Inger Wolf nous berne jusqu'au bout : avec ingéniosité, elle réussit à nous faire vivre le noir total d'une enquête qui part dans tous les sens. Le commissaire Daniel Trokic (peu enthousiaste par son nouveau statut administratif) est à cran : entre ses amours indécises avec une charmante concubine plutôt jeunette et cette intrigue qui balade son équipe et lui-même à travers champs, mine, cultures (animalières et traditions) et pays étranger, il a de quoi devenir chèvre. Mais c'est mal connaître, la bestiole : teigneuse et motivée, qui ne lâche pas sa proie comme d'autres de ses copines, plus petites mais tout aussi efficaces.
L'écriture est stylée et soignée, il n'y a de dialogues inutiles. La danoise Inger Wolf ne tombe jamais dans le gore et nous épargne la description d'atrocités (et pourtant, certaines scènes auraient pu s'y prêter largement). Le rythme est alerte grâce à la variété des protagonistes (les flics - Daniel, Jasper, Lisa -, puis les victimes avant le trépas et enfin, une petite part au "tordu"). Mauvaises eaux est un page-turner efficace et bien documenté, alliant psychologie et zoologie, hacker et enfance torturée. Inger Wolf glisse un léger clin d’œil au Silence des agneaux lors de l'évocation du modus operandi pour approcher et berner les victimes. A apprécier malgré la noirceur... normal pour un polar !
Éditions Mirobole (broché paru en 2014 et emprunté à la biblio) Très bonne traduction du danois par Alex Fouillet
avis de Sharon