas à côté ». J’aime ces blogs où derrière la chronique j’arrive, à peu près, à identifier la personne qui s’y cache, enfin, sa sensibilité qu’elle soit la même ou non que la mienne d’ailleurs mais qu’il y ait quelque chose qui, entre les lignes, laisse transparaître celui ou celle qui le tient.

Tu rencontres un auteur lors d’un salon, que lui dis tu ? 

Je dois vraiment répondre à cette question ? C’est moche de me faire un truc pareil. Je suis nulle mais tellement nulle pour ça… Je perds mes mots, je deviens rouge. Je suis même capable de faire demi-tour au dernier moment… On est bien avancé avec ça n’est-ce pas… ahah !

Parlons chroniques :

Te souviens-tu de ta première chronique ? 

Je ne préfère pas… D’autant que clairement mes goûts ont complétement évolué entre temps !

En moyenne combien de temps prends tu pour rédiger une chronique ? 

C’est très variable. Ça peut aller très vite, parfois je suis encore en train de lire le livre que je prends mon téléphone et je commence à noter, ça vient comme ça comme une pulsion et une fois le livre refermé je me rends compte que la chronique est presque déjà faite. Et puis parfois non… Mais il m’arrive d’y passer des heures, vraiment. J’ai souvenir fin de l’été dernier d’une chronique démarrée (pour un livre que j’adore) alors que le soleil se levait (donc vers 7h) et à 12h j’étais encore dessus… Non, vraiment la réponse à cette question est impossible !

Qu’est ce qui est important pour toi lorsque tu rédiges une chronique ? 

D’y mettre mes tripes, autant que possible. D’y mettre de moi (finalement n’est-ce pas aussi ça le rôle d’un blogueur ?). Oui, je crois que c’est ça qui est important pour moi, que ce soit MON ressenti.

Et comment est-ce tu t’y prends : des notes au fil de la lecture, tu te jettes sur ton clavier dès la couverture refermée ? 

J’ai un peu devancé la question… Donc des notes au fil de la lecture, oui, ça arrive. Et j’ai tendance à écrire soit juste après soit au maximum trois jours après sinon j’ai trop peur de perdre des idées et en même temps ça permet de laisser reposer un peu et de parfois ressentir les choses autrement que lorsque j’ai refermé la dernière page.

As-tu des habitudes pour les écrire (plutôt le soir, en musique…) ? 

Déjà je lis en musique enfin pas tout le temps mais il n’est pas rare qu’à la lecture, je m’installe écouteurs dans les oreilles et livre entre les mains. Alors oui ça m’arrive souvent de les écrire en musique, surtout lorsque j’ai repéré certains morceaux qui peuvent coller à mon ressenti ou au roman. Et la plupart du temps, le soir ou tôt le matin quand le cerveau n’est pas parasité par autre chose. D’ailleurs là je te réponds en musique et à 21h30.

Quelles sont la plus belle et la moins agréable surprises liées à une de tes chroniques ?

C’est forcément une jolie surprise lorsque quelqu’un, après avoir lu une de mes chroniques, a envie d’acheter le livre et l’achète. L’autre jolie surprise c’est quand un(e) auteur(e) a lu la chronique. C’est toujours quelque chose qui me touche, de me dire qu’il/elle a pris le temps de lire ce que j’ai écrit au sujet de son livre. La blogosphère est tellement vaste…
Moins agréable, ça va être rapide : RAS.

Chroniques-tu un livre qui ne t’a pas plu? 

Ça m’arrive, oui, bien sûr (et pourquoi pas ?) mais c’est assez rare. Il y a tellement d’excellents livres à faire découvrir… Et quand je poste une chronique d’un livre qui ne m’a pas plu, je ne descends jamais ni le livre ni l’auteur ou son travail. J’expose juste mon point de vue, mon ressenti. J’en reviens à ce que je disais un peu plus haut, chacun doit savoir rester à sa place.

Qui sont tes lecteurs et comment échanges-tu avec eux (mails, rencontres, …)? 

Il y a forcément un petit cercle de blogueurs/blogueuses, on se suit mutuellement et on échange beaucoup à travers les réseaux sociaux. Il y a d’autres échanges qui se font en vis-à-vis quand j’ai l’occasion de les voir ou par téléphone (parfois des heures, je ne donnerai pas de nom, si la personne lit, elle se reconnaîtra ahah). Mais il y a d’autres lecteurs, qui ne sont pas blogueurs mais qui suivent mes posts et m’envoient parfois des petits messages. Il y a même, dans ma librairie fétiche, une cliente qui lorsqu’elle a su le nom de mon blog, m’a dit me suivre depuis un moment.

Je trouve ça super chouette !

Parlons livres :

Quels sont tes genres de littérature ?

Plutôt contemporaine. Je fais un peu un blocage sur les classiques sauf s’il s’agit de poésie. Et plutôt française aussi, bien que je commence petit à petit à m’ouvrir aux domaines étrangers et il y a de sacrés bons romans !

Comment choisis tu tes livres ?

Les avis des autres évidemment. J’ai certaines sensibilités littéraires (si on peut dire ça comme ça) avec quelques personnes et je sais que je peux me fier à leurs avis. Et puis forcément il y a les auteurs que j’aime, que je suis, et là je fonce les yeux fermés sur le nouveau ou le précédent. Sinon, le titre d’un livre. J’essaye de moins en moins de lire les quatrième de couv’ mais un titre est capable de me faire passer en caisse immédiatement. Bon je te l’accorde, parfois il y a des ratés.

As-tu des partenariats réguliers?

Je n’aime pas tellement le terme de partenariats. Déjà, je ne demande jamais de SP, ça me met mal à l’aise. Certaines maisons d’éditions me proposent des titres mais ça peut être régulier comme pas du tout. Et libre à moi d’accepter ou de refuser selon mes goûts et ma pile aussi (je suis un peu une acheteuse compulsive…).

Quel est le livre qui a changé ta vie… ou presque ?

Un seul… Je ne peux pas tricher ? T’es dur avec moi ! Bon je dirais que c’est Lambeaux de Charles Juliet parce qu’il est celui qui a lancé tous les autres. Il a été mon déclic. Ce livre est d’une telle beauté !

Un livre que tu as aimé alors que tu avais des a priori à le lire ?

C’est une bonne question ça. Je prends toujours le même mais parce que c’est celui qui me marque le plus tellement je l’ai aimé en fait. Une bouche sans personne de Gilles Marchand. Je n’étais pas certaine d’être réceptive à la « fantaisie » du roman, j’ai lu les avis de deux supers nanas, je l’ai acheté et puis voilà l’évidence ! Impossible de le lâcher, il m’a fait rire autant qu’il m’a nouée la gorge. Il m’a sonnée. Et ça a été le début d’une belle histoire avec l’univers de l’auteur.

Trois livres que tu conseilles de lire sans hésitation ?

Mes réponses, mes règles (c’est mon côté rebelle). Je préfère donner des noms d’auteurs, simplement parce que bien souvent il ne s’agit pas que d’un seul livre.

Donc déjà Gilles Marchand, lisez, vous comprendrez ! Agnès Michaux c’est très particulier mais lire ses romans c’est exploré une multitude d’univers et d’écriture (et parfois dans un même livre). Et si pour le dernier, on prenait notre gagnant du Prix Orange du Livre 2018, Joachim Schnerf ?

Son premier comme son second, très différents l’un de l’autre mais deux coups de cœur ! Ah puis, j’ajoute un livre : Clair de femme de Romain Gary. Je n’avais jamais lu Gary avant… cette année ! Et quelle erreur ! Ce roman est tout simplement indescriptible (en tout cas moi je suis bien incapable de mettre des mots sur les émotions qu’il a suscité en moi).

Comment sont rangés tes livres (étagères, piles interminables…)?Et comment les organises-tu (genres, maison d’éditions…)?

Cette question me dit vaguement quelque chose ahah Pff autant je suis organisée dans mon quotidien (déformation professionnelle) autant je suis mais bordélique comme pas possible là-dessus ! J’ai une bibliothèque principale rangée par maison d’éditions puis classement alphabétique mais comme je n’avais pas assez de place j’en ai dans d’autres étagères qui sont des caisses de vin (home staging !). J’ai une caisse de vin que j’appelle mon temple dans lequel j’ai mes gros gros gros coups de foudre. J’en ai d’autres (oui je bois beaucoup de vin et alors ?) où ce sont des livres à lire, aucun classement particulier, ils sont empilés. Puis après j’ai une pile qui commence à devenir une triple pile dans ma salle à manger… Non, vraiment, ne venez pas chez moi !

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Le mot de la fin est pour toi  

Je suis épuisée là… Bonne nuit ?

Non sans rire, vive les livres, les univers dans lesquels ils nous transportent, leur ouverture sur le monde et ce qu’ils nous apprennent bien souvent sur nous-même ! Et petite confidence, quand je parlais des chouettes personnes rencontrées, tu peux t’y inclure ! A bientôt, à Lille, à Lyon ou à Paris qui sait

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