Davy Mourier VS Tome 1 – Davy Mourier VS Cuba

Par Un_amour_de_bd @un_mour_de_bd

Chronique “Davy Mourier VS Tome 1 – Davy Mourier VS Cuba”

Scénario & dessin de DAVY MOURIER

Genre : Humour catastrophe

Public : Ado / Adultes
Paru le 6 juin 2018 aux éditions DELCOURT
192 pages Noir & Blanc, 9,95 euros

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Ça commence comme ça…

De ses parents, Davy Mourier a hérité d’un goût plus que modéré pour l’aventure. Pendant longtemps, pour lui et sa petite famille, voyage exotique a rimé avec les alentours proches de l’Ardèche où ils habitaient (jamais plus de 500 km en voiture). C’est pourquoi notre héros émet une certaine réticence à la suivre, lorsque sa mère, suite à une lourde opération, décide de voir à quoi ressemble notre vaste monde…
Contre toute attente, les premiers voyages en pays « civilisés » se passent bien et Davy ressent même un certain plaisir à ce « road trip ».
Quand à l’aube de ses soixante ans, madame Mourier se décide à voir Cuba, c’est la douche froide pour son fils prônant la liberté d’expression. Comment survivre dans un pays sous dictature et surtout privé de wifi et de GPS ?
Lorsque les éléments s’en mêlent, c’est l’apocalypse qui semble s’abattre sur lui.

Ce que j’en pense

Davy Mourier a un humour qui lui est propre. Résultat du subtil mélange d’un esprit curieux et critique avec une grande culture générale. Eh oui, le scénariste (entre autres) n’est pas le geek fainéant et demeuré que certains ont essayé de nous dépeindre (les fans et les journalistes de “France télévision” comprendront l’allusion). C’est pourquoi lorsqu’il nous relate un voyage catastrophe (et surtout vécu) à Cuba plutôt que de nous livrer un roman poignant sur son aventure, l’artiste a préféré une BD à l’humour aussi noir qu’acerbe. Je ne vais pas m’étendre plus longtemps sur l’auteur, car j’en ai déjà beaucoup dit lors de la chronique sur « les petites morts » et vous allez finir par croire qu’il me paye pour alimenter son culte…

« Davy Mourier VS Cuba » est le mélange improbable entre un journal intime et un reportage. L’auteur nous livre les faits au jour le jour, en ajoutant ses remarques souvent hilarantes. Comme tout bons touristes, nos compères (Davy, sa maman, son meilleur ami et sa cousine) commencent leur voyage en tombant dans toutes les arnaques que les Cubains peuvent inventer (et il faut avouer qu’ils sont plutôt prolifiques dans le domaine). Du chantage affectif au parking (pas si) privé, rien ne leur sera épargné. L’auteur fait d’ailleurs preuve d’une bonne dose d’autodérision pour nous relater des faits qui sont parfois loin de le mettre en valeur.

Ça c’est pour la partie gaudrioles de l’album mais Davy Mourier nous livre ici mine de rien (et mine de crayon) de précieuses informations sur Cuba. De la double monnaie, une pour les habitants et une pour les touristes, au système de fonctionnement du wifi en passant par diverses anecdotes sur le pays, le journaliste d’un jour nous apprend donc beaucoup de choses sans être scolaire. Il se paye même le luxe de résumer l’histoire de Cuba en deux pages. Qui dit mieux ?

Pour finir arrive la fameuse tempête Irma. Là, le récit bascule carrément dans la BD catastrophe, « Le jour d’après » passant pour une journée à Disneyland à côté de ce qui nous est relaté ici. Il faut avouer que vivre un tel chamboulement climatique dans un pays coupé du monde doit être assez éprouvant. Pourtant, l’humour reste présent même si le stress reste palpable.

Pour finir, je vais rendre hommage au talent d’illustrateur de Davy Mourier. Nous retrouvons ici son trait si particulier avec des personnages aux contours grossiers mais assez visuels au final. Le seul bémol serait pour l’autoportrait de l’artiste car je trouve qu’il faut de l’imagination pour le reconnaître. Après tout, si c’est la vision qu’il a de lui-même, qui suis-je pour juger ? De plus, l’album est aussi illustré par des photos personnelles qui rendent le récit encore plus vivant.

Pour conclure, Davy Mourier est un artiste à part, que l’on n’aime ou que l’on déteste (je pense que vous avez clairement compris de quel côté de la balance je me trouve). Cet album prouve une nouvelle fois son sens aigu de l’autorisation et de la mise en scène. C’est drôle (jusque dans les remerciements hilarants de l’auteur), rythmé et (comme disaient les nuls) en plus ça fait réfléchir. Pour ne rien gâcher, l’album (comme tous ceux de l’auteur) contient des pages à scanner avec l’application “soleil +” afin d’avoir des détails en plus sur le road trip à Cuba. Je ne saurais donc que vous conseiller de lire cet album et attend avec impatience “Davy Mourier VS la télé” qui nous promet, lui aussi, un grand moment de lecture.